Echanges avec les non survivants

DECEPTION

M
Morefil
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
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Bonsoir, second RDV avec celui qui doit être mon psy référent.
Le vide.
J'attendais que l'on aborde l'inceste, le climat incestueux, que l'on creuse, que l'on en parle.
Néant. Juste quelques mots, alors que c'est la base de mon mal-être.
Nous avons surtout évoqué mes résultats sanguins,"ils ne sont pas si mauvais", ça va l'alcool ne m'a pas encore détruit; j'ai parlé de mon permis de conduire probatoire, que je dois valider par une contre-visite médicale:
"avec vos tests sanguins, aucune chance".
Dommage, c'était la montagne que je m'étais donné de gravir dans les 15 jours à venir.
Merci pour le soutien.
Il m'a appris que mon père avait une attitude perverse. Bien.
J'ai des mois d'avance sur lui, dans la compréhension de mon mal, depuis juin. Que dis-je, des années.
Pour le moment, mon meilleur psychiatre reste mon médecin traitant.
Je suis très déçu; je vais retourner au CMP de ma ville, j'y ai au moins une écoute plus attentive, plus proche.
34 messages
A
*Profil supprimé*
Publié le 26.11.2017 13:41
J'ai eu une psychiatre qui me suivait avant et pendant la révélation de l'inceste subi par ma fille, en direct en somme ... elle m'a beaucoup aidée sur le vif. Après, elle m'a demandé de chercher une autre psy, parce qu'elle ne pouvait plus continuer. J'ai trouvé ça honnête et normal.
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 26.11.2017 13:44
Wow elle était bien dis-donc ta psy, Françoise.

En effet, bien pro et bien honnête.
A
*Profil supprimé*
Publié le 26.11.2017 18:25
Oui ça existe. Elle travaillait dans le privé.
C'est la psychiatre suivante, en CMP, que j'ai contactée pour affronter le procès (pour aider ma fille, j'ai pensé mieux d'être soutenue ...) qui a évoqué l'inceste probable subi par ma mère.
Elle m'a beaucoup aidée, longtemps.
Et quand elle a quitté pour prendre un poste vers les enfants, je n'avais plus trop besoin, mais elle m'a dit de la recontacter si besoin ...
Ce que j'ai fait quand ma fille a eu des retours d'amnésie et sur ses conseils, je suis suivie par une psychologue toujours au CMP.

Le tout premier psychiatre que j'ai vu était destiné à mon (pas encore ex-)mari, adressé par mon médecin traitant, (pas encore ex-)mari qui lui n'a pas voulu venir et ce premier psychiatre m'a dit avec raison que si lui ne voulait pas, ce serait bien que je prenne soin de moi et que pour lui, à mon grand étonnement, le problème c'était ma mère ... J'ai un souvenir très douloureux de ces entretiens, parce qu'à chaque fois que je croyais comprendre et essayais de reconstruire ma vie, comme un bon petit soldat qui positive à tout prix, j'avais l'impression en sortant qu'il rouvrait et taillait à vif ... mais avec le recul, il a percé l'abcès et ce n'était pas de la tarte quand on est dans l'ignorance et le déni mêlés.
Après quoi, le divorce s'est mis en route ... et je me suis soignée tout en assumant tant bien que mal les quatre enfants.
P
Patrick.L
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
Publié le 26.11.2017 20:16
chère Françoise,

Si vous pensez du bien d'une psy n'hésitez pas à le dire dans l'annuaire des pros (soit en ajoutant un commentaire soit en soumettant ses nom et adresse). C'est un outil d'entraide essentiel pour beaucoup de nos membres.

merci par avance

bien à vous
Patrick
A
*Profil supprimé*
Publié le 26.11.2017 20:36
Le problème est que son poste a changé des adultes aux enfants (hôpital de Saint-Cyr au Mont d'Or 69)
D
Découragée
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 27.11.2017 12:08
Bonjour morefil,

J'ai envie de te répondre depuis un certain temps, sur la question des psychiatres. Et je vais te faire remonter le post initié par pfff où je me suis un peu lachée sur le sujet.


La psychiatrie, reçoit, depuis qu'elle existe, des patient.e.s traumatisés par l’inceste. Mutilation, anorexie, boulimie, tentatives de suicide, addictions à l'alcool ou aux drogues, bouffée délirantes. Et la psychiatrie ne voit rien. Ou ne veut pas voir. Et quand les faits d'inceste sont connue et dits par la. le patient.e , elle ne sait même pas faire le lien. Ce qui est le cas de ton psychiatre. Et le cas du mien. Et celui d'une trés grande majorité. Elle met une case : "shyzohrénie", "bipolarioté", "depression", mais ne veut pas voir que ça vient de l'enfance, ce malaise, que ça vient de l'inceste, de viols. Ca fait des dégâts énormes. On se sent juste folle ou fou, anormal, sans comprendre ce qui nous a mené là.

Pour ma part je me suis usée à essayer d'ouvrir les yeux à mon psychaitre, pendant plus d'un an. Tant d'énergie pour rien , que j’aurais pu passer ailleurs.

J'ai un traitement, assez lourd, pour l’instant je ne peux pas faire sans. J'ai rarement fait sans rien depuis mes 20 ans. Mais..je sais pourquoi, et aucun "soi niant" ne me fera croire autre chose.


Alors blinde toi, n'attends pas de ton psychiatre qu'il t'aide par rapport à ton vécu, tu vas te fatiguer. Tu as la chance d'avoir un généraliste sensibilisé. Super! Vraiment, c'est rare, garde le précieusement. Maintenant peut-être que, comme moi, tu devrais chercher du côté des psychologues. Et de psychologue qui connaissent l'inceste ou les maltraitances.
Dans ton département il doit exister une association d'aide aux victimes (AIV). Tu peux demander un rdv, avec un.e psychologue. Ils ne font pas de suivi, en général, par contre ils ont des noms de psychologue à donner. Moi c'est comme ça que j'ai fini par procéder, après des mois d'errances et de recherches vaines.

Bon courage sur ton chemin de trouver une aide appropriée, tu vas y arriver.
A
*Profil supprimé*
Publié le 27.11.2017 18:55
Je crois vraiment avoir eu de la chance dans mes rencontres avec le monde des psys ...
D
Découragée
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 27.11.2017 21:52
Oui je le pense.
Les rares psychologues pu psychiatres sensibilisés à l'inceste se sentent bien seuls. Ce sont eux-même qu'il le disent.

Depuis..28 ans que je traine mon mon très grand mal être en psychiatrie, je n'ai jamais rencontré personne qui se soit posé des questions, qui m'est tendu une perche.

D'accord, j'étais en amnésie. Mais quand même, il y avait les symptômes.

Ce débat suite au telefilm fait d'après l'histoire de Flavie Flamment m'a encore rappelé ça, mis les larmes aux yeux, devant ces psys qui eux, ont bien vu le problème. Mais comment personne n'a pus voir avant! J'en ai pleuré et j'en pleure encore.
le lien vers ce débat

Et même ensuite, quand j'ai recollé les morceau du puzzle...rien en face. Des demandes de preuves, de détails, pour être sur. Quand j'ai demandé à mon psychiatre s'il me croyait, j'avais besoin qu'il me croie, il m'a dit, ça n'a pas d'importance. Ce qui est important c'est ce que vous en dites, mais la réalité, ce qui s'est passé, n'a pas d'importance. Pour moi, si, une importance énorme. Je m'en suis rendue malade. a essayer de le convaincre. Et j'ai laissé tombé. Mais du coup, quand je le vois, je n'ai rien à lui dire, je reste mutique. Il renouvelle mon ordo, au eu revoir. C'est triste

On m'a raconté, il y a peu, l'histoire de l'hospitalisation en psychiatrie de nikki de saint phalle. Violée par son père, elle se retrouve en psychiatrie. Son père, pris de remord, rédige une lettre d'aveux. Elle la montre à son psychiatre...qui la prends et brule aussitot! disant que pour lui, ça n'est pas possible qu'in tel père fasse cela à sa fille.

Une des lutte qu'on a à mener est la meilleure formation des psychologues, psychiatres et même généralistes sur le sujet. Muriel Salmona en a fait une bataille. Les enquêtes la dessus sont consternants. C'est comme si l'inceste ou les violences sexuelles sur enfant n'existaient pas, ou n’étaient pas ne liées avec les difficultés de vie.
C'est vertigineux.
Même si il y a quelques avançées.
P
Patrick.L
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
Publié le 27.11.2017 21:56
Il reste un chantier tellement immense pour bien former les professionnels aux traumatismes infantiles et à leurs conséquences à long terme... Ce dont des recherches relativement récentes (les premiers papiers de Feletti sur l'étude ACE datent de 1997) et encore très peu connues en France en-dehors de quelques formations comme le DU de victimologie de Paris V. C'est un peu comme le tabac dans les années 1930 (il y a beaucoup de médecins qui recommandaient à leurs patients de fumer !), et c'est décourageant en effet. Il faudra du temps...

bien à vous
A
Adèle9
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 27.11.2017 22:18
Bonsoir Découragée,

Je fais partie des soignantes formées à recueillir la parole des victimes de violences physiques psychiques et sexuelles. Je reconnais que nous sommes trop peu nombreu(es)x à être formé(e)s. Je conseille à mes collègues le livre du Dr Salmona : le livre noir des violences sexuelles. Je pense que tous les soignants devraient le lire. Je sensibilise les jeunes soignant(e)s, aux dégâts des violences. Je fais ce que je peux à mon niveau et sache que certains discours me font bondir et réagir.Certains de mes collègues ont un DU de victimologie et vont former des professionnels de l'établissement ou je travaille. C'est une avancée....

Prends soin de toi. Je te souhaite de belles rencontres dans ton parcours de soin.

Chaleureusement.

Adèle.

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