Témoignage Femme: Culpabilité induite par la mère sur la fille victime d'inceste

Témoignage Publié le 27.02.2008
Mon père me touchait. Ca a du commencer quand j'étais âgée de 5 ou 6 ans. Pour être précise, il ne me pénétrait pas mais frottait son sexe en érection sur le mien. Mes parents ont divorcé (pas du tout à cause de ça) quand j'avais 8 ans, les attouchements ont continué après le divorce pendant au moins deux ans.

Avant le divorce je me souviens parfaitement d'une phrase de ma mère alors que je devais avoir 6 ou 7 ans, et qu'elle me laissait seule dans le lit conjugale avec mon père : "que fais tu donc avec ton père ?" sur un ton réprobateur qui en disait long sur ma responsabilité dans ces actes que mon père me faisaient passer pour normaux et agréables, mais à cacher.

J'ai tu tout cela jusqu'à la mort de mon père en 2000, j'avais 33 ans. Malgré les souffrances récurrentes que j'avais toujours tues auparavant. Je suis simplement allé en parlé à un psychiatre quelconque qui m’a dit que bien souvent, à la mort de l’agresseur, les victimes parlaient.

Ayant enfin crevé ce « putain » d’abcès, je pensais pouvoir poursuivre ma vie comme je l’avais toujours fait, pleine d’entrain, de joie et de dynamisme. Mais voilà, confrontée à la rupture de mon couple qui battait de l’aile depuis longtemps, je me trouve à nouveau submergée par ce fléau au point de rêver ou plutôt cauchemarder de rapports sexuels avec mon père.

J’ai été confronté à de graves problèmes psychiatriques, enfermée, mise en camisole physique et chimique en décembre 2002 une première fois, puis en décembre 2004 en deuxième fois, à la suite de traitements psychotropes qui ne m’ont pas du tout réussi…

Depuis ce premier épisode de délire, j’ai parlé de ce que j’avais subi à mon entourage, et plus particulièrement à ma mère et à mon compagnon.

Pour ce qui est de la relation avec mon compagnon, son manque d’amour pour moi a malheureusement été le catalyseur de la résurgence de ma détresse. Mais à sa décharge, heureusement que toutes les femmes mal aimées ne se trouvent pas anéanties comme celles qui comme nous sont fragilisées par une enfance sans repère. Et pour lui, une facile issue de secours se présentait, mon père était diagnostiqué maniaco-dépressif, et je l’ai été après ces bouffée délirantes et quelques errances de diagnostiques entre la schizophrénie et cette fameuse bipolarité.

Quant à ma mère, elle a toujours, malgré ce que je vous ai déjà narré, essayé de faire au mieux. Et pour vous situer encore un peu mieux le contexte, j’avais un frère qui est décédé à l’âge de 14 ans d’une leucémie quand j’en avais 10. Je ne m’étendrai pas sur ce sujet qui fut, vous vous en doutez particulièrement douloureux pour ma mère, mon père et pour moi, et qui malheureusement fut très mal géré par une occultation que ma mère pensait salvatrice.

J’en reviens donc au sujet qui m’a amenée à vous écrire ce témoignage. La culpabilité que ma mère a induite chez moi, et le peu de cas qu’elle fait ou faisait de mon statut de victime. Quand à la suite de mon premier épisode délirant, je lui ai enfin dit ce que m’avait fait mon père, sa première réaction fut de dire « Mon dieu ! il a du en faire autant à ton pauvre frère ! » voilà tout ce qui l’inquiétait. Puis comme à son habitude de se placer en femme d’action et de tête, de dire que si elle avait su, elle aurait fait emprisonner mon père. Et pourtant…..Quand j’avais environ 13 ans, mon moniteur de sport « m’initiait aux jeux du sexe » je me croyais amoureuse de lui. J’en ai parlé à ma mère, qui est allé discuter avec lui, mais en se positionnant comme femme intelligente, compréhensive qui pardonne et comprend. Il m’a ensuite « passé une soufflante » dont je me souviens encore, me disant que j’avais de la chance d’avoir une mère si formidable, sinon il m’aurait mis une volée ……………………………. MON DIEU !!!!!!!! Lui avait eu de la chance qu’elle n’aille pas le dénoncer aux flics !!!!!!!!

Une autre fois, alors que j’avais seulement 17 ans , elle me laissa inviter en tête à tête avec une homme de 45 ans environ, pour un dîner dans son hôtel, flatté qu’elle était qu’un sportif renommé porte de l’intérêt à sa fille. Comment ne pouvait elle pas se douter que j’allais me faire « sauter » avec ou sans mon consentement par cet homme ? Alors que moi, telle une oie blanche, malgré ce que j’avais vécu avec mon père, je pensais que nous allions gentiment converser de notre sport autour d’une bonne table. Alors oui, je le dis, il ne s’agissait pas d’un viol, j’étais consentante, mais mon Dieu, de quelle étrange manière ! Cet homme s’est rué sur moi pour m’embrasser dans le taxi qui venait de quitter le stade ou ma mère venait de me « confier » à lui, une mélange de surprise et oui, de flatterie de cet intérêt que je semblais susciter.

Bref, ils et elle ont fait de moi un objet sexuel.

Enfin, il y a quelques jours, nous avons reparlé de ces attouchements de mon père. Ma mère, d’une mauvaise foi éhontée me disait « mais comment peux tu croire un instant que je le savais et que je laissais faire ? ». Je n’ai pas osé lui faire du mal en lui redisant cette petite phrase qu’elle m’avais dite quand j’étais enfant. Elle aurait nié de toute manière. Elle est si bonne avec moi depuis de nombreuses années. Elle me dit avoir ressenti de moi de la haine qu’elle n’arrive pas à comprendre. Je lui ai simplement dit que c’était ce sentiment de manque de protection, sans en rajouter sur le fait que JE SAIS QU’ELLE SAVAIT. Cette petite phrase, quand elle me laissait seule dans le lit avec mon père est imprimée en moi. Et le bouquet est cette autre phrase qu’elle m’a dite à l’occasion de cette toute récente conversation : « Mais tu savais que c’était mal ? ». Cette phrase, reçue aujourd’hui à presque 41 ans est la même que j’ai entendue quand j’avais environ 6 ans….

Voilà, ce témoignage pour vous dire toute la complexité de ma relation avec ma mère qui pour moi savait, mais est dans le dénie, comme elle l’est dans bien d’autres domaines. A la fois je tiens à elle, je sais ce qu’elle fait pour moi, toujours présente, disponible, m’aidant, mais avec ce boulet dans le cadre de la relation aux hommes, qui plus est qu’elle n’a cessé de dénigrer et abaisser à mes yeux pendant toute mon adolescence.