Le divorce de mes parents, en 1996, a été très difficile pour mes frères et moi.
Mais, mes parents se sont remis ensemble très rapidement puis nous avons déménagé. Et, quand j'ai 10 ou 11 ans, ils se sont séparé mais mon père venait régulièrement nous voir et à chaque fois que mes frères et ma mère n'étaient pas là, mon père me touchait pendant que je faisait mes devoirs, que je lisais, que je regardais la télé, il est même allé jusqu'à me violer.
J'étais très naïve et je le croyais quand il me disait que toutes les filles de mon age "faisaient l'amour".
A 14 ou 15 ans, j'étais vraiment mal dans ma peau, j'étais très asociable, j'ai fait plusieurs tentatives de suicide, je ne faisais confiance à personne et c'est là que j'ai commencé à me rendre compte que ce qu'il me faisait été mal, et que quelque part, je suis "morte".
J'ai failli le dire en premier à mon professeur principale en terminale parce-qu'un jour elle m'avait trouvé "bizarre" et à la fin du cour elle m'a demandé ce qu'il n'allait pas, si c'était à cause de mes parents, si j'avais le droit d'en parler et plus elle me posait des questions, plus je pleurais et elle m'a dit quelquechose qu'on ne m'a jamais dit "tu es une personne formidable, gentille, sérieuse, et on a besoin de filles comme toi dans notre société, de filles fortes...", cela m'a vraiment touché et elle m'a dit que si j'avais besoin d'aide que je pouvais aller la voir.
L'an dernier, pendant les vacances d'été, je l'ai dit à ma meilleure amie qui a su trouvé les mots pour me réconforter et m'a avoué qu'elle aussi avait subi une fois des attouchements par un inconnu.
Puis, peu de temps après, avant la rentrée, je l'ai dit à mes frères qui ont pleuré, ont eu envie "de le tuer" et m'ont dit qu'il fallait que "j'oublie".
Et puis je l'ai dit à ma mère dont la réaction m'a fait mal, elle m'a tout simplement dit "tu es sure de ce que ton père a fait? parce-que si tu porte plainte, il va falloir que tu donnes des dates précises au juge alors que tu sais que ton père et moi étions divorcés donc je pense que tu es malade (psycologiquement), que tu as inventé ce que tu viens de me dire". Bref, ma propre mère ne m'a tout simplement pas cru, j'avais beau lui dire que je ne mentais pas, elle ne me croyait...j'aurai aimé qu'elle est eu une autre réaction comme celle de mes frères, qu'elle m'aide tout simplement mais elle ne l'a pas fait.
Aujourd'hui, je me dis que chaque jour vaut la peine d'être vécu mais c'est très dur, cela me demande un effort permanent, dès je repense à tout le mal qu'il m'a fait, je veux me suicider pour ne plus souffrir.
J'essaie de rester positive, optimiste malgrés tout.
Et, je voudrai aussi vivre dans un pays loin d'ici je ne sais pas où pour pouvoir me reconstruire.
Témoignage femme : condamnée à survivre
Témoignage
Publié le 22.08.2009