Bonjour Fantome,
En ce qui me concerne, toute petite, j'avais compris que mon père avant des problèmes et souffrait lui aussi.
J'ai donc eu beaucoup de difficultés à cerner les deux faces du personnage : victime et agresseur ! Je ne voyais en lui
qu'une victime - même un enfant victime (alors qu'il était bel et bien adulte au moment des faits et que l'enfant c'était moi, sa fille, âgée de 3 ans...)
Du coup j'ai eu aussi beaucoup de mal à "m'accepter victime" - je disais toujours que "jamais je ne m'étais enfermée dans la victimisation" ! Maintenant, je réalise qu'il y a une différence énorme entre :
- accepter d'avoir été victime et
- s'enfermer dans la victimisation.
Le premier est indispensable pour se reconstruire alors que le second est destructeur !
J'ai actuellement 63 ans. J'ai fait deux thérapies espacées de quelques années avec deux thérapeutes différents. Aucun des deux n'a pris le temps de m'expliquer l'importance de la phase
"s'accepter victime" - dire " OUI, j'ai été victime" ! J'ai découvert cela sur la site d'AIVI. J'ai pris le temps de vivre ainsi en écrivant beaucoup sur le Forum depuis un an, et, maintenant que cette étape est franchie, je ne m'attarde pas dans la victimisation. Je parle et agis en tant que "survivante" de l'inceste. Je trouve que ce qualificatif correspond parfaitement à ce que je ressens.
Nous sommes effectivement majeurs-es (depuis longtemps...) pourtant, nous sommes marqués-ées par notre passé. L'enfant a grandi comme il a pu, sans vrais repères - dans l'insécurité totale et la peur en ce qui me concerne.
Malgré le fait d'être légalement majeure, je me suis plantée plus d'une fois, incapable de reconnaître des personnes qui me voulaient du mal - manipulable à souhait car je ne savais toujours pas voir que l'autre était un adulte (malveillant parfois). Comme avec mon père, je voyais toujours
une personne en difficulté et privilégiais ses intérêts aux dépens des miens ! J'en prenais alors plein la figure !
Ce qui nous est arrivé a faussé notre perception de la vie, des relations aux autres, de nous-mêmes etc.... Lorsque j'avais 15 ans, un religieuse, écrivait sur mon bulletin de notes : "élève trop sérieuse, trop mûre pour son âge, raisonnements trop adultes".... D'autres me reprochaient une certaine immaturité ! Oui, c'était normal ! Tout était faussé !
Je n'en ai jamais voulu à mon père, comprenant qu'il avait souffert. Pourtant, en tant que Maman, je devais comprendre mon histoire et me faire aider en vue d'une sérieuse reconstruction - cesser de me détruire si je voulais voir grandir mes enfants et surtout leur apporter le meilleur de moi-même !
Au sujet de ta Maman, tu écris :
je la comprend et je ne lui en veut pas
Elle a ete marier a 11 ans et a eut son premier enfant a 12
Toi comme moi, sommes libres de ne pas juger ou condamner nos parents (la souffrance ayant marqué leur propre enfance). En parallèle, il est nécessaire d'accepter que leur comportement ait pu nous blesser. Ce qui est essentiel aujourd'hui, là, maintenant c'est toi - ton équilibre à toi - que tu ailles mieux pour toi et ceux que tu aimes.
Voilà une sérieuse étape de franchie et un vrai soulagement lorsque tu écris :
C'est moi,ce lien,c'est moi!
Tiens bon Fantome !