Lettre ouverte

Témoignage Publié le 13.12.2018

Lettre ouverte

Je suis une victime d’inceste.

Quand j’avais environ 7 ans, mon oncle a eu des intentions peu conventionnelles à mon égard.

Un jour, il est venu me chercher pour passer des vacances chez eux. Sur la route, il a commencé à glisser sa main à l’intérieur de ma culotte sans que je ne comprenne quoi que ce soit. Il s’est même stationné sur le côté de la route afin de pouvoir mieux se concentrer sur ce qu’il était en train de faire.

C’était la première d’une série d’événements à venir…

Lors d’un déménagement, il m’enfermât dans sa chambre avec des magazines pornographiques afin de m’initier à la fellation. Complètement dépassée par ce que je voyais, je ne pouvais qu’ouvrir grands les yeux sur ce que je regardais. Quelques minutes plus tard, il est revenu dans la pièce, baissa son pantalon et son caleçon, s’allongea sur le lit et me demanda de pratiquer tout simplement ce que je venais « d’apprendre » contre des Kinders. Je me suis tout bêtement et innocemment mis à lui faire une fellation. Il y prenait du plaisir, il gémissait.

Quelques années plus tard, nous étions chez un autre de mes oncles, en famille. Les hommes jouaient aux palets dehors et nous, les enfants nous les regardions et jouions ensemble. Tout allait bien jusqu’à ce que mes yeux se posent sur une scène de « déjà vu » mais cette fois-ci, ce n’était pas moi la concernée. Un de mes cousines était assise sur le bras d’une remorque, elle était en jupe et mon oncle s’assoit près d’elle pour discrètement passer sa main derrière elle et la glisser sous sa jupe, sous les yeux aveugles de tout le monde sauf les miens.

C’est à ce moment-là que j’ai compris que je n’étais pas la seule… Mais je n’ai rien dit…

A l’adolescence, mon oncle et ma tante m’ont demandé de venir garder mes cousins un soir afin qu’ils puissent sortir. Bien évidemment, je n’ai pas eu d’autre choix que d’accepter car pour mes parents, c’était l’occasion de me faire un peu d’argent de poche. Je suis donc allée là-bas, ils sont partis à leur soirée, j’ai couché mes cousins et ensuite, je suis également allée me coucher. Dans la nuit, je les ai entendu rentrer et d’un coup, j’ai vu la porte de ma chambre s’ouvrir et j’ai entrevu la silhouette de mon oncle dans la lumière qui se touchait le pénis en me regardant pendant que ma tante se préparait pour aller se coucher. Voyant cela à travers mes yeux entrouverts, j’ai fait mine de dormir en espérant qu’il referme rapidement cette porte. Mon cœur battait à 100 à l’heure jusqu’à ce qu’il finisse par s’en aller. Le lendemain matin, alors que j’étais en train de préparer le petit déjeuner des garçons, mon oncle fit irruption dans la cuisine, le peignoir grand ouvert laissant apparaître toute son intimité sous mes yeux. Etant plus grande, je compris que ce qu’il faisait n’était pas correct donc je me suis retournée rapidement. Il s’est alors approché de moi afin de toucher ma poitrine qui était déjà bien avancée pour mon âge. Je l’ai repoussé et je suis retournée voir mes cousins très vite dans le salon afin de lui échapper.

Des années après, j’ai appris que ma cousine et moi n’étions pas les seules à avoir subi ces actes sexuels de la part de mon oncle. A ce jour, je sais que nous sommes au moins 4 cousines et 1 fille qui n’est pas de la famille. 2 d’entre nous ont déjà porté plainte contre lui mais il s’en est sorti qu’avec du sursis. Il est parti vivre à La Réunion en nous laissant avec ce traumatisme physique et psychologique.

Je n’ai jamais porté plainte car je ne voulais pas blesser mon père, ni lui apporter la honte sur notre famille mais je comprends que la honte n’est pas sur nous, les victimes, mais bien sur lui, ce monstre.

Aujourd’hui, mon père est décédé le 13 Août 2018 et il est parti avec ce doute de savoir si sa fille faisait partie des victimes de son frère mais je pense qu’au fond de lui, il l’a toujours su…

Il est temps maintenant de penser à moi et de parler ouvertement et publiquement de ce qu’il s’est passé, de parler de qui il est vraiment afin que les gens, comme certains de la famille, qui ferment les yeux sur cette personne comprennent qu’ils soutiennent non pas un homme, mais bien un monstre sexuel sans cœur qui a brisé plusieurs petites filles.

Il est toujours dans la nature et Dieu seul sait s’il ne continue pas ce qu’il a commencé il y a des années avec nous …