Inceste entre frères

Témoignage Publié le 06.03.2006

Bonjour, je suis un homme, j'ai 24 ans et je voudrais faire part de mon expérience et demander des conseils, voulant m'en sortir et avancer dans la vie.

J'ai été violé par mon grand frère, qui a six ans de plus que moi, régulièrement entre l'age de 8 et 15 ans. Celà ne m'a pas empêché de prendre sur moi et de réussir plusieurs choses dans ma vie, comme intégrer l'une des meilleures grandes écoles de France, ce dont je suis assez fier et révèle peut etre une forme de sublimation. Je n'ai jamais refoulé, j'ai toujours vécu avec des images claires de ce que j'ai vécu. Je n'ai parlé de mon inceste qu'à deux personnes, un ami et une amie. La première fois, je l'ai dit directement à mon ami, et je ne vous raconte pas l'impression d'expulser un ver solitaire par la bouche, tout mon corps en tremblait et les mots que j'ai prononcé devaient être bien ridicules.

Je n'ai pas su dire non et je dirais meme que je ne réalisais pas ce qu'il y avait de si grave, sinon que tous les actes étaient dégoutants et douloureux. Mon grand frère possédait un énorme tempérament, il était hyperactif et piquait des crises et colères telles que mes parents en venaient à le redouter (cassant des meubles, trouant des portes en bois avec les poings...). Mais aussi quelqu'un de très cultivé et très sportif, si bien que je le craignais et l'admirais. A l'age où il aurait du sortir dehors comme tous les jeunes, il restait souvent des heures à me faire travailler ou me faire faire du sport. Comme mon frère vivait dans une cave amménagée, il lui était facile de me toucher sans être vu. On avait toujours le temps de se rhabiller si quelqu'un descendait.


Je suis certainement celui de ma famille qui connait le mieux mon frere, et pourtant il reste absolument opaque à mes yeux. Je crois que c'est un vrai paumé bien qu'il affiche de nombreux signes de réussite. L'oublier, c'est tout ce que je désire. Vers la fin de notre relation incestueuse, c'est à dire lorsque ma puberté était accomplie, il m'avait demandé plusieurs fois de le prendre et là je l'ai vu gémir. Cette copulation pathétique m'avait fait perdre tous mes repères. J'étais en position, ... que sais-je? de le mettre à mort et pourtant je ne n'ai rien fait, obéissant bêtement à sa demande. Et ironiquement, la même année, il achevait un périple de 4000 kilomètres en vélo! Ce sont ces souvenirs que je veux surmonter, je veux dans ma vie etre quelqu'un de bien, aimer l'amour, le sexe, partager.


Je n'ai jamais rien dit à mes parents et je crois, comme ma mère est dépressive, que ce serait une très mauvaise idée de leur révéler aujourd'hui. J'ai deux grands freres, l'un de 30 ans et l'autre de 33 ans, tous les deux célibataires. Mes parents ne rêvent rien de plus que de nous voir fonder une famille et d'avoir des petits enfants, même s'ils n'osent pas nous le dire. J'ai très envie de réaliser leur rêve. La situation de mes deux frères me fait peur, elle me projette ce que je risque de devenir (celui de 33 ans n'est jamais sorti avec une fille) et je me dis souvent que je me suiciderais si je ne peux pas être épanoui à trente ans. Lors des repas de famille on doit me trouver inerte puisque je parles peu ou sinon pour raconter des blagues et des anecdotes. En fait je désire fuir ces réunions factices et si je suis présent, c'est uniquement parce que je sais que cela fait plaisir à mes parents.


J'adore mes amis et c'est auprès d'eux que je m'épanouis. Cependant, comme j'ai l'image d'un bon vivant, il m'est difficile de parler de mes problèmes. Un jour, l'un d'eux, remarquant que mes relations avec mon frère n'étaient pas naturelles, m'a demandé si mon frère m'avait "sodomisé quand j'étais petit" . Ca devait etre drole, mais ça ne l'était pas, ce qui ne nous a pas empêché de tous rire. Les rares fois où nous avons parlé d'inceste ou de pédophilie, je n'avais paradoxalement rien de plus intelligent à dire que les autres. Quelle amertume d'entendre son voisin dire que les victimes d'inceste et de pédophilie restent éternellement au fond d'elles mêmes des enfants de 8 ans, et ne pas savoir quoi répondre!


Si aujourd'hui j'ai voulu laisser un témoignage, c'est parce que je souhaite tourner la page, et entendre des conseils pour me faire progresser. Je manque cruellement de confiance en moi. Mes amis pensent que je ne suis jamais sorti avec une fille parce que je suis gros et que je manque de confiance en moi pour cette raison, mais en réalité il y a des raisons plus profondes qui m'empêchent de concevoir l'amour. J'ai toujours un pincement au coeur quand je vois deux personnes qui s'aiment et s'embrassent, alors que mes seuls souvenirs qui remontent à la surface sentent - excusez moi l'expression - la merde. Je cumule plusieurs handicaps et je sens que la route va être longue. Mais je veux y arriver et certaines qualités me montrent que je pourrais être aimé en poursuivant mes efforts, comme mon sens de l'humour et ma sensibilité. Je me suis trop dit ces dernières années que je me destinais à une petite vie minable sans joie. L'amie à qui j'ai parlé m'a fait beaucoup de bien, a su m'écouter et me conseiller. Je me remets à nouveau en question. A 24 ans je peux encore imaginer de nombreux projets. Je préciserai aussi qu'elle est très belle et que j'en suis tombé amoureux mais elle n'est pas amoureuse de moi. Je l'accepte bien, puisque je me dis qu'elle est mon idéal à atteindre, mon rêve étant de devenir un jour une personne capable d'une relation passionnée et dont même une très jolie fille comme elle peut tomber amoureuse.


Elle m'a conseillée d'aller voir un psychanalyste, étant elle même en analyse pour d'autres raisons. Je ne suis pas sur d'avoir assez d'argent pour le faire cette année avant l'été (je ne veux pas demander à mes parents) mais je projette de le faire l'an prochain. Pour l'instant, j'entreprends de commencer un régime et de me mettre au sport.


Qu'en pensez-vous?