Tournantes à 11 ans

Témoignage Publié le 12.10.2013

altTournantes à 11 ans Je viens de terminer le livre d'Isabelle Aubry. Je viens témoigner. Je n'avais pas encore tout à fait 12 ans lorsque j'ai subi ma première tournante. 8 types que je connaissais pas, mais qui eux semblait bien me connaître. J'avais un couteau sous la gorge, ils ont menacé de s'en prendre à mes petites soeurs, ils connaissaient leurs prénoms. Cela a duré 4 semaines, 10 tournantes. Ils étaient au minimum 8, parfois plus. Tout s'est arrêté lorsqu'ils m'ont fait prendre du crack. J'ai perdu connaissance, je suppose  qu'ils ont eu peur. C'était fin 1999.  Je n'ai rien dit, personne n'a rien vu. J'ai camouflé tout les signes matériels et je me suis enfermée dans une bulle protectrice. Toujours aussi joyeuse, gaie et enjouée vue de l'extérieur, ravagée à l'intérieur. Ma mère est totalement toxique, j'ai presque élevée mes petites soeurs. A l'époque j'ai enfermée tout ça dans une grande boîte pour pouvoir m'occuper de la plus petites, qui était encore bébé. Elle dormait avec moi, je faisais ses biberons, la changeait...

Et ainsi de suite jusqu'en 2002. De dehors, nous donnions l'impression d'être une famille parfaite et bien sousn tous rapports. En 2002, suite à une nouvelle première expérience sexuelle atroce, tout est remonté. J'ai fait une TS en décembre. Ma mère ne m'a plus parlé pendant 3 semaines. Mon père était là, lui.

A ce moment là, je n'ai pas expliquer le motif de mon geste. En 2004, rencontre de mon ange, de ma bonne étoile, une de mes profs. Elle a vu, j'ai dit, elle a su. Elle a été auprès de moi sans arrêt pendant plus d'un an, en respectant mon secret, sans rien dire à ma mère. Puis fin 2005, juse avant le bac, je choisis de parler. J'étais interne, j'ai lâché une partie des choses par téléphone, ma mère n'a pas jugé utile de venir me chercher, nous avons attendu la fin de la semaine scolaire, et elle m'a emmenée chez une amie à elle, pour me faire parler. Tout ce que j'avais dit, jusqu'alors, c'était par écrit. Blocage complet, je pleure. La seule réponse de ma mère a été "je ne te crois pas" après m'avoir demandé des détails sordides. Mon père était à l'étranger, il voulait sauter dans le premier avion, elle l'a convaincu de ne pas le faire. Fin de l'histoire, enterré mon enfer, nous n'en parlerons plus jamais.   Je suis allée de dépression en dépression jusqu'à ce que je rencontre Pascal, de 22 ans mon aîné, qui a su attendre et me mettre en confiance. Pendant trois ans et demi, mes démons mon plus ou moins fichu la paix. Puis en octobre nouveau clash avec ma mère, avec à la clé interdiction formelle de voir mes petites soeurs. Les démons sont revenus. Crises d'angoisse, automutilations, cauchemars, flashs de plus en plus longs. Aujourd'hui je suis suivie par un psy et un psychiatre. Je n'arrive toujours pas à mettre des mots sur les horreurs que j'ai vécues. Je me sens vidée de mon énergie, à bout de force. Voilà 10 ans que je me bats contre mes démons, contre ma mère, contre le mensonge permanent, contre moi.   Je suis désolée d'apporter un témoignage de ce genre là, j'aurais préféré vous dire que tout est rentré dans l'ordre. La réalité, c'est que je me sens morte de l'intérieur, ravagée par des images et un passé qui n'existent que pour moi...
Nous en parlons
A
aurélo31
Publié le 24.09.2015
Inscrit il y a 9 ans / Nouveau / Membre

Il m'est arrivé la même chose qu'à toi!!! Mais entre mes 4 ans à 9 ans à peu près... :-x
Je te souhaite beaucoup de courage !!!

M
miina-restaa
Publié le 29.06.2010
Inscrit il y a 14 ans / Nouveau / Membre

:cry: je suis très émue de ton témoignage, tellement de filles ont vécu se que toi ta vie a été. Jèspère de tous coeur qu'un jours tous se que tu ressens sortiras de toi pour ensuite parler d'une nouvelle plus joyeuse

A
Anne_
Publié le 12.03.2010
Inscrit il y a 15 ans / Actif / Membre

ce que j'ai subi n'a pas la violence physique de ces horreurs qui t'ont été imposées.
ce qui peut lier nos histoires, ce sont ces mères refusant de nous entendre, de nous croire, de nous protéger, de nous prodiguer réconfort, assistance. Et ça, ça, de mon côté, je ne veux plus l'accepter. Enfermer une telle souffrance d'un revers de main parce qu'elles ne veulent pas prendre soin de nous ! Elles ne veulent pas nous reconnaître victimes !
Elles nous condamnent une deuxième fois. Je n'ai pas de mot pour qualifier leur inaction envers nous, je ne les ai pas encore trouvés.

Ne sois pas désolée, ce sont tes bourreaux qui devraient être verts de honte.
Si tu le souhaites, n'hésite pas à venir déposer sur le forum, échanger, c'est une forme de dialogue qui peut avoir son intérêt en complément de thérapies.

Je te souhaite beaucoup de douceur, de tendresse, d'affection, sur le chemin de ta reconstruction.
Bien à toi