Un témoignage de plus

Témoignage Publié le 22.12.2006
Bonjour,

Je vois des témoignages de personnes, de tous âges, victimes d'inceste. Je suis accablée devant ces témoignages poignants, relatants des atrocités! Et je me demande comment toutes ces victimes peuvent trouver le courage d'écrire ce qu'elles ont subi, ce qui a fait d'elles des marionnettes, des victimes, des fabtômes... Il n'y a pas de mots pour dire cela... Mais ce que je trouve génial, dans cette horreur, c'est qu'il existe des sites comme celui-ci où les victimes peuvent se retrouver entre elles, s'apercevoir qu'elles ne sont pas seules, qu'il y a toujours quelqu'un pour les écouter, et aussi les comprendre.... Car en ayant vécu les mêmes choses, on se comprend, on peut "comparer" nos sentiments, et nos souffrances... De plus, sur ces sites, certaines victimes parlent pour la toute première fois de ce qu'elles ont subi, sans en avoir parlé à un ami, à un membre de sa famille, à un médecin.... Cela permet de laisser sortir de la vapeur, de se soulager un peu, tout en continuant, malgré tout, à souffrir.... Il faut continuer à se parler, à communiquer, à tout dire de notre horrible passé, pour pouvoir l'accepter enfin, et qu'il fasse partie de notre vie, pour que nous puissions vivre avec... C'est important, car oublier est impossible. Je voudrais insister sur le fait qu'il est important de briser le mur du silence, pour que ces atrocités ne se reproduisent plus, que nos enfants, et les enfants des générations à venir, vivent en paix, sereins, sans se demander ce qui a pu se passer des années auparavant... De telles monstruosités peuvent engendrer des troubles graves de la personnalité, comme la folie, et même au suicide, et ceci sans raison apparenta, et tout "simplement" car des années plus tôt une mère, une tante ou une grand-mère a été violée, abusée par un membre de la famille... Pour cette raison, il faut que nous parlions... Parler signifie aussi admettre que nous sommes des victimes, que ce que nous avons subi est très grave, et qu'en prenant conscience de cela, ça nous évite de devenir, à notre tour, des parents maltraitants....

Il faut se battre, s'unir, et ne pas baisser les bras....

Si je me permets de dire tout ceci, c'est pour deux raisons : je suis infirmière et suis très sensibilisée aux problèmes de maltraitance (j'ai exercée aux Urgences et à présent en secteur psychiatrique) pour avoir rencontré des jeunes (filles, surtout) ayant fait des tentatives de suicide car elle ne savaient pas comment et à qui parler de ce qu'elle subissait, et en psychiatrie, je vois les conséquences de tels abus, et ça fait peur....

Et la deuxième raison, c'est parce que je suis moi même une victime d'inceste.... Violée par mon grand-père de l'âge de 7 à 9 ans, quotidiennement, puis ayant subi des attouchements par mon oncle, de l'âge de 11 à 17 ans.. Et j'en souffre terriblement, malgré une psychothérapie commencée depuis 1995...

Je comprends cette souffrance, cette grande difficulté à fonder une famille, et ces moments de doute et d'angoisse...

J'en viens à me demander, à l'âge de 29 ans, si je peux vraiment m'en sortir....

Je remercie tous ceux qui auront pris le temps de me lire.