Depuis aussi longtemps que je me souvienne, ma mère me touchait le soir venu, régulièrement, me masturbait frénétiquement... A la maison, la pudeur n'existait pas : mon corps était à la disposition de ma mère, elle avait le droit de le voir nu à n'importe quel moment, sous la douche malgré mes protestations, profitait de mes irritations génitales (dont elle était l'auteure) pour me "soigner". Et surtout, ses caresses dégueulasses... Le pire dans tout cela, c'est que jamais, au grand jamais, je n'ai protesté. Je me suis toujours laissée faire, ni débattre, ni repousser, rien.
Je suis restée avec l'inceste au fond de moi jusqu'à ce que tout me revienne en mémoire, à l'âge de douze ans (soit environ trois à quatre ans après les derniers attouchements) comme un rocher qui m'est tombé sur la tête, alors que je lisais un texte disant que la maltraitance sur enfant n'était pas forcément physique, mais pouvait aussi être sexuelle. J'avais quinze ans lorsque j'ai avoué, d'une manière floue, à ma meilleure amie de l'époque, que j'avais été abusée par ma mère. Ses seules paroles furent "Je m'en doutais", et puis, plus jamais rien. A l'âge de seize ans, alors internée en hôpital psy, j'ai avoué l'abus que j'ai subi à un infirmier, qui l'a ensuite dit aux médecins...
Rien ne s'est fait, je n'ai eu aucune parole encourageante ou validante, rien que des doutes, des remises en cause. Jusqu'à ce qu'une psychiatre, un an plus tard, prévienne les autorités. Je découvre alors qu'une psychologue que je voyais quand j'étais enfant soupçonnait que j'avais été abusée, mais que rien n'a été fait par la suite. L'affaire d'inceste n'a d'ailleurs pas eu de suites non plus...
Ce soir, j' ai envoyé une lettre à ma mère, dans laquelle j'exprime tout ce que je ressens, et dans laquelle j'exprime mon besoin qu'elle avoue ce qu'elle m'a fait, et que c'est n'est qu'ensuite que je pourrai éventuellement lui pardonner... Actuellement, je suis une jeune femme de dix-neuf ans perdue, boulimique, qui vit seule et songe sérieusement à se prostituer. Je ne sais plus que faire, je veux mourir par moments, je me sens hantée par mes vieux démons...
Heureusement que j'ai quelques personnes qui me maintiennent vivante...