Expression libre (public)

Totalement perdue...

C
cerise
Inscrit il y a 6 ans / Nouveau / Membre
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Bonjour à toutes et tous,

Je viens sur ce forum pour trouver un peu de réconfort et de soutien car je traverse une période vraiment très pénible... Je me sens extrêmement seule dans ma vie car ce qui m'est arrivé est un réel handicap dans ma vie quotidienne et de couple... Je me sens régie par la peur, tout le temps, j'ai des soucis pour avoir une vie intime avec mon compagnon, j'ai souvent des pensées et pulsions suicidaires, mais j'essaie de lutter un maximum pour essayer de m'en sortir. C'est extrêmement difficile et souvent je sens que l'énergie que je puise en moi n'est pas infinie... je me sens souvent découragée et fatiguée...

Je vous explique un peu la situation mais le dossier est compliqué, j'espère que vous ne serai pas trop perdu.e.s dans tout ce fourbis !...
Lorsque j'avais 8ans 1/2, pendant les grandes vacances, mon cousin (de 3 ans mon aîné s'est prêté à des jeux sexuels sur moi. Au début c'était juste des bisous sur la bouche, puis plus ça allait, plus cela a été loin. Les bisous que je trouvais plutôt agréables au début, ça allait, mais ensuite il m'a obligé à lui faire des fellations, avec violence, en me tenant la tête ce qui m'a fait presque vomir, puis il a essayé la pénétration mais n'a pas réussi. Tout cela de façon cachée bien sûr, c'est à dire qu'on se retrouvait seuls dans une chambre ou une partie de cache cache par ex, et il faisait bien attention à ce qu'il n'y ait personne qui nous trouve en train de faire ce qu'on faisait. Je sentais bien qu'il ne fallait surtout rien dire à personne, il m'a plusieurs fois d'ailleurs envoyé sur les roses très sèchement lorsque j'ai une fois ou deux essayé de lui faire un bisou en public, en me disant qu'il ne fallait pas faire ça devant les gens sinon ils allaient tout découvrir. Cet été là, je me souviens que j'était tombée amoureuse de ce cousin, j'avais même demandé à ma mère si cela existait des gens qui se mariaient entre cousin/cousines...

Bref, à la fin des vacances j'étais obsédée par ce que j'avais vécu, mais je n'ai pas pu en parler à qui que ce soit. J'ai donc gardé ça pour moi, sans savoir vraiment si c'était grave ou pas. Mais j'ai bien compris qu'il se passait quelque chose qui n'allait pas du tout. Je faisais que de penser à ça, j'imaginais les gens que je rencontrais en train d'avoir des rapports intimes, sans oser en parler car j'ai bien remarqué que mes copines et copains ne parlaient pas du tout de ça. Je me sentais en total décalage et très seule.

Pendant mon adolescence j'ai eu plein de soucis en tous genre (crise d'ochlophobie m'empêchant d'aller manger le midi au self, dépression, troubles alimentaires, scarifications, pulsions suicidaires, mal être permanent...etc) et je ne comprenais pas d'où cela venait car pour moi j'avais eu une enfance heureuse (avec mes parents cela se passait bien et avec mes frères et soeurs aussi). J'ai refoulé ce souvenir en moi tout en ayant conscience (c'est difficile à expliquer, même moi j'ai du mal à comprendre pouquoi je n'en ai pas parlé plus tôt à quelqu'un...), mais sans me dire que ça pourrait venir de là. On a mis tout ça sur le compte du fait que j'étais complexée de mon poids (j'étais un peu en surpoids).

Et puis fin 2013, une de mes petites soeurs nous annonce qu'elle est enceinte. C'est à ce moment là, je ne sais pas comment d'ailleurs, que j'ai pu parler de tout ça à ma mère qui est tombée des nues. Le temps de digérer tout ça, et début 2014 ça a été la descente aux enfers.
Ma mère en discute une nouvelle fois et me dit qu'il s'agit bien d'un viol, et que ça explique beaucoup de choses. Moi je me dis que si j'avais été violée, je m'en serais aperçue quand même ! Que cela n'arrive qu'aux autres !... mais en fait plus le temps passe et plus je dois me rendre à l'évidence... je plonge donc dans une grosse remontée de tout le dossier, le mal être refait surface puissance mille et je ne peux plus travailler. Les pulsions suicidaires sont présentes tous les jours, c'est l'enfer. Et peu de temps après, ma mère plonge dans une période de souvenirs post-traumatiques, c'est l'enfer pour elle aussi car elle se souvient que son frère (donc le père du cousin qui m'a violée) l'a aussi violée quand elle était enfant.
Sur ça, j'apprends que je suis atteinte d'endométriose, une maladie gynécologique qui fait beaucoup de dégats psychologiques et physiques, je me fais opérer d'urgence début 2014. Cette année a été la pire de ma vie. Cela a été un ouragan dans ma famille.

Suite à ça, j'ai coupé les ponts avec mon cousin et mon oncle/tante, en 2015 j'ai déposé plainte. Depuis les relations avec ma mère sont très compliquées, car au début elle était un soutien mais très vite elle est devenue intrusive dans ma vie. Elle a dit des choses très blessantes à mon compagnon, elle est devenue très agressive envers moi également (d'après ma psy de l'époque ce n'est pas contre moi mais c'est très dur à vivre).
J'ai été suivie pendant 3ans par une psychologue qui était très bien. Là j'ai déménagé et j'essaie de trouver quelqu'un qui puisse m'accompagner mais c'est compliqué.

J'ai consulté une personne ce matin qui est normalement spécialisée dans les soucis de viols/abus sexuels et en lui racontant un peu mon histoire, elle m'a dit que ce n'était pas un viol pour elle car il n'y a pas d'agression de la part d'un adulte, cela reste dans le domaine de l'enfance, qu'il ne faut pas que je cristallise sur le mot viol... J'ai eu une très forte envie de vomir et je ne me suis pas sentie très bien, car c'est le discours que m'on servi mon oncle et mon cousin lorsque que ma mère et moi leur avons écrit à ce sujet. Pour eux ce sont des expériences entre enfants, la découverte de la sexualité etc...
Je me sens totalement perdue car j'ai l'impression que je dois encore me justifier de ce qu'il s'est passé, que de ne pas dire que c'était un viol finalement minimise ce qu'il s'est passé, j'ai l'impression de ne plus avoir de repère sur ce qu'il s'est passé... je ne sais plus quoi penser de ce qui m'est arrivé... le soucis est toujours que comme mon cousin n'était pas très vieux, souvent on me dit "ah mais oui mais non, il était jeune donc bon, c'était aussi un enfant", sous en tendu c'est moins grave quoi... ce genre de remarque fait gonfler une sorte de honte en moi, comme si on me disait, tu exagères ou tu n'as pas honte d'accuser un enfant ?

Qu'en pensez-vous ? Diriez-vous que c'est bien un viol ? Je me sentais comme un imposteur en sortant du rdv, je viens me plaindre alors qu'en fait ce n'est pas du tout ça, est-ce même de l'inceste finalement puisque un cousin germain ce n'est pas si proche finalement (des gens se marient entre cousin et cousines) ?...

j'ai vraiment besoin d'avoir des avis sur ça car ce rendez-vous m'a complètement déstabilisée... je suis perdue U__U
J'espère que ce n'était pas trop compliqué à lire, j'ai fait un très très gros résumé car il y a beaucoup d'autres paramètres qui interviennent mais tout ça pour dire que j'ai vraiment du mal à m'en sortir et que je pense que j'ai besoin de rencontrer des personnes qui ont traversé ce genres d'épreuves et qui ont réussi à vivre à peu près normalement après pour me sentir moins seule.

Merci de m'avoir lue jusqu'au bout si vous arrivez jusque là.

Cerise
11 messages
P
Phelenix
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 19.03.2018 17:20
Bonjour Cerise,

Merci pour ton témoignage qui m'a beaucoup émue. Je comprends ton désarroi déjà. Ce que tu as subi de la part de ce cousin est une agression sexuelle [Edit: au sens psychologique d'acte sexuel qui t'a fait énormément de mal de tes dires. Je ne parle pas d'agression au sens 'légal']. C'est ton ressenti qui parle de lui même en plus du fait que c'est anormal qu'un enfant fasse cela à un autre. Que ton cousin le savait consciemment puisqu'il s'arrangeait pour que vous ne soyez pas vus en public. Je suis assez choquée de voir la perversité de ton cousin et si jeune.

Et quand tu dis que son père a violé ta mère, je ne suis pas surprise car un enfant de 8 ans n'est pas pervers comme ça sans avoir eu un modèle ET DECIDE DE SUIVRE SON MODELE.

En somme, ton oncle est coupable d'avoir violé ta mère et ton cousin (déjà à 8 ans) est RESPONSABLE d'avoir CHOISI de se comporter comme son père. RIEN ne l'obligeait à te violer dans la bouche soit te créer un ressenti de tes mots d'isolation (seule avec ton problème), ta détresse, le réflexe vomitif pendant l'acte.

Ton ressenti EST ce qui te guide dans toute affaire de trauma.

Un évènement neutre comme 'un homme qui pose sa main sur le dessus de ta main' peut prendre un caractère de bienveillance (un père qui rassure son enfant), de tendresse (un compagnon qui réchauffe la main de sa femme) ou d'agression (un homme qui te fait ça et tu ne le veux pas VRAIMENT pour TOI).

Mettre son pénis dans la bouche de quelqu'un n'est pas un acte anodin. Quand c'est le cousin qui fait ça à la cousine c'est de l'inceste. Quand la cousine se sent mal, c'est un viol.

Voilà pour moi comment je tranche. Après ce qui est important, c'est que toi tu te positionnes pour toi. Dans tous les cas, ton cousin a de très gros problèmes de perversion et il en fait le CHOIX d'être ainsi (même à 8 ans). Des pères pervers ou des mères perverses beaucoup de victimes en ont (voire les deux parfois) pour autant toute victime ne devient pas un ou une violeur/violeuse/agresseur sexuel.

Courage à toi, cerise!
G
gilrab
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
Publié le 19.03.2018 19:54
Bonjour Cerise,

Ce qui va suivre n'est que mon opinion bien sûr.

Tu as subi un (des?) viol à partir du moment où tu t'es sentie forcée, ce qui a visiblement été le cas lorsque ton cousin t'as saisi la tête pour forcer la fellation. Le fait d'être tombée "amoureuse" de lui n'enlève rien à cet état de fait. Donc oui, oui, OUI, tu as été violée.

D'autre part, ton cousin est coupable de t'avoir violée, il l'a fait volontairement et consciemment, il n'a pas été forcé à le faire. Seul la notion de responsabilité est peut-être questionnable car à 11 ans, à quel point était-il responsable de telles actions lorsqu'il avait un père violeur pour modèle et dont il dépendait encore à 100% de par son statut d'enfant... Donc, ton cousin est coupable, c'est certain, mais peut-être pas responsable, personnellement je fais une nette distinction entre ces deux choses.

Mais qu'il soit jugé comme responsable ou non, il EST coupable et doit assumer sa culpabilité pour ces actes. Et toi, tu AS été violée, je suis affirmatif à 100% en me basant sur ton récit.

Enfin, et pardonne-moi ce vocabulaire fleuri que je n'ai encore jamais employé sur ce forum, cette psy est c*nne, spécialiste ou pas. L'agression entre enfants existe, elle peut être absolument réelle pour autant que je sache!

Tel est mon avis, pour ce qu'il vaut.

Je te souhaite bon courage sur ton chemin de guérison, Cerise, et je t'envoie mes meilleures pensées.

Bien amicalement,
Gilrab
C
cerise
Inscrit il y a 6 ans / Nouveau / Membre
Publié le 19.03.2018 20:46
Merci tellement pour vos messages !Cela me fait tellement du bien de vous lire que j'en pleure presque devant mon écran...

Phelenix, Girlab : Oui, je pense effectivement que ce cousin est pervers et d'une certaine manière il savait ce qu'il faisait... merci pour vos opinions et vos mots de réconfort !
Mes convictions sont toujours remise en question quand les personnes en face de moi me font remarquer que comme on était des enfants, quand même c'est pas aussi grave ou alors ça compte pas vraiment car un enfant ne peut pas être aussi pervers ou méchant... Effectivement, je pense qu'il a eu un mauvais modèle, comme tu le dis girlab, il n'est sûrement pas vraiment responsable vu les parents qu'il a, mais coupable d'avoir fait ce qu'il a fait... je pense que ça dérange aussi beaucoup de monde de dire qu'un enfant de 11ans puisse être responsable de ce genre d'acte, sauf que derrière c'est la victime qui trinque... merci les repères pour la vie...
le fait de l'entendre d'une professionnelle de santé m'a vraiment fait basculer dans ma tête alors que je pensais que ça c'était clair pour moi !... (car j'ai quand même déposé plainte pour viol sur mineur avec circonstances aggravantes, donc je pensais que c'était reconnu comme tel de la part d'une instance supérieure) Je me rends compte que j'ai encore besoin d'être rassurée, que je ne suis pas folle, que je n'invente pas...

Je ne comprends pas non plus pourquoi, alors qu'il y a une définition qui est très claire du viol, cette psy (qui a travaillé très longtemps à l'hopital auprès de personnes agressées et surtout d'agresseurs) me dit au premier rdv que "ah non mais ça pour moi c'est pas un viol" ? Elle m'a dit qu'elle pensait comme ça et que si ça ne me plaisait pas c'était pareil quoi (ou que en gros on était pas obligées de se revoir si ça ne me plaisait pas) ; j'ai trouvé ça super maladroit... et pourtant elle m'a été recommandée par une autre professionnelle de santé compétente, donc je suis assez surprise... Cette personne m'a d'ailleurs dit que le CMP n'est pas assez compétent à son avis pour traiter mon affaire, il me faut quelqu'un qui est spécialisé pour que ce soit efficace, c'est pour ça qu'elle m'a orienté vers cette psy spécialisée. (oui je suis suivie aussi au cmp car c'était le plus simple pour continuer à être suivie et comme je ne gagne pas bien ma vie, c'était la meilleur solution)
J'ai l'impression de ne pas bien être entourée mais je suis fatiguée de chercher les bonnes personnes car cela prend du temps et de l'énergie et ça me décourage car mon copain en a vraiment marre des problèmes... et moi aussi car j'aimerais que ça aille plus vite ! ...

Je me demandais s'il y avait différents courants de pensées justement sur ce sujet (qu'on ne parle pas de viol entre enfants), j'ai l'impression que tous les professionnels de santé ne sont pas d'accord. J'ai eu quelque fois à faire à ce genre de remarques et comme les paroles des personnes qui nous accompagnent psychologiquement sont vraiment importantes, je me demande justement si cette personne ne serait pas dangereuse pour moi au final ? (ou pour n'importe quelle personne d'ailleurs qui cherche à se reconstruire) Je ne l'ai vu qu'une fois alors j'hésite à continuer, est-ce que je dois voir un 2e rdv avant de me faire une idée définitive ? ... j'ai peur de ne pas me confier en toute confiance sachant qu'elle considère que je n'ai pas été violée (en plus elle a sous entendu que j'étais d'une certaine manière responsable car c'est une histoire de psychisme de l'enfant, de fantasmes et de projections tout ça, j'ai pas bien compris)

D'ailleurs, en parlant de perversité, cet oncle est marié à une femme qui a été violée toute son enfance par son propre père (sa propre mère était au courant mais ne voulait pas intervenir). Cette femme, qui est donc ma tante, n'a jamais été suivie par un(e) psy car elle pensait que c'était pour les faibles. Son père est décédé depuis et elle était bien contente. Mon oncle revendiquait aussi pendant sa jeunesse de "rouler des pelles" à sa soeur également. Cette famille a donc un gros souci mais personne ne veut en prendre conscience... c'est dramatique je pense, et je n'imagine pas comment vont vivre les enfants à venir car mon cousin a eu un enfant et sa soeur a eu des jumelles... j'espère qu'il ne leur arrivera jamais rien dans le genre que j'ai connu...

Je ne dois pas me laisser déstabiliser comme ça mais c'est vrai que j'ai souvent eu le sentiment de devoir me justifier de ce qu'il m'était arrivé, ou bien que les gens en face doutaient de la véracité de mes propos... donc ce matin, je me suis sentie dépossédée de mon histoire, c'était très étrange.

Bref, ce n'est pas évident, merci encore pour vos gentils mots
P
Phelenix
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 19.03.2018 21:37
Je te comprends lorsque tu évoques ton besoin de recevoir l'opinion des autres (psy, etc.) là où tu doutes pour toi. J'ai aussi ce besoin. En fait je crois qu'on l'a tous. Un besoin de partage, d'échange, de validation des pairs, de soutien, de suggestion de façon de faire. D'espoir aussi peut-être de lire qu'un autre dans une situation similaire a fait telle ou telle chose et réussi pour lui, pourquoi pas nous?

Après, j'essaie de me dire qu'une personne qui me dit quelque chose, c'est son opinion, voilà. Et j'aime et essaie de le faire autant que possible quand l'autre précise que 'voilà c'est mon opinion sur ta situation.' Parce que personne ne vit à notre place notre vie mais par contre je trouve désormais profondément appréciable de lire de la part d'autres personnes des commentaires sur mes problèmes, mes doutes, ma vie, aussi de recevoir de leur part des comparaisons avec leur vie.

Ce qui m'embête de la part de ta psy (et je rejoins Gilrab sur le fait que c'est une c*nne), c'est qu'elle IMPOSE son avis dans la façon dont tu rapportes ses propos. Elle ne te SUGGERE pas les choses, elle t'IMPOSE bien lourdement que VOILA C'EST CA ET PAS AUTREMENT alors que tu dis bien que tu vis TRES MAL cet évènement avec ton cousin, que tu insistes sur ta détresse. J'ai l'impression que cette personne manque d'empathie, ne ressent pas ton état de détresse. Et pour un métier de psy où l'empathie est à mon sens une des composantes qui devrait primer, pardon, mais oui, c'est vraiment une grosse c*nne.

Il y a deux choses quand je suis perdue entre ce que je ressens, crois et ce que les autres disent et croient qui me raccrochent à la certitude, à la clarté: les choses que j'ai vues ou entendues décrites de façon neutre (Exemple: j'ai senti ma mère mettre sa main sous ma jupe et ses doigts sur mes fesses). Et mon ressenti. (Exemple: mon coeur s'est serré et j'ai eu un haut le coeur mais je n'ai pas vomi. J'ai bloqué la réaction et j'ai commencé à hurler que je n'aimais pas ça. J'ai alors eu envie de m'exploser le crâne contre le mur. J'ai ainsi oscillé entre absolu dégoût avec le haut le coeur, pulsion de haine et de mort que j'ai retournée par choix contre moi en utilisant une vision où je me voyais m'exploser le crâne contre le mur. A la place d'exploser le crâne de ma mère contre le mur avec mon poing.)

Sur deux terrains tu restes souveraine, incontestée et incontestable: ce que tu as vu et entendu et ressenti. C'est ce que je me dis toujours.

Pour les cas particuliers de souvenirs traumatiques bloqués dans l'amnésie, c'est particulier car je n'ai pas accès pour certain aux images (je les vois mais je ne veux pas encore dire que c'est vraiment arrivé. Par contre les mains aux fesses de ma mère, c'est arrivé. Donc je laisse les souvenirs traumatiques un peu tranquilles, d'ici quelques mois ou années quand ils devront sortir, ils sortiront. Mais je t'invite à faire de même, ne jamais transiger sur les choses qui se sont passées (gestes que tu as vus et pour cela mobiliser tes 5 sens) et ton ressenti (colère, haine, dégoût, agonie, désespoir, confusion, etc.)

Je te mets ici une liste des émotions type qu'on peut ressentir par n'importe quel geste ou mot a priori neutre.
Je te précise que dans le cadre de ma sortie de déni, j'ai dû faire tout un auto-travail de réapprentissage pour apprendre à lire mes émotions. En somme quand je souffrais, ben je ne savais pas que c'était de la souffrance avant ce travail. Aussi quand j'étais furieuse, j'appelais ça 'mécontente'. Je ne savais pas bien analyser ni en nature ni en intensité mes émotions. A force de me questionner sur 'je ressens quoi là dans cette situation?' et parfois de reprendre la liste pour trouver le mot le plus adéquat pour décrire ça, j'ai réussi à pas mal me rééduquer.

https://spiralis.ca/spiralis/wp-content/uploads/2016/06/2016-03_LISTE-S-B.pdf

Courage à toi et prends bien soin de toi!
J
jess17
Inscrit il y a 7 ans / Débutant / Membre
Publié le 20.03.2018 01:30
Oh mon dieu! Je suis véritablement choquée qu'un psy ait osé te dire que ce n'était pas un viol! Ce cousin savait ce qu'il te faisait( puisqu'il t'a demandé le secret) et toi tu ne savais pas réellement ce que cela représentait, au sens où à 8 ans, on ne sait pas ce qu'est la sexualité. Et surtout vu les symptômes que tu décris, tu as bien vécu un traumatisme énorme! Ça me sidère que des psys comme ça existe encore ( des imbéciles qui se basent encore sur les travaux de Kinsey sûrement). Si tu le peux, fais toi conseiller un ou une spécialiste des maltraitances enfantines ou des psycho traumas. Si tu en a la force, parles en à ton généraliste ( en parlant de viol dans l'enfance, sans forcément expliquer toute l'histoire si tu le sens pas), il pourra peut être te conseiller quelqu'un. Quitte à être acerbe, j'ai envie de te dire, ne donne plus un euro à ce charlatan.
J
jess17
Inscrit il y a 7 ans / Débutant / Membre
Publié le 20.03.2018 01:59
Je voulais rajouter que s'il y a eu un précédent en plus dans la famille, à mon sens, ça explique bien des choses. Si tu décides de lire des bouquins sur l'inceste ( particulièrement ceux d'AIVI qui sont très bien faits) tu verra l'hérédité qu'il peut y avoir dans certaines conditions. Les enfants sont effectivement, pour une grosse part, ce qu'on en fait et ce qu'on leur montre ou apprend à une influence non négligeable. Comme ta mère l'a vécu,mon frère à pratiqué sur moi des attouchements qui se sont terminés par un viol. J'avais 5/6 ans et lui 12/13 ans. Mais je me souviens parfaitement bien que notre mère se baladait nue devant nous et avait des rapports sexuels avec des inconnus pratiquement devant nous aussi. Ce qu'il m'a fait n'est pas sortie de nulle part et ce que t'a fait ton cousin non plus. Ensuite, ce n'est pas parce que c'est arrivé entre enfants que ce n'est pas grave. Et à 8 ans, non, désolé, ce n'est pas de la découverte de la sexualité. Il reste vrai que ton cousin était un gosse et que ce qu'il t'as fait découle très probablement de l'attitude de son père. Ce qui fait qu'en cela, on peut estimer que c'est ce père le principal responsable. Il reste tout du moins que tu vis plus que mal ce que ce cousin t'a fait . Vrai aussi, devant les tribunaux, puisqu'il était mineur, il ne risque pas grand chose ( je me suis renseignée aussi, vu mon histoire). Bon courage à toi, non tu n'est pas folle, tu as vécu une horreur, un truc qui ne devrait pas exister. Tu vis des moments incroyablement difficiles et c'est normal, tiens bon, je t'envoie toutes les ondes positives que j'ai en réserve.
M
Melina
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 20.03.2018 09:34
pour moi il est évident aussi que tu as vécu un viol et que ce psy est DANGEREUX,encore un qui prefere protéger les agresseurs !
A 11ans on sait tout de même ce qu'on fait ! ok il a surement subi des choses lui même mais il n'avait pas à reproduire ! c''était bien facile pour lui de profiter d'une gamine de 8ans.
perso je pense avoir subi l'inceste mais être amnésique, et j'ai reproduit certaines choses avec mon frère vers 8 ou 9ans (des frottements habillés), par contre je me souviens très bien qu'à 11ans, mon frère est venu me voir pour me parler de ce qu'on avait fait et que j'avais une honte absolue et que j'avais très bien compris que c'était pas bien et que jamais je n'aurai recommencé à cet âge là.
donc j'estime qu'à 11ans on sait ce qu'on fait
J
jess17
Inscrit il y a 7 ans / Débutant / Membre
Publié le 20.03.2018 10:53
Attention, qu'on se méprenne pas! Je ne dis pas qu'il ne savait pas ce qu'il faisait ( j'ai même écrit au début du message précédent que puisqu'il avait demandé à garder le secret, il savait donc que ce qu'il faisait était moralement répréhensible, et il savait aussi de manière certaine ce qu'était un acte sexuel contrairement à Cerise). Par contre, mon avis, c'est qu'à cet âge, contrairement à un adulte qui fait ce genre de choses, il n'avait pas la maturité pour comprendre l'impact que cela aurait sur Cerise.
W
WiseWacky
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
Publié le 20.03.2018 23:17
Bonsoir

Personnellement j'estime que certains savent ce qu'ils font, et d'autres non, ça ne dépend pas que de l'âge qu'on a. Beaucoup ont sombré dans l'autodestruction et des comportements irrationnels parce qu'ils ou elles n'étaient plus eux(elles)-mêmes. Ma soeur devait avoir 10 ans quand elle s'est allongée sur moi (j'ai 3 ans de moins), et elle a dit des années plus tard avoir été victime, sans plus de détails. On en a jamais parlé, mais je lui pardonnerai plus facilement d'avoir fait ça que de le nier si on en parlait. Les gens sont différents, les situations sont différentes...
J
jess17
Inscrit il y a 7 ans / Débutant / Membre
Publié le 21.03.2018 08:53
Effectivement, c'est sûrement impossible de généraliser. Je ne sais pas ce qui fait que certains agresseurs mineurs ont ou pas des remords suite à l'acte. Je préfère personnellement penser que les enfants même s'il ont conscience que c'est mal ne comprennent pas forcément la portée de leur geste. Peut être que c'est ma manière à moi de supporter ce qui m'est arrivé. Mon frère à avoué de lui même à notre mère ce q'il m'avait fait après que je l'ai confronté, il y a un peu plus d'un an. Rien ne l'obligeait à le faire. Il aurait pu m'accuser de mentir. L'année qui a suivie cette agression, il a fait une tentative de suicide, puis l'année d'après un fugue de 3 mois, ma mère l'a retrouvé à 200 km de chez nous errant dans la rue. En fin d'adolescence, il a été interné 6 mois en unité psychiatrique pour mineurs. Ma mère à tout mis sur le compte d'une adolescence compliquée et ne s'est jamais posé de questions. Il s'est excusé, il porte ce fardeau avec lui, je ne le hais pas mais je refuse d'être en contact avec lui. Le voir me provoque des crises d'angoisse , des flash backs et je ne supporte pas qu'il s'approche de ma fille. Je n'ai pas vraiment de réponses aux questions que je lui ai posé, je ne sais pas s'il a lui même été victime, il n'a pas voulu répondre. Ce que je sais, c'est qu'il a assisté à des scènes traumatisantes dès tout petit entre mes parents ( drogue, alcool, violence conjugale) et d'autres encore avec ma mère seule suite à leur divorce dont moi même j'ai aussi été témoin. Je juge donc d'emblée les parents premiers responsables de ce genre d'événements et souvent ce que j'ai lu sur le sujet allait dans ce sens. Mais peut être ai-je tort.

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