Une vie entre parenthèses

Témoignage Publié le 11.04.2012

Fotolia_26545122_XSJ'ai subit l'inceste de la part de mon frère de 6 ans mon ainé et les violences et autres menaces. Il a aussi fait du mal à ma petite soeur qui a 4 ans de moins que moi. Moi j'avais environ 7 ans. Je ne me souviens pas combien de fois cela s'est déroulé. Au moment des faits je ne comprenais pas ce qu'il se passait mais je savais bien que ce n'était pas bien. Mon frère avait pour habitude de me faire mal, de me manipuler, de me frapper quand je ne faisais pas ce qu'il me demandait de faire... j'étais continuellement son souffre douleur.

Du coup, même toute jeune je ne lui faisais pas confiance. Mes parents nous ont laissées à un moment à la garde de notre frère lorsqu'ils sortaient ou bien pendant la journée du mercredi. C'est durant cette période qu'il à abusé de nous. Il me demandait de venir le rejoindre dans sa chambre. Quand je demandais pourquoi ? Il disait : viens voir, je vais rien te faire. Mais viens je te dis.

Et je finissais par obéir et il fermé la porte de sa chambre. Il me demandait de venir avec lui puis il m'obligeait à le masturber. Je refusais mais il me forçait et je devais obéir sous peine de me faire frapper. Puis il y a eut félation et l'acte dans lequel il s'allongeait sur moi pour se frotter et il essayait de me pénétrer. Moi je pleurais, me débattais et ne voulais pas. Parfois, il me donnait des coups de poing, me tapait la tête contre le mur. Moi je lui envoyais des coups aussi fort que possible mais je n'étais qu'une gamine.


J'ai déjà sauté de rage contre lui lorsque soudainement je réalisais que ma petite soeur n'était pas avec moi. Je fonçais dans les chambres pour la trouver et quand je le trouvais avec elle, je l'insultais de connard et je lui tapais dessus autant que possible. Malheureusement, à cet âge je n'étais pas de taille.

Lorsque c'est arrivé je demandé à ma soeur de pleurer au moment où nos parents rentrés et je lui disais ne t'arrête pas pleure pleure. Puis mes parents arrivant je leur disaient qu'il nous avais fait mal et qu'il était méchant avec nous. Mais au moment où la question m'était posée : qu'est-ce qu'il a fait ? J'étais incapable de dire, de trouver les mots alors je ne faisais que pleurer. 

Ma mère à pris la décision de reprendre une nourrice pour venir s'occuper de nous à la maison et ne plus nous laisser seuls. Ma mère (je le saurais que bien plus tard à elle même était victime d'inceste par deux de ses frères ainés). J'ai essayé à plusieurs reprises de dire à maman ce qu'il faisait mais j'étais comme paralysée et les mots ne sont jamais sortie de ma bouche.


Il me menacée : tu dis rien aux parents sinon je te tue (et un coup qui fait mal pour faire passer le message) 

Il m'a toujours humiliée, fait mal, rabaissée...

Puis j'ai grandie en croyant que j'avais inventé tout ça et que j'étais surement un peu folle. Je savais que dire de telles choses à mes parents auraient provoquer un tsunami dans la famille. Mon père était violent par moment avec notre mère et il était très dur, l'homme qui controle la famille. Il était car il est décédé depuis 14 ans maintenant.

Ma vie d'ado : une suite interminable d'incompréhensions. Vers 15 ans premiere relation sexuelle et réapparition des souvenirs. J'ai commençais à pleurer de nouveau sans réussir à dire à maman (alors divorcée depuis quelques années de mon père) ce qui s'est passé quand nous étions enfants. Ma mère me prend rendez-vous chez une pédo psy qui va conclure en un rendez-vous à une réaction au divorce de mes parents. Je refuse de retourner la voir.

Je commence à cette époque à fumer des joins et là commence la ronde des spliffs et des journées à me défaire la tête : cela me permet de ne pas penser de ne pas me souvenir. Enfin, c'est ce que je crois. Ca m'aide à avoir la tête dans le brouillard. Au début c'est drôle puis cela devient un vrai besoin de tous les jours.

Mes souvenirs d'ados : des soirées enfumées et des conduites à risques.


Sexuellement, je ne suis pas épanouie mais je plais alors je sors avec les mecs qui veulent bien de moi. Je pleure parfois au milieu de certaines relations sexuelles : je commence à en parler avec mes petits amis mais ils ne savent pas quoi faire.

Je passe par plusieurs périodes d'abstinence et puis je tombe follement amoureuse du père de ma fille. Mon père gravement malade, décède et je me raccroche à cet homme. Je fais un enfant avec lui mais en fait tout va mal depuis le début de notre histoire. Je le quitte avec pertes et fracas après la naissance de ma fille. J'apprendrais plus tard qu'il est schizophrène. Cela explique toutes ses crises et les moments où il a tenté de me tuer par étrenglements ou autre. 

A ce moment, ma soeur parle à notre mère et dévoile le secret. Elle sera pour moi une héroine.

Aujourd'hui j'ai 34 ans et une fille de 13 ans que j'ai élevée seule dès son plus jeune âge. La seule stabilité que j'ai trouvée dans ma vie est le travail. J'ai bien rencontré d'autres hommes en fait 3 mais chaque fois, des catastrophes ambulantes. J'ai même essayé de faire ma vie avec mon premier amour de jeunesse : il buvait et m'a complètement ruinée.

J'ai vécu une seule belle histoire d'amour avec une femme mais cette relation était à distance puisqu'elle habite l'italie. c'est moi qui a voulu arrêter cette belle histoire car la distance à fini par me faire souffrir.

J'ai fait une thérapie il y a 3 ans car j'ai pété un plomb un beau matin. J'ai réussi à faire face à mon agresseur et lui dire ce que j'avais sur le coeur. Je l'ai rayé de ma vie et même enterré. Mais voilà quoique je fasse, cette histoire me colle à la peau et j'ai peu de monde autour de moi. Je suis tout de même chanceuse car j'ai des gens qui m'aiment et j'ai une fille magnifique. Je dois apprendre à aimer mon corps, à prendre soin de mon corps et à m'aimer telle que je suis. 


La confiance, l'amour propre, la belle vie : voilà ce que j'aimerai trouver !! 

J'ai du mal à avancer et à me construire correctement, je me bats pour ma fille et je cherche encore comment me défaire de ce malheur. Il me collera à la peau jusqu'à la fin je pense. J'ai fait cette thérapie qui m'a coutée très cher et pourtant je rame toujours et encore. J'ai aimé ce frère, j'ai voulu de lui qu'il m'aime comme une soeur mais c'est un amour qui m'a détruite de façon indescriptible et profonde.

Face à l'inceste est pour moi comme une bouteille à la mer avec un message porteur d'espoir. Malgrès tout je sais bien que je ne suis pas la seule à souffrir de ce mal et je ne suis pas seule car mes proches me soutiennent. Nous sommes les survivants d'un acte qui ne devrait plus se produire à notre époque mais qui finalement se produit trop souvent. Nous devons nous battre afin de faire entendre nos voix.