Echanges avec les non survivants

DECEPTION

M
Morefil
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
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Bonsoir, second RDV avec celui qui doit être mon psy référent.
Le vide.
J'attendais que l'on aborde l'inceste, le climat incestueux, que l'on creuse, que l'on en parle.
Néant. Juste quelques mots, alors que c'est la base de mon mal-être.
Nous avons surtout évoqué mes résultats sanguins,"ils ne sont pas si mauvais", ça va l'alcool ne m'a pas encore détruit; j'ai parlé de mon permis de conduire probatoire, que je dois valider par une contre-visite médicale:
"avec vos tests sanguins, aucune chance".
Dommage, c'était la montagne que je m'étais donné de gravir dans les 15 jours à venir.
Merci pour le soutien.
Il m'a appris que mon père avait une attitude perverse. Bien.
J'ai des mois d'avance sur lui, dans la compréhension de mon mal, depuis juin. Que dis-je, des années.
Pour le moment, mon meilleur psychiatre reste mon médecin traitant.
Je suis très déçu; je vais retourner au CMP de ma ville, j'y ai au moins une écoute plus attentive, plus proche.
34 messages
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 27.11.2017 22:45
Bonsoir

Concernant tout l'univers de la traumatologie, j'avoue que je préfère la façon de faire de Cyrinne ben Mamou.


Cette personne est fortement reconstruite et est vraiment un digne exemple de personne reconstruite à mon sens.

Aussi j'aime beaucoup son approche psychologique et physiologique, elle explique à juste titre qu'on ne peut pas se reconstruire vraiment d'un trauma par la psychologie uniquement et qu'en réalité c'est aussi d'abord par le corps qu'on va se reconstruire.
Car dans le cas d'un traumatisme, ce qu'il se passe c'est que le corps ne fonctionne plus normalement et envoie en permanence de façon erratique aux cerveaux aussi des signaux pour lui dire qu'il y a des problèmes de danger autour (alors que non 99% du temps dans la vie normale) et le cerveau disjoncté renvoie des signaux de danger à son tour dans un ping pong infini.

Vraiment bien plus encore que Muriel Salmona dont je reconnais la qualité du travail, c'est vraiment Cyrinne ben Mamou qui m'inspire à la fois dans son approche et dans son exemple de personne reconstruite. Comme on dit quand on croit vraiment quelque chose et qu'on va jusqu'au bout, on en devient la vitrine.

Sa vidéo sur 'comprendre le traumatisme' est vraiment une révélation des derniers jours. Je n'ai pas fini d'explorer ni apprécier toute la richesse de son travail.
A
Adèle9
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 27.11.2017 23:01
Bonsoir Phelenix,

Je ne connais pas Cyrinne Ben Mamou, j'irai voir sa vidéo... Merci pour le partage.
Je suis d'accord qu'il faut passer par un travail psycho-corporel pour se reconstruire.

Prends soin de toi.

Chaleureusement.

Adèle.
D
Découragée
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 27.11.2017 23:02
Bonsoir adèle.

Ca me fait penser que j'ai, un jour, toujours dans ma tentative de me faire comprendre de mon psychiatre, apporté avec moi à la consultation le livre noir des violences sexuelles, j'avais pris soin de mettre des post-il et de souligner les passage que je voulais qu'il lise.

Il a eu l'air de se demander ce que je lui voulait, d’ailleurs je crois qu'il me l'a demandé les fois suivantes.
Il l'a pris, sans doutes pour rester dans sa position de "bienveillance" mais je sentais bien qu'il ne savait pas quoi en faire, que c'était uniquement pour ne pas me choquer.
Il me l'a rendu, la fois d'après, il ne l'aura pas lu. Sans doutes pour lui, un patient n'a rien à apprendre en terme de connaissances psy à un psychiatre qui a fait x années d'études...

Pourtant il n'est pas pire qu'un autre. Mais il y a un tel déni, c'est à peine croyable. Et c'est vraiment regrettable car ce sont vers les soignants justement que les patients se tournent, pleins d'espoir.
Mais on leur renvoie à la figure soit l’incrédulité, soit le doute (faux souvenirs (sic!)), soit le déni. Et c'est dramatique.
Et dans les cas où la personne est amnésique, comme ma soeur, là c'est la case psychose, dépression ou autre, institution à vie.

Je sais qu'il y a des avancées, et tant mieux, mais à part Paris dans les centres de psycho trauma, on reste quand même il faut bien le dire, avec une écrasante majorité de soignants qui ne peuvent ou ne veulent pas voir.
Et ils ont le pouvoir, face à un patient ils sont en position de sachant, d'autorité. On a tellement peu confiance en nous qu'on s'en remet à eux. Beaucoup de dégâts.
D
Découragée
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 27.11.2017 23:12
Phelenix, je ne connais pas non plus Cyrinne Ben Mamou.

Mais ne pour ma part je ne parllais pas des approches différentes mais du travail pour sensibiliser tout le monde médical à l'inceste.
Je pense plutôt à ces milliers de personnes, comme moi, comme morefil,ou que j'ai pu croiser dans les hopitaux, qui se retrouvent en psychiatrie parce que trop mal, et parce qu'elle cherchent une aide et qui au final en ressortent moins bien.

Et à toutes ces personnes encore en amnésie, comme ma sœur, étiquetées psychotique, en incapacité de vivre seule, en institution, qui en fait son tout simplement des victimes d'un inceste destructeur, mais que personne n'entend ni ne vois, tout comme ce fut le cas dans leur enfance, dans leur famille. Leurs symptômes sont criants mais personne ne s'y arrête, même pas 5 minutes.
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 27.11.2017 23:20
Oui Découragée.
L'inceste est un trauma et une suite de traumas aussi souvent parce que la famille 'collabore'.
C'est la traumato qui m'a aidée pour les problèmes avec ma mère et pour le viol aussi.

Tout le travail actuel sur la traumato m'aide à sortir encore plus de mon déni.
A comprendre comment enfin tacler les angoisses efficacement, retrouver ma connexion au corps.

La psychiatrie, c'est toujours une affaire de personne nominativement comme tout, il y a de bons professionnels qui savent se rendre imperméables aux émotions de leurs patients et donc protéger leurs patients. Le truc c'est de trouver ces bons pros. J'ai mis 10 ans pour trouver une bonne psychologue et un bon psychiatre.
Et les ressources en ligne de psychologue et chercheurs en traumato/psycho m'ont fait encore plus de bien. A l'heure d'Internet c'est ça aussi qui est génial, pour avoir des conseils en plus de ceux de ma psy, j'ai les psys d'Internet et eux aussi je les choisis.
A
*Profil supprimé*
Publié le 27.11.2017 23:51
Je pense qu'on avance ...

Ce soir, vers 17h sur France info écouté dans la voiture, ça parlait d'une pièce tirée du film Festen (avec une nouvelle version du film projetée simultanément pour les spectateurs de la pièce). La personne, le cinéaste je crois, expliquait bien le thème du film-théâtre : l'annonce de l'inceste qui a causé le suicide de la fille, annonce révélée par le frère (lui aussi incestué au milieu d'une réunion de famille pour fêter le patriarche ...

Et puis peu après, un juriste expliquait que la présomption de non consentement n'existait pas actuellement en France, mais existait dans d'autres pays renversant la charge de la preuve du consentement par l'auteur et que dans certains pays, cette présomption de non consentement du mineur était irréfragable, c'est-à-dire établie automatiquement sans possibilité de la réfuter ... Cette personne expliquait encore que les auteurs souvent ne nient pas les faits, mais jouent sur le consentement de leur victime ... Cette personne expliquait enfin que le vide juridique sur l'inceste était encore plus sidéral puisqu'aux termes de la loi actuelle, un enfant victime d'inceste pouvait être légalement considéré comme ayant consenti à son inceste ...

Le mot et les développements autour de de l'inceste sur une chaîne nationale aux heures de grande écoute, c'est un grand pas en avant.
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 28.11.2017 00:02
ça me fera toujours halluciner qu'on puisse dire qu'un gosse (oui oui) de 18 ans est consentant.

Un gosse de 18 ans qui était encore à l'école primaire il y a 7 ans. Et qui n'a aucun vécu, aucune expérience de la vie si ce n'est de la maison et de l'école grosso modo.

Et il y en a qui osent donc dire que ces gosses sont avec cette expérience artificielle de l'école et de la maison à même de juger de leurs vraies envies, et besoins. Capables de bien identifier aussi leurs émotions assez bien aussi pour juger que là ils ont trop de mal pour rester dans une relation.

Parce qu'au fond dire qu'un mineur est consentant, ça se résume bien à tout cela: estimer que le mineur a assez d'expérience de la vie et de connaissance précise de lui pour reconnaître quand il souffre trop avec un adulte et qu'il a aussi le pouvoir de mettre fin à la relation.

Je suis furieuse que certains puissent dire qu'un mineur est 'consentant'. Conditionné par la télé, le milieu familial et l'école à pas trop se connaître, ça oui, et faire des choix pas trop en accord avec lui, ça oui. Alors une relation avec un adulte! Quel 'choix'! Et quelles conséquences délétères prévisibles.

J'espère que vraiment les insconscients qui parlent de gosses consentants vont consulter de VRAIS spécialistes de l'humain avant de tenter de faire passer des torchons à l'Assemblée.

Je m'énerve pas souvent mais là désolée, j'avais besoin d'ouvrir les vannes.
G
gilrab
Inscrit il y a 9 ans / Actif / Membre
Publié le 01.12.2017 10:22
Bonjour,

Je m'adresse ici tout particulièrement à Morefil. Je ne passe que rarement sur le site en ce moment car je suis débordé de travail, mais je viens de lire avec grand intérêt un post que tu as écrit il y a une petite semaine, Morefil.

Tu y mets : "J'ai vu mon médecin traitant aujourd'hui, [...] nous avons cessé l'hypnose, il estime que je suis encore trop dans les traumas, et que son travail ne me serait d'aucune aide pour le moment."

Je suis heureux que la relation que tu as avec ton médecin t'aide beaucoup, toutefois, si ce qu'il voulait dire est que les traumas sont encore trop présents en toi, permets-moi de ne pas être d'accord du tout avec ton médecin sur ce point précis, je pense que ce qu'il t'a dit là est archi-faux. C'est même l'opposé. C'est PARCE QUE tu as tous ces traumas que le travail avec l'hypnose sera efficace, et en plus avec le plus de douceur possible !

Il est très rare que je donne mon opinion avec tant d'assurance, je pense même que je ne l'ai jamais fait, mais vraiment, tout ce que j'ai vécu ces derniers mois et tout ce que j'apprends en formation en ce moment même me hurlent que l'hypnose est JUSTEMENT ce qui va le mieux aider à travailler les traumas en visant le "zéro souffrance" (enfin, presque, hein). En tout cas c'est ce que j'apprends, ce que je pratique et ce que j'ai vécu à travers ma formation d'hypnothérapie conversationnelle stratégique et PTR. Je te suggère de visiter le site de l'IMHEB à https://www.imheb.be/therapies-breves-hypnose-conversationnelle-strategique/traitement-traumas/ pour te faire une idée.

Je n'ai pas pu (ni voulu) résister à t'écrire cela car vraiment, bien que nous soyons évidemment tous différents, je sais avec une certitude intérieure très forte que l'hypnose telle que je l'apprends, spécifiquement orientée vers le traitement des traumatismes, peut aider tellement, tellement de personnes qui vivent dans l'horreur pendant tant d'années.

J'espère que tu m'excuseras d'être intervenu dans ton post d'une manière qui pourrait sembler à certains un peu cavalière.

Bien amicalement,
Gilrab
A
Aannaa
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 01.12.2017 11:07
Bonjour à tous,
Concernant l'hypnose je n'ai pas encore sauté le pas, ma psychologue pense pourtant que ca pourrait m'aider à gérer mes symptômes de stress post traumatique.
En fait je me pose là question suivante... et ca me bloque.
Est-ce que le fait d'avoir fait des séances d'hypnose peut m'être reproché lors d'un éventuel futur procès dans le sens où on peut incinuer que des faux souvenirs viendraient de là?
Avez-vous déjà entendu parler de ça? Qu'en pensez-vous?
J'insiste sur le fait que ma psy ne veut pas pratiquer l'hypnose afin de raviver mes souvenirs ma mais pour que j'aille mieux.
Mon but pour le moment Cest d'aller mieux pas (Encore...) de mener un procès, mais ca me mettrait en rogne qu'on utilise cet argument pour démonter ma parole.
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 01.12.2017 12:35
Bonjour à tous,

@gilrab,
merci pour ce post. Je n'avais pas osé te poser la question justement sur ce point d'être trop agité pour pouvoir quand même essayer l'hypnose. J'ai vu une hypnothérapeute il y a un mois et qui m'avait dit que j'étais trop agitée.

@ Aannaa,
justement en parlant de souvenirs inventés, cette thérapeute finissait certaines de mes phrases avec ses idées (et je devais lui dire que 'non ce n'est pas ça' et rajouter mon idée pour le coup). Elle jugeait aussi du caractère bienveillant ou pas des personnes qui m'entouraient à partir d'une anecdote sur eux et sans que je ne pose moi-même de jugement, m'y refusant et la reprenant à ce sujet: je cherchais à COMPRENDRE pourquoi les gens autour de moi agissaient ainsi, pas juger.

Je ne sais pas pour sûr pour les histoires de faux souvenirs, pour être honnête, il faudrait vraiment PROUVER que le psy fait de la suggestion (à moins d'être là pendant les séances avec une caméra?!)

La théorie des faux souvenirs ne fait pas unanimité de ce que je lis. Il y a tellement de travaux sur le post-trauma et l'amnésie traumatique.

J'insiste sur le fait que ma psy ne veut pas pratiquer l'hypnose afin de raviver mes souvenirs ma mais pour que j'aille mieux.


Faire remonter des souvenirs de ce que je lis, c'est aider à les réexplorer avec leur lot d'émotions brutes et pouvoir les vider et donc se guérir un peu plus.


Pour le procès, tu le dis, tu n'es pas encore tout à fait prête, donc c'est normal que tu aies ton lot d'interrogations, d'anxiété et de craintes.
A moins de constituer à fond ton dossier, sinon ça me paraît difficile de vraiment pouvoir se positionner sur une histoire de faux souvenirs qui pourrait venir le couler.

Si ton dossier est béton et que mentalement tu es dans l'affirmation de toi renforcée, peut-être que ce genre de considérations psychologiques hypothétiques généralisable à tout cas sur les faux souvenirs ne tiendra pas. Si cet argument fort généraliste peut être retenu en justice, il faudrait voir surtout s'il est applicable à toi, et pour ça je dirais qu'il te faut surtout le premier élément du puzzle: ton dossier entièrement constitué. Je n'ai aucune expérience en justice, je sors à peine d'amnésie. Ce n'est que mon avis sur cette question. Chaque cas étant unique, je dirais que le passé peut éclairer l'avenir mais pas pour sûr le déterminer. Je pense qu'en justice aussi il y a des variations au cas par cas.

Je te souhaite de te faire ton propre avis et que ce que tu choisisses t'apporte dans tous les cas du soulagement.

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