Portrait : De l'inceste au viol conjugal (Dialogues)

Témoignage Publié le 16.10.2013

Par Roselyne Rabin pour Dialogues, revue Face à l'inceste .

“L’inceste, je crois que c’est marqué sur notre figure, car de 8 ans à 53 ans, je suis toujours dans le viol”. Joséphine*, 53 ans, a été victime d’attouchements de la part de son frère à 8 ans puis de viols de la part de son cousin à 17 ans. Son mari la viole. Divorcée, elle rencontre un homme bien mais ses ennuis sont loin d’être finis.

Dialogues : Au départ, il y a eu l’inceste ...

Joséphine :  Mon cousin, j’ai tout de suite su qu’il m’avait pris ma virginité. Avant lui, mon frère m’a agressée mais je n’ai pas réalisé. Quand mon frère a commis les attouchements, mon anorexie s’est mise en place. Aujourd’hui, mon frère continue à me harceler. J’ai appris qu’il avait  fait des attouchements sur ma petite soeur il y a un an et demi. Il a témoigné contre moi lors de mon divorce. Je croyais avoir du soutien auprès de ma mère. Je l’ai entendue dire : “Mon petit Jimmy*, vous n’avez pas tapé assez fort”. Ma soeur aînée a dit qu’il valait mieux être violée par son mari que par un étranger et que je n’avais jamais été anorexique.  


Dialogues :  Votre famille légitime la violence conjugale. Quelles ont été vos histoires avec les hommes ?

Joséphine :  A 18 ans, j’étais la maîtresse d’un homme marié, Bruno* et je ne voulais pas briser son couple. On me disait Jimmy* est tout seul. Il avait dix neuf ans de plus que moi. Je me suis mariée quand je suis tombée enceinte de mon premier fi ls. Puis j’ai réussi professionnellement. Pour moi, cela a destabilisé mon mari et les viols ont commencé. Mon fils avait cinq mois. Je suis tombée enceinte à cause des viols. La grossesse a été épouvantable. Je me taisais. Les médecins se doutaient de quelque chose. Ils m’ont stérilisée à 29 ans : j’étais anorexique, la grossesse mettait ma vie en danger. J’ai subi des viols de mon mari pendant 14 ans et je n’ai rien dit. J’ai retrouvé Bruno et la liaision a recommencé. Pour se venger, mon mari m’a fait subir trois heures de viols atroces. Ensuite, il m’a montrée aux enfants :  “Voilà comment on corrige une femme”. J’ai tenté une thérapie de couple mais il ne voulait absolument pas se remettre en cause. J’ai fui.

Le divorce a été prononcé à mes tors. J’ai sombré dans l’alcool et j’ai séjourné en hôpital psychiatrique. Mon ex-mari a eu la garde des enfants. Le plus jeune voulait venir vivre avec moi. J’ai réclamé son placement. Après six mois chez la nourrice, il est venu chez moi. Le compagnon suivant, rencontré aux alcooliques anonymes, a commencé à me battre au bout de quatre ans. Mon psy m’a dit que je n’étais pas remise quand je l’ai rencontré. Je l’ai quitté. Mon fils m’ a dit : “T’as raté le coche avec papa mais pas avec celui-là”. Marié et père, son frère aîné ne veut plus me voir.

Dialogues : Vous avez trouvé l’amour ?

Joséphine :  Oui mais l’’inceste, je crois que c’est marqué sur notre figure, car de 8 ans à 53 ans, je suis toujours dedans, dans le viol. L’un des enfants de mon mari actuel a commis une agression sexuelle sur une fillette. La mère de la petite a porté plainte. J’ai compris pour mon frère : il avait fait exactement la même chose. J’ai vécu l’enquête comme un viol. Ils ont saisi mes affaires personnelles et regardé ce que je mettais sur le forum de A.I.V.I., inceste.org à l’époque. A cause de mes sex-toys et des photos de moi pour mon mari, la police a donné crédit aux allégations mensongères concernant mon mari. Son ex-femme l’a accusé. Mais nous pensons que le problème vient de chez elle. Les enfants de mon mari sont victimes d’inceste et nous nous battons. Sans mon passé, je l’aurais quitté.

* Les prénoms ont été modifiés.