Victime d'inceste mère fils

Témoignage Publié le 10.02.2011

Fotolia_5239102_XSJe m’appelle Olivier, j’ai 32 ans, j’habite dans le Sud-ouest de la France et ai été abusé sexuellement par ma mère biologique et ma grand-mère biologique (la mère de ma mère biologique) quand j’étais petit ; mon père biologique refusant de voir la réalité ou absent ne m’a pas protégé. Ma vie a été ravagée. Je veux m'en sortir et je m'en sortirai.

Bonjour, je m’appelle Olivier, j’ai 32 ans, j’habite dans le Sud-ouest de la France et ai été abusé sexuellement par ma mère biologique et ma grand-mère biologique (la mère de ma mère biologique) quand j’étais petit. Mon père biologique refusant de voir la réalité et/ou absent m'a d'une part rejeté (notamment à cause d'un handicap visuel) et d’autre part ne m’a pas protégé de ces femmes incestueuses. En fait, contrairement aux « apparences », personne de mon ancienne famille ne m’a aimé. Ma vie a été complètement ravagée, dévastée. Tout cela m’a rendu "amorphe" au dedans de moi. J’ai longtemps cherché à anesthésier ce qui restait de mon cœur afin de me protéger de tout ce qui pouvait me faire souffrir. Véritable handicapé des relations humaines et affectives, je me suis réfugié dans mon travail, dans mes pensées, dans ma bulle et dans la nourriture.

Il y a 6 ans, j’ai fait simultanément la rencontre de celle qui allait devenir mon épouse, de sa maman qui est devenue ma nouvelle maman et de Dieu qui est devenu mon nouveau père. J’ai commencé à développer ma foi (chrétienne). Ma nouvelle maman qui a fait de la relation d’aide dans sa vie a tout de suite compris quand elle m’a vu la première fois que j’étais vraiment mal en point sur le plan de ma personnalité mais elle ignorait que l’inceste était la cause de tous mes maux. Elle a décidé par amour pour sa fille qui m’aimait et par amour pour moi d’être à mes côtés et a commencé à m’apprendre ce qu’était le véritable amour. Tout était nouveau et beau pour moi et ma vie a radicalement changé dans tous les domaines à partir de ce moment-là, sans exception (priorités, valeurs morales, travail, alimentation, soins, tenue vestimentaire, habitudes, bref tout de la tête aux pieds). Quelques oasis de bonheur... quelques bouffées de pureté... Que cela est nouveau pour moi... !

Peu à peu, mes yeux se sont ouverts sur mon ancienne famille et j’ai commencé à prendre conscience qu’elle était en fait non pas la « famille idéale » que je croyais... mais une famille manipulatrice, destructrice et toxique. Je mettais avant cela cette ancienne famille sur un piédestal pourtant je me disais que des choses "clochaient" en moi... Par exemple, je me souviens de grands moments de solitude durant l'adolescence, où je me réfugiais en pleurant dans ma chambre des heures durant écoutant des musiques tristes jusqu'à trouver une sorte d'apaisement..., je me souviens avoir m’être scarifié étant adolescent à la suite d’une déception sentimentale (parmi de nombreuses) et suis gravement tombé dans la pornographie et la masturbation compulsive (jusqu’à me masturber plusieurs fois par jour).  je me rendais compte que je sombrais de plus en plus et j'avais l'impression que rien ne pouvait m'empêcher de dégringoler toujours plus bas. Heureusement, Dieu m’en a libéré du jour au lendemain. Par ailleurs, cette même famille, elle aussi m’avait placé sur un piédestal. Etant l’unique garçon de la famille, j’étais l’objet de toutes les attentions et ma réussite scolaire (somme toute relative) faisait de moi un petit dieu… Tout cela n’a fait que de me rendre particulièrement orgueilleux et imbu de moi-même.

Prenant donc peu à peu conscience de toutes ces choses, et constatant le rejet de mes choix (ma foi en Dieu, ma nouvelle famille), j’ai décidé de me séparer de mon ancienne famille comprenant qu’elle ne me mènerait nulle part si ce n’est à la mort.

Et j’ai fondé un foyer. Nous avons un fils. Ma nouvelle famille a du m’accompagner, vivre avec moi tous mes hauts et mes bas, mes tourments et a tout fait pour m’aider, m’encourager, me soutenir, me fortifier. Je lui en ai fait voir pour ma part de toutes les couleurs. Ma perception de la réalité était (et est encore) vraiment altérée. Et que la vérité est parfois difficile à supporter...

Je me suis rappelé des actes incestueux  il y a 2 ans et demi seulement (en l'occurrence de caresses sexuelles que j'ai faites à ma mère biologique alors qu’elle prenait son bain. Je vivais cela comme un jeu dans mon esprit d'enfant, mais elle prenait du plaisir à cela et ne m’en a pas empêché – c’est bien elle la coupable), j’ai par suite tenté de me suicider. J’ai suivi une psychothérapie pendant 7 mois mais cette dernière a dévié vers uns psychanalyse freudienne traitant de mes fantasmes sexuels... Je sentais que cela ne m’apportait rien et comme par ailleurs, je commençais à me sentir mieux, j’ai cru que je m’en étais sorti……… En réalité, j'ai mis une chape de plomb sur tout ça... Et quand des réminiscences survenaient, je rajoutais une épaisseur de béton par dessus... « Et oui », me disais-je « je sais maintenant, mes problèmes c’est à cause de l’inceste mais le passé, c'est le passé, je vais de l'avant, j'oublie ce qui est derrière... » Yala comme disait Sœur Emmanuelle « allez, on y va ! » Sauf que ce n'est pas si simple... malheureusement. Il y a un temps pour tout et on ne peut hâter le processus de guérison… La vérité est que je suis tombé dans le déni non pas de l’acte incestueux mais des conséquences destructrices sur ma vie

Je précise que je n'ai pas de souvenir d'acte violent d’inceste (ce qui peut être pire car insidieux, pervers...) mais plutôt d'une ambiance incestueuse permanente comme d'avoir souvent vu ma mère nue jusqu'après mon adolescence, de confessions douteuses de ma mère sur son insatisfaction sexuelle ou encore du « méchant père égoïste » que j'avais, j'ai aussi le souvenir que ma mère biologique a déclaré à mon père biologique que j’avais un plus gros sexe que lui… Pour en rajouter une couche sur l'atmosphère familiale, il n'était pas rare que ma grand-mère dorme avec moi mais je n'ai pas de souvenir de caresse sexuelle… seulement, je trouve cela étrange qu'une grand-mère dorme avec son petit fils jusqu'à l'adolescence...

Dernièrement, mon père biologique a essayé de reprendre contact avec moi à deux reprises. Tandis que ma nouvelle maman me déconseillait de l’affronter me sachant trop fragile, j’ai décidé malgré son précieux conseil d’affronter mon père en face en face. Je lui ai tenu tête lui ai dit tout ce que j’avais sur le cœur mais toute la haine au fond de moi est remontée, la chape de plomb et de béton a volé en éclat et notre conversation n’a rien fait d’autre au bilan que de détruire un peu plus ma nouvelle famille. Etant trop déstabilisé, j’ai fait vivre l’enfer auprès des miens et nous n’avons pu fêter ni les fêtes de Noël ni le jour de l’an, l’ambiance à la maison étant épouvantable.

Ma nouvelle famille et moi sommes passés par des moments très difficiles et continuons de traverser des eaux troubles. Mon fils en a été très perturbé, notre mariage est sur la corde raide et s’il tient ce sera grâce à Dieu, ma nouvelle maman a perdu sa santé durant ces 6 années et se lasse d’espérer contre toute espérance. La vérité est que je reporte sur ma nouvelle maman toute la haine que j’ai contre ma mère biologique. Cela s’appelle le transfert.

Je fais le contraire de ce qui est logique, ce qui met (ou a pu mettre) les miens en grand danger.  Par mon attitude dont j'ai à peine conscience je détruis ma nouvelle famille, la privant des moments de bonheur que nous pouvions avoir, étant incapable d’apprécier et de vivre le bonheur. En fait, le bonheur me fait peur et exerce sur moi une telle pression que cela m'est insupportable, quelle injustice !

Aujourd'hui, mon épouse éprouve de plus en plus de mal à me parler et pour protéger mon fils, je le vois et lui parle de moins en moins. La vérité est que je suis incapable de rendre les miens heureux et pourtant c'est mon rôle. Je me suis épuisé de combattre mes démons. Pourtant il me faudra bien trouver la force pour le faire.

Je suis aujourd’hui dans une démarche de « reconstruction ». J’ai pris la décision de pardonner à ma mère d’avoir abusé de moi, d’avoir commis l’inceste et de m’avoir détruit dans mon être tout entier, de m’avoir privé d’enfance, d’adolescence et de bonheur. Je pardonne à mon père de m’avoir rejeté et abandonné et de m’avoir détruit. Je pardonne à leurs antécédents de les avoir rendus ainsi, abusant d’eux ou les rejetant. Je leur pardonne de ne pas comprendre le mal qu’ils m’ont fait.

J'ai repris la psychothérapie, je souhaite me joindre à un groupe de Parole des victimes de l’inceste et je souhaite témoigner à la télé, à la radio, ou c’est possible. Je souhaite participer à des conférences, dans une démarche de foi, tout ce que je peux faire, je le ferai. Je crois que Dieu me sortira de ce chaos dans lequel je me trouve, qu’il me fera changer durablement, j’espère que je pourrai demander en tout conscience du mal que j’ai commis pardon aux miens, à ma nouvelle maman, à mon épouse, à mon fils et retrouver ma place dans mon foyer, étant un homme capable d’assumer mon rôle de fils, de mari et de père. Sinon la vie n'a aucun sens et je ne veux me résoudre à cette fatalité.

Certainement beaucoup de familles vivent notre situation. L’inceste mère-fils est l’un des grands tabous de notre société pourtant ces ravages sont considérables. Je souhaite que mon témoignage (une fois qu'il sera un peu plus positif...) aide d'autres personnes, d'autres hommes particulièrement, et aussi les conjointes... l’entourage.

Qu’il est difficile à l’homme abusé d’exprimer son amour à sa moitié pourtant sans elle, il n’est rien… ! Ma prière, c'est que l'on trouve des solutions, que l'on apporte le soutien nécessaire aux familles, aux couples, pour qu'ils évitent d'être brisés, pour qu'ils se tiennent loin des ravins et des abîmes... et que les enfants d'abusés puissent vivre une vie HEUREUSE et EPANOUIE. Hommes, témoignons!

Olivier B.

Nous en parlons
P
pima
Publié le 26.02.2011
Inscrit il y a 15 ans / Actif / Membre

bonjour, Olivier. Bravo pour votre courage. Il semble que ce soit très difficile pour un homme de parler/dévoiler. De plus la pédophilie/inceste féminin(e) est toujours frappé de tabou. Allez sur les forums de AIVI pour vous en convaincre. Echanger ses ressentis avec les autres victimes est aussi une grande aide. Ca aide à sortir du déni qui rôde toujours.
Pur votre enfant; il y a d'autres moyens de lui faire sentir votre amour que les mots si ceux ci vous sont douloureux: il y a les câlins (et n'ayez pas peur de reproduire, vous êtes sorti du déni; vous ne ferez jamais de mal à votre enfant); jouez avec lui; allez au square; regardez ensemble un dessin animé; regardez le dessiner; lisez dez livres.....
Pour votre famille, votre colère de victime est très présente; plus vous l'exprimerez ailleurs, plus elle se détournera d'une cible innocente. Peut-être êtes vous dans l'autodestruction, parceque ceux que vous aimez c'est un peu de vous même

bon courage sur le chemin de la reconstruction. Vous y êtes