Inceste soeur/soeur.Et mon père dans tout ça?

Témoignage Publié le 11.07.2010

Fotolia_924984_XSBonjour. Après avoir lu la réaction d'une maman face à l'absence de catégorie inceste soeur/soeur, je décide de me lancer. En effet, je pense que cette absence n'est pas un hasard mais liée au tabou qu'elle suscite, à l'impensable de la situation (j'en veux pour preuve la moiteur de mes mains au moment où je vous écrit). Actuellement âgée de 31 ans, c'est à 8 ans que j'ai commencé à avoir des souvenirs de ce que me faisait ma soeur (de 7 ans mon aînée...). Elle devait avoir 12 ans donc moi 5 tout au plus. Je me souviens d'une nuit où elle se glisse dans mon lit, m'allonge sur elle et, sans une parole me roule des pelles et me masturbe jusqu'au plaisir. Ses affaires finies, elle me dit à demain...

Autre scène, autre lieu, elle se masturbe devant moi en se frottant sur le coin du lit. Une autre fois, elle paie un voisin de 15/16 ans et, derrière le garage de ma grand-mère me fait caresser son pénis (sûrement dans un souci pûrement didactique...). Attachés à ces souvenirs, un sentiment d'impuissance totale, d'incompréhension:c'est ma grande soeur, je l'admire, je l'aime, elle doit savoir ce qu'elle fait! Pendant longtemps, jusqu'à mes 18 ans, je tais cette histoire me croyant folle ou pire, je ne suis qu'un monstre. D'ailleurs mes nombreux cauchemard ou ces rêves que je fais petite où je fais avoir des rapports sexuels à des enfants entre-eux en témoignent...! Mon adolescence est marquée par l'impossibilité d'avoir un petit ami: j'ai trop peur. Après l'anorexie puis la boulimie, les drogues me permettent de me "lâcher" quelque peu. A 18 ans, je déprime je ne vais pas bien et des crises d'angoisse me font faire une analyse pendant 5 ans.

A côté de ma soeur, il y a l'attitude très ambigüe de mon père vis-à-vis de moi (que l'on peut qualifier d'incestuelle).Heureusement, mes parents ayant divorcé alors que j'avais 5 ans, il n'est pas resté avec nous. Mais le peu que je le voyais, ou que je lui parlais, me mettait sens dessus dessous. Mon père me racontait ses histoires sexuelles, qualifiait ma bouche de suceuse et encore à l'heure actuelle me laisse des messages à connotations sexuelles sur mon téléphone. Tout le monde (ma mère, ma soeur) a l'air de trouver cela normal (il est comme ça paraît-il). D'ailleurs, ma mère à qui j'ai raconté pour la première fois ce que faisait ma soeur à 18 ans, a fait comme si elle n'avait rien entendu ou j'exagérait.

Après qq années en thérapie, aujourd'hui je vais mieux: mes crises d'angoisse ont disparu. mon bien-être passe par le fait que j'ai coupé les ponts totalement avec mon père depuis 5 ans et ma soeur 2 ans. Je ne pouvais plus supporter de prendre sur moi et de faire semblant. J'ai écrit à ma soeur pour lui expliquer mon silence: elle n'a rien trouver mieux que de lire la lettre à mon père et sa famille et me faire passer pour folle. Ma mère, témoin de mes souffrances, est moins dans le déni mais tout cela la dépasse et il est plus rassurant pour elle de penser que c'est moi qui ne vais pas bien.

Tout cela pour vous dire que l'inceste soeur/soeur existe bien et qu'il est tout aussi dévastateur. Ma soeur, 38 ans aujourd'hui, ne semble pas aller mieux que moi...Mon père n'est peut-être pas pour rien dans ce qu'elle m'a fait. Mais ça elle ne semble pas prête à l'affronter.

Aujourd'hui, si je vais bien en surface, mes difficultés sont plus insidieuses et tournent autour du désir d'enfant: j'ai peur d'avoir un enfant, peur de lui faire du mal ou au contraire de ne pouvoir le toucher par peur de lui faire du mal.

Nous en parlons
A
Anne_
Publié le 25.07.2010
Inscrit il y a 14 ans / Actif / Membre

la peur de l'enfant, de lui faire mal, est ce qui m'a aidée à trouver l'homme avec lequel j'en ai fait un, et m'aide au quotidien à ne faire aucun mal (bien au contraire !) à cet enfant. La conscience permet de ne pas reproduire ce que l'on a vécu, c'est une chose assurée.
alors bravo d'avoir coupé les ponts : ça n'est pas facile, cette décision.
courage pour la suite : une vie pour soi et pas au travers de ce que l'on pense que les autres voudraient de nous
Anne_