Aujourd’hui je me sens l'âme à vous parler, à vous coucher mes mots d'encre noire sur cette feuille blanche immaculée comme vous l'avez fait avec moi par le passé...
Pendant une longue période, j'ai enfoui en moi ce passé douloureux au point de presque l'oublier, mais mes nuits de cauchemars, à être paralysé comme ce jour où vous m'avez coupé la respiration sous votre poids à en suffoquer... Où mes gestes ont été bloqués, où je ne pouvais bouger, ni même un petit doigt, forcé à subir jusqu’à ce que le cauchemar prenne fin de lui-même, ces cauchemars sont là pour me rappeler mon impuissance, ma souffrance, ma haine comme ma peine et mon désarroi... Ils reviennent encore aujourd'hui et à chaque fois que je suis sous pression ou que j'y repense, ils reviennent avec force à chaque fois qu'une personne que j'aime m'abandonne et je ne peux rien faire contre ça ou presque... L'amour est la seule rédemption que j'ai trouvée.
C'est grâce à E, une jeune et jolie femme que j'ai rencontrée il y 3 ans, qu'aujourd’hui j'ai la force de vous parler, de vous adresser cette lettre...
À Toi Antoine, mon frère, avec qui j'ai partagé tant de choses avant cela, toi qui as pris soin de moi quand j’étais bébé, avec qui je jouais de bon cœur aux Playmobil et aux Legos,; notre imagination débordante nous faisait prendre notre lit commun pour un avion de chasse, histoire de s'amuser avant de s'endormir. Toi, avec qui je rigolais, qui me faisais tant sourire pendant des années. À toi qui m'as détruit entièrement en aussi peu de temps, à me manipuler, me forcer, car tes envies de plaisir passaient avant tout malgré mes refus, malgré mes pleurs, tu as continué à me soumettre à ta volonté, pendant que je tombais dans une torpeur à me demander à chaque fin de journée si j'allais subir ta libido. Je m'effondrais, je ne pouvais rien dire, car tu me menaçais et la terreur me tordais les boyaux.... Tu m'as brisée... Tu m'as détruite ... ANEANTIE, aussi bien en tant qu'humain, que frère...
Même ma sexualité est atrophiée, car tu m'as pris ma virginité, ma pureté s'en est allée à jamais... à mes 8 ans. Je te hais au plus haut point, je rage contre ce que tu m'as fait subir, je te déteste de m'avoir enlevé cette part d'innocence qui aurait pu encore faire partie de moi aujourd'hui, qui aurait pu changer ma vie, qui sait comment je serais aujourd’hui si tout cela n'était pas arrivé ? Peut-être que je ne serais pas partie m'isoler dans les bois pendant des années à chaque temps libre pour éviter d'être à la maison, à me retrouver seule face à la nature le regard vide en compagnie d'Aurore ma tendre chienne quitte à me prendre des baffes par Maman, car je rentrais tard le soir. Peut-être que sans tout ça, aujourd’hui quand la famille se réunit je n'aurais pas cette impression de malaise constant comme aussi ce sentiment de ne pas en faire partie... J'ai envie de crier de toutes mes forces à m'en déchirer les poumons, j'ai envie d'exploser tellement le feu me submerge, parfois même de mourir pour enfin être en paix... car je te déteste, mais je t'aime aussi, tu es mon frère malgré tout...
À toi N, mon cousin, qui a abusé de moi à un moment de faiblesse malgré mon rejet, à toi qui m'as rappelé les durs et vils sévisses de mon frère, toi qui les as ancrés encore plus fort dans ma chair, toi pourtant que j'appréciais et avec qui j’étais en compétition que cela soit pour le sport, les blagues, les jeux-vidéo sur Mégadrive. Toi, que je voyais si peu, car nos mères se querellaient pour des histoires de gamins comme bien souvent avec les adultes. Tu m'as fait endurer un supplice à m'en faire couler des larmes, toi et tes préliminaires ainsi que tes plus grosses envies, toi qui m'as souillée... toi qui es mon cousin.
À vous qui avez contribué à l'annihilation de ma sexualité, naïfs et bons enfants, à vous qui avez contribué à me forger tel que je suis aujourd’hui par vos sévices, par vos gestes égoïstes et vos désirs mal placés, à vous qui faites partie de ma famille, de mes amis, n'est-ce pas B ? À vous tous qui avez abusé de moi, qui m'avez brisé mille et une fois.... je vous méprise et vous déteste, à chaque fois que je vois, lis ou apprends des abus sexuels cela me révulse au plus haut point, au point même de vouloir leur trancher leurs parties génitales... ne pouvant se faire je ne peux que prendre dans mes bras ceux qui ont subi les mêmes choses, les entourer d'amour et de tendresse et leur dire que je suis là avec eux.
À vous qui avez fait de moi ce que je suis, aujourd’hui sachez que j'ai trouvé une femme extraordinaire qui m'aide même en sachant mon passé, qui me comprend et m'aime malgré tout... C'est grâce à elle que j'avance même si cela prend du temps, petit pas après petit pas, elle a su me prendre dans ses bras, elle a su me réconforter par sa tendresse, son amour et elle a su me redonner confiance en moi-même ainsi que sur ma sexualité, elle a su rayonner et me faire sourire. Même si aujourd’hui tout est flou au point de vue de notre relation, JE L'AIME et je lui serai éternellement reconnaissante.... MERCI E, ma tendre elfe chérie, Tu m'as sauvée... « Aucun corps n’est souillé dans ce bas monde »