Bonjour à tous ceux qui me liront. J'ai 25 ans et je viens vers vous aujourd'hui pour tenter de mettre des mots clairs sur ce que ma mère m'a fait subir. J'ai eu des parents jeunes qui avaient 18 ans à ma naissance. J'ai été spectatrice de leurs violences conjugales de 6 à 16 ans. J'étais terrorisée et effrayée par ces coups sanglants. A cette époque, mon père me battait également, m'insultait. Pendant qu'il m'étranglait, ma mère, en bas de l'escalier, donnait des recommandations: "Pas sur la tête, c'est dangereux!". J'aimais ma mère. Mon père était souvent absent et rentrait tard le soir. Alors ma mère me demandait, lorsque j'avais une dizaine d'année, de venir dans le lit conjugale (lorsque mon père était absent) pour que" l'on se tienne chaud". Elle dormait nue et me disait que c'était agréable. Elle me chatouillait, ses mains allaient partout et je n'aimais pas ça. Je voulais partir de ce lit mais je n'osais pas car elle me disait avoir peur toute seule.
C'était une mère qui se voulait être ma copine, mon père un père qui "dressait" les enfants. Mon père se promenait nu dans la maison et lorsque je lui ai dit, alors que j'avais 12 ans ma gène, il m'a dit que j'étais "prude". A 16 ans, j'ai subi un viol au lycée et ce fut terrible: mes parents refusaient de me croire, ils me battaient, et ont refusé de porter plainte. Le lycée a alors fait un signalement pour le manque de soutien parental et ça allait de plus en plus mal. Je n'étais plus rien qu'une jeune fille anorexique et dépressive qui savait que lorsqu'elle rentrerait le soir elle se ferait battre. Je continuais cependant à être une très bonne élève pour partir de chez mes parents et faire mes études. Je voulais vivre et entreprendre une thérapie. Je suis en thérapie depuis 6 ans avec une très bonne thérapeute mais je n'ai toujours pas pu aborder la question de ma mère et de ce que je vivais dans ce lit le soir. Quels mots mettre sur ce qu'elle me faisait?
je me sens vide et je revis tout cela actuellement.
Merci à tous pour vos réponses.
La prise de parole est très difficile. Elle se heurte à des murs dont on ne connaît pas forcément la profondeur des fondations. Ta thérapeute peut tout entendre : sois en persuadée.
Avoir osé écrire, petit à petit, certains faits sur le forum d'Aivi, m'apporte, doucement, une autre liberté avec ma psy. Mais le fait que ce soit une femme a cela d'incommodant que je ne peux m'empêcher de la comparer à ma mère. Je pourrais comprendre que tu n'aies pas le cran de reprocher devant ta psy ce que tu reproches à ta mère, une sorte d'amalgame se faisant d'office. Parle lui en, dis lui que tu voudrais parler de ta mère mais que tu n'y parviens pas. Tente d'expliquer ce qui te bloque. Ta psy aura les mots qu'ils faut pour que, tôt ou tard, tu puisses aborder avec elle cette question qui te mine.
Tu cherches les mots pour décrire les gestes de ta mère : ta mère te violait, elle violait ton intimité, elle exposait la sienne à tes yeux : elle violait ton innocence.
Tiens bon, ne lâche rien : le meilleur est devant toi, j'ai confiance.