La vie avant tout

Témoignage Publié le 19.11.2012

Fotolia_5180084_XSBonsoir, A qui voudra bien me lire. Je m'apelle Lise j'ai 33 ans et ma foi un parcours de vie bordé de caillou, avec une sensation terrible d'être parfois né à côté du ruisseau.Petite j'ai perdu mon père et ma mère d'une grande fragilité psychologique s'est transformé en bourreau, un bourreau moral et physique... Mon besoin d'une figure paternel était grand et j'ai fais confiance aveuglement, j'ai donné tout mon amour de gamine à un pervers qui se voulait être mon oncle...


Mon adolescence est marquée par l'autodestruction, les appels au secours, l'envie de mourir et j'en passe...

J'ai toujours été un objet entre ses mains pendant longtemps, trop longtemps, l'humiliation fut grande , le jour ou il a passé le cap du viol, je me suis retrouvé seul sur un lit, dans une maison froide et silencieuse, un sentiment de dégout dans la bouche, dans le corps, une nausée incontrôlable...

Je ne sais pas ou j'ai puisé à ce moment précis la force de me dire que tout devais s'arrêter, mais j'ai à partir de ce moment refuser tout contact avec lui, il faut dire que quelques mois après j'étais majeure et libre de mes mouvements.

J’ai fui ma famille, fuis mes principes, offert mon corps trop souvent, je voulais me détruire, parce que rien n'aurait pu me faire changer d’avis : je n’étais rien…

Comme un zombie j’ai avancé dans ce qui était ma nuit, j’ai mis un brouillard opaque entre mes sentiments, mes émotions…et moi

Je suis devenue celle qu’on attendait que je sois, j’ai rencontré un homme, je  me suis mariée et je me suis créer une autre vie.

Mais au fond de moi rien n’avait changé, la douleur était là mais j’ai fais taire les nombreux appels de mon corps…

J’ai divorcé,  quelque part cela n’avait aucune importance, c’était juste une épreuve de plus à traversé…

Puis j’ai rencontré celui qui partage ma vie aujourd’hui…avec lui j’ai grandi et suis devenue survivante de l’inceste, je préfèrerais vivre mais pour l’instant survivre n’est pas si mal…

Il a fallut que je creuse loin au fond de moi pour accepter l’impensable, ne plus nier l’évidence et passer du statut de fautive à celui de victime.

Tant de fois je me suis remise en question, tant de fois j’ai essayé de comprendre ce que j’avais fais de mal, aujourd’hui je sais que le mal c’était lui….

J’ai entamé une thérapie, mais fouiller dans toutes ces sensations si longtemps enfouies  c’est comme marcher à côté des bombes, quand ça explose c’est violent, très violent, trop violent…

Moi qui étais fière de tenir encore et toujours debout, je n’avais pas compris que le tuteur qui me tenait droite était faux…

Je m’étais éteinte pendant trop d’années, lorsque je me suis réveillée j’ai vécu un cauchemar

Dépression, médicament, incapable, de penser, d’avancer, d’observer, incapable de retrouver des émotions, je ne faisais que pleurer…

Je me suis vidée pendant des semaines, et si les médicaments sont aujourd’hui lourds de conséquences sans eux je n’aurais pas pu avancer

Chaque pas, m’a arraché une énorme colère, mais chaque pas c’est fait en douceur, à mon rythme, que je le voulais, comme je le pouvais…

J’ai participé à un ou deux groupes de paroles de Face à l'inceste et cela m’a conforté dans mon idée de me battre, au travers de moi, vibrait aussi la souffrance des autres, je ne pouvais plus laisser faire ça, accepter une fois encore qu’un bourreau détruise une vie…

J’ai essayé d’agir avec mes petits moyens mais avec toute la force de mes  poings, je suis sortie du silence, j’ai tout dit à ma famille, d’une réaction de protection je suis passée à une réaction de négation : il n’avait pas pu faire ça !

Ça m’a permit de faire le tri, ce qui sont restés sont ceux qui ont partagé mon quotidien pendant ma descente au enfer, ceux qui au travers de mes cris, de mes pleurs, de mes crises d’angoisses, de mes paniques, de mes insomnies, se sont dit : ça ne peut que être vrai

Et une fois cette étape franchis que reste t-il et bien une famille brisée et une victime se sentant de nouveau coupable de faire du mal…

Chacun se demande de son côté et si j’avis su, pourquoi je n’ai pas vu…chacun y va de son commentaire : tu devrais faire ceci ou cela…mais moi je ne voulais écouter que moi et avancer pour me reconstruire, moi, pas ce qu’on voulait une fois encore faire de moi…

Un jour, j’ai décidé d’aller porter plainte, je me revois recroquevillée dans la gendarmerie, pleurant, refuser de m’assoir sur une chaise, encastrée dans le mur, paniquant au moindre pas, bruit ou vue d’un homme

J’ai eu affaire à de vrais gendarmes, acceptant ne pas être formés pour recevoir ma plainte, mais toutefois plein d’empathie et de gentillesse

J’ai été réentendue le lendemain par une personne spécialisée, ensuite j’ai pu m’appuyer sur une association d’aide aux victimes, et puis l’enquête à suivie son cours

Expertise psychiatrique, redire son histoire,  devant une personne payée pour être indifférente, lire noir sur blanc son rapport : souffre d’obésité morbide, de troubles du comportement alimentaire et sexuel, dépressive, traumatisme anxieux…

J’ai vu, je sais…

J’ai continué à lire les courriers, à subir les pressions, à attendre, attendre, à me demander quand est-ce que j’allais craquer, crever de tant de fatigue d’avancer…

La trouille, la peur au ventre de retomber, de rechuter, de ne pas me sortir des médicaments, de craquer, de perdre…

Et j’ai encore attendue, la justice est d’une lenteur consternante, je pensais commencer à sortir la tête de l’eau, je ne prenais plus de médicament, à force de travailler sur moi-même…

Et cet été rebelote, un chat entre par la fenêtre une nuit, mon inconscient se remet en route, la peur revient, je ne me sentirais jamais en sécurité…

Et puis la course à la résurrection, les urgences psys, de nouveaux médicaments et la nouvelle descente…

Mais sans le savoir, je suis plus forte qu’auparavant, toujours sous médicament, mais en connaissant les risques de ceux-ci  j’avance…

Le juge me convoque sans me le dire, il a décidé la confrontation, il est là en face de moi et je tremble, je hurle à l’intérieur, j’ai foutrement peur et encore plus envie de lui mettre mon poing sur la gueule…et puis il avoue, il reconnait, il se défend mais je m’en fous…il reconnait

Et je vais peut-être enfin être entendue après des années de cris désespérés…

Aujourd’hui j’attends la date du procès, je ne sais pas si je tiendrais, je suis persuadée que non, mais je m’accorde une pause de bonheur de temps en temps, si ce n’était pour cette peur de retomber au plus bas, je crois que je pourrais dire : j’ai survécu à l’inceste

Au-delà de tout, je peux compter sur mon compagnon, notre vie n’est pas simple, mais seule je n’y serais jamais arrivé

A tout ceux qui ont subi cette perversité destructrice, cet assassinat de nos êtres et de nos âmes, je souhaite tous le courage que je peux leur transmettre…ne lâchez rien, soyez sûre que vous valez tout ce qu’enfant vous auriez mérité et que l’on ne vous a pas donné, personne n’avait le droit de vous salir, vous n’y êtes pour rien, entendez le, le coupable c’est lui ou elle…

Rien n’est plus dure pour les victimes d’incestes de se sentir légitime à la vie, mais aujourd’hui je pense que c’est la vie qui a été illégitime envers moi et j’ai décidé de prendre ma Revenge…parce que vivre avec ça, c’est chaque jour un combat et que si c’est épuisant de combattre c’est ce qui fais que je suis encore en vie