Le déni ! Je dirai qu'il a été à la fois "mon ami" et "mon ennemi" ! Tout d'abord qu'est-ce que le déni ? Différent du refoulement, le déni est une stratégie de défense qui mène à éviter, sinon à nier une réalité ! Définition du dictionnaire. Lorsque je dis que le déni a été "mon ami", cela correspond à la période où je refusais d'être cette enfant malheureuse, maltraitée et laissée seule avec sa souffrance. Je préférais donc faire comme si.... rien ne s'était passé !
Puis peu à peu ce déni est devenu "mon ennemi". En effet, j'étais trop mal, tout en moi disait STOP - mon corps parlait et je ne l'écoutais pas, la petite fille en moi criait : "mais arrête de me fuir, je souffre, si toi tu ne veux pas me voir et me comprendre, qui le fera" ???
Alors peu à peu, j'ai accepté de regarder la rélité en face, j'ai accepté de retourner dans cet enfer et je ne l'ai pas regretté. Tout est revenu très vite - Je devais simplement "accepter de tirer le premier fil pour que tout se détricote" ! C'était enfoui et ne demandait qu'à refaire surface ! J'ai retrouvé ce qu'avait vécu la petite fille de 3-4-5ans.... et je me suis arrêtée là, croyant être "sortie du déni".
Puis, des années après, j'ai rélisé que je me heurtais toujours à une image très précise et à une question : "et si je me trompais, si ce n'était pas mon père l'agresseur" ?
J'ai alors réalisé que toute une partie de moi était restée dans le déni. Je savais parfaitement que c'était bien lui - mon père - l'agresseur. Compte-tenu des circonstances et lieux où ça se passait, personne d'autre que lui ne pouvait me faire vivre ce que j'ai vécu. Mais mon refus d'accepter était tenace ! Jusqu'au but j'ai voulu croire/espérer que ça ait pu être quelqu'un d'autre !
Aujourd'hui, je me remercie d'avoir eu le courage de franchir ces étapes. Celles et ceux qui sont passés-es par là comprennent ce que je veux dire car c'est une phase particulièrement délicate et douloureuse. Pourtant, la sortie du déni est indispensable pour retrouver un sens à la vie, "se retrouver", pouvoir affronter ceux et celles qui m'avaient lâchement abandonnée à mon sort "d'enfants victime d'inceste", allant même jusqu'à m'enfoncer et me culpabiliser !
Sortir du déni, c'est passer d'une situation où l'on se croit - l'on se sent soupable - à une situation où l'on peut enfin relever la tête !
Sortir du déni, c'est surtout, pour moi, remercier l'enfant hyper-courageuse qui a été capable de surmonter toutes ces épreuves, sans comprendre ce qui lui arrivait - plus souvent à terre que debout - toujours triste malgré un sourire affiché pour ne pas montrer la souffrance - toujours avec la peur au ventre. Cette petite fille que j'ai longtemps fui parce qu'elle me faisait peur, actuellement j'en suis très fière et me dis qu'au fond, elle avait un sacré tempérament de battante !
Maintenant que toutes les deux nous sommes sorties de la dissociation, JE continue le combat aux côtés de tous ceux et celles qui comme moi ont souffert - souffrent encore - et font entendre leurs voix par le biais de cette Association Face à l'inceste !