Echanges avec les non survivants

Inceste vécu et un autre doute

M
moogli
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
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Oui, pour comprendre je veux bien savoir plus ce qu'en disent les thérapeutes. Mais déjà je suis très curieuse de cet argument des faux souvenirs avec l'hypnose. D'abord parce que c'est un argument qui historiquement est mis en avant pas les sceptiques de la mémoire traumatique et ceux qui nient la réalité des violences sexuelles. Bien pratique, ils invoquent les faux souvenirs. Les traumatologues sérieux savent bien que les souvenirs liés à la mémoire traumatique prennent une forme spécifique à l'expression des traumas et ne peuvent être ni simulés ni construits, de par leur nature même ils n'ont pas une forme construite qui s'exprime de façon autobiographique. En quelque sortes, le patient s'exprime par la perception des signaux de son corps, des bribes d'images et tous autres indices sensoriels qu'il faut décoder dans une démarche thérapeutique approfondie. Et quand bien même le souvenir apparait dans un éclair évident, ce qui peut arriver, tout un faisceau d'indices d'ordres traumatiques permet de replacer l'information dans une vérité traumatique, sans aucun doute. Les spécialistes travaille sur l'activation du réseau mémoriel qu'ils sont seuls à savoir exploiter dans des procédures spécifiques pour faire jour ou faire sens aux traumas. C'est donc un fantasme la plupart du temps de parler de faux souvenirs.
Par ailleurs, je trouve que pour nous le doute est une souffrance supplémentaire à nos traumas et pour cela j'ai envie de te dire de te faire confiance et de suivre ta boussole qui t'informe de quelque chose à creuser. Nous savons à un niveau plus profond que notre conscience, notre corps sait, il nous faut découvrir parfois la vérité, et nous sommes en réalité les seules à la posséder.
32 messages
A
ashengoulit
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 12.12.2018 19:14
Bonjour,

Je pense que ton art-thérapeute n'est pas très maligne et semble ne pas connaître la problématique de l'inceste, et surtout ne pas se renseigner alors qu'elle te suit. Pour moi, un professionnel n'est pas censé tout savoir, mais par contre, la formation se fait tout au long de leur pratique et là, elle semble ne pas se former pour t'accompagner au mieux.
Penses-tu vraiment que de lui-même un enfant se glisse dans le lit de son père, dans le dos de sa mère, pour lui demander des massages et lui en faire? Ne penses-tu pas que c'est justement la stratégie adoptée par beaucoup d'agresseur afin de pouvoir continuer à vivre en sachant avoir commis un tel acte? Les agresseurs sont eux aussi en conflit interne entre leurs désirs et les interdits sociétaux. Le fait de mettre en place un fonctionnement qui fait que l'enfant va de lui-même voir son agresseur, les aide à pouvoir accepter psychiquement le fait de passer à l'acte. En gros, ce n'est pas de leur faute puisque c'est l'enfant qui est demandeur.
De plus, ceci met également le trouble dans la tête de l'enfant qui se sent coupable et donc qui préfère se taire. Sauf qu'en réalité, un enfant a besoin d'affection. Il va voir sa mère ou son père pour un câlin, ce qui est normal. Si l'enfant demande à dépasser certaines limites, ce n'est pas normal. De lui-même, l'enfant n'est pas sexualisé, en tout cas pas de la même façon qu'un adulte. Si l'enfant demande de l'attention sexuelle sur le mode adulte, c'est qu'il a vécu ou vu quelque chose qu'il n'aurait pas du. Donc, quand cela arrive, le rôle de l'adulte est de repousser l'enfant et d'investiguer. Un adulte qui répond à une demande sexualisée d'un enfant est en tort.
Moi aussi j'allais de moi-même voir mon agresseur, car je voulais jouer à la sorcière (il portait un balai au travers la pièce avec moi à califourchon dessus comme si je volais), mais cela faisait un peu mal à l'entrejambe, il fallait donc se préparer avant de voler et il me tripotait pour préparer, pour que j'ai moins mal quand j'étais à califourchon sur la balai. En vérité, cela ne faisait pas mal (à califourchon sur le balai), ce qui faisait mal c'est ce qu'il me faisait. Donc en fait, c'est moi qui allait vers lui mais seulement parce pour jouer à cela il fallait en passer par là. Je me suis aussi sentie coupable car c'est moi qui allait vers lui. Mais en aucun cas je ne voulais ce qu'il faisait.
Dans ton cas, peut-être que c'était la seule façon qu'avait ton père de te donner de l'affection et que parfois tu avais besoin de l'amour de ton père.
Moi, personnellement, mon père n'a jamais eu aucun geste déplacé envers moi, mais aucun geste d'amour non plus. Et saches que s'il m'avait montré de l'amour seulement de cette façon, moi aussi je serais allée voir mon père dans son lit, car un enfant est toujours en demande de gestes d'affection.
M
Melina
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 12.12.2018 20:57
je trouve ça un peu bizarre mais après c'est à toi de voir... je me vois mal demander un massage à mes gamines par exemple, encore moins "en cachette".
N'y a t'il pas eu un côté incestuel auprès de tes parents, une absence de limites ? tu sais que dans les familles ou il y a inceste ou violences sexuelles par quelqu'un d'extérieur a la famille, souvent les parents ont des dysfonctionnements qui entraînent que leur enfant soit plus ou moins une proie idéale.
Si tu le sens pas avec cette thérapeute, tu es libre d’arrêter quand tu le souhaites, ce n'est pas la peine de persévérer non plus
A
ashengoulit
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 12.12.2018 22:15
Pour moi il est clair qu'un enfant ne doit pas aller seul dans le lit de son père et l'inverse est vrai aussi, un parent ne doit pas rejoindre un enfant dans son lit.

Ensuite, je pense qu'il faut vraiment que tu te demandes si le travail avec cette art-thérapeute te convient. Si ce n'est pas le cas arrête. Si ses séances ne t'apportent rien, cela ne te convient pas. Cela ne veut pas dire que l'art-thérapie ne te convient pas mais peut-être juste que ce n'est pas la bonne personne avec qui tu dois travailler.
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 13.12.2018 00:17
J'ai mis un peu de temps dans mon histoire pour comprendre que parfois ce n'est pas tellement le type de geste qui en soi est un problème que l'impact que ça a eu sur moi et doublé souvent du fait que je n'ai pas été autorisée à dire mon mal-être et n'ai donc pas été réparée psychologiquement d'un acte de mon parent sur moi.

Par exemple ma mère "jouait" seule en mettant sa main sous ma jupe contre mes fesses et ma culotte. Objectivement je trouve que c'est une "agression" parce que déjà c'est à mon sens inacceptable de faire cela à n'importe quel être humain (son compagnon aussi). En plus dans mon histoire, ma mère a aussi répété les actes donc il y a un facteur traumatique aggravant pour l'ado que j'étais: la répétition. Et encore plus traumatique aussi quand des années plus tard j'ai essayé d'obtenir de sa part une reconnaissance que ce n'étaient pas des gestes de respect de sa part, elle m'a dit qu'elle ne faisait jamais rien de mal mais que c'était moi le problème, qui faisait mal. Donc troisième circonstance aggravante dans ma situation, un refus de reconnaissance que l'autre m'a manqué de respect au point de pouvoir qualifier cela pour moi de violence et carrément d'agression.

Et donc en fait là dans mon exemple ce geste de main aux fesses de ma mère est objectivement un geste de manque de respect total, dans aucun contexe je ne peux concevoir que quelqu'un se glisse derrière un autre et lui met la main aux fesses sous la jupe et que l'autre vive "plutôt bien" la chose. Je pense que dans 99% des cas il y aura un fond de blessure fort. En tout cas dans aucun contexte entre un parent et son enfant.

Par contre avec des gestes et comportements maternels autres, ce qui moi me pose problème ce n'est pas tant le geste en soi que comment je l'ai vécu (très douloureusement) et encore une fois en plus pour couronner le tout le manque de reconnaissance de sa part elle ne veut pas écouter que j'ai souffert de son comportement.

Par exemple, ma mère me laissait venir dans son lit quand j'avais 8 ans par là, mon père était en déplacement pour le travail régulièrement le weekend et je le "remplaçais" dans le lit conjugal. Et franchement avec le recul je trouve ça problématique car aussi ma mère était une personne complètement dépressive qui se retrouvait dans des états très choquants pour un enfant (et même difficiles à gérer par la suite quand j'étais adulte) où elle était là sur le dos à regarder le plafond et à ne rien dire, les yeux dans le vague et moi j'avais l'impression à côté d'elle qu'elle était en train de mourir et devenir froide alors je mettais mon corps contre elle et j'essayais dans ma tête de faire ce que j'appelais la consoler, la réconforter. En somme la sauver psychologiquement. Elle souffrait très probablement d'une forme existentielle de dépression dans laquelle elle s'autoentretenait encore il y a 2 ans à 65 ans (et qu'elle refusait aussi de soigner engoncée dans son arrogance à répéter qu'elle n'avait besoin de rien ni de personne pour faire ce qu'elle avait à faire)

En soi le comportement de ma mère de me laisser venir dans son lit n'est pas je trouve trop grave, ce n'est vraiment pas une bonne chose je pense si c'est trop souvent car ça ne marque pas les limites sainement mais si on en parlait 5 minutes aujourd'hui je sais que je ferais vite la paix sur ça. Là où par contre je mettrai probablement encore des années et des années peut-être aussi en thérapie d'ici quelques temps pour me remettre des chocs répétés répétitifs de ses mains aux fesses et aussi de ses nudités complètes dans une atmosphère humide et étouffante de salle de bain qui me choque encore à l'écrire ici et là aussi répété pendant plus de 20 ans à raison de deux fois par jour (ma mère étant aussi un tyran du contrôle, à la maison les jours se succèdaient et se ressemblaient ainsi que les mois et les années et donc les agressions aussi.)
Tout ça pour dire que ce qui m'importe ce n'est pas toujours tant le comportement en soi (respectueux ou pas objectivement) mais comme je l'ai vécu (mal) et que je n'ai pas eu de reconnaissance sincère en face par la personne qui a eu ce comportement, ma mère.

En somme dans mon histoire ce qui m'importe désormais c'est vraiment de pouvoir affirmer que j'ai souffert par des gestes de ma mère, qu'ils soient objectivement parfois des agressions, oui tout à fait (des gestes beaucoup trop violents pour être supportés par un enfant et que ma mère aurait dû avoir le respect de ne jamais m'imposer); ou des gestes de maladresse et d'erreur profonds qui m'ont occasionnés des chocs psychologiques parfois là aussi répétés.
Et ce qui m'importe aussi mais que malheureusement je n'obtiendrai probablement jamais d'elle comme encore il y a 2 ans elle était dans sa logique que "ce sont les autres qui lui font mal et pas elle"; mais bien entendu ce serait d'obtenir sa reconnaissance sous ce genre de forme: je t'ai fait mal par ce comportement et la répétition de ce comportement, je le réalise, je n'en avais pas l'intention au fond du fond mais engoncée dans mon arrogance, dans mon égoisme, ma folie parfois, ne pensant qu'à moi, je l'ai fait et mon intention ne change surtout rien au fait que toi tu en as bien souffert et je m'en veux et te demande pardon.

Là ça me permettrait je pense un jour d'aller mieux de ses agressions et en tout cas de me soulager plus vite que sans sa reconnaissance du tout.

Désormais pour mon histoire j'ai changé ma façon de voir les choses comme ça et je me sens déjà significativement mieux même si avec l'absence de reconnaissance de sa part que ses comportements m'ont significativement abimée voire même détruite parfois, et bien ça me fait mettre encore plus de temps pour me réparer, et pouvoir espérer aller mieux un jour et c'est ça qui me peine beaucoup aujourd'hui désormais, qu'elle ne m'aime pas assez pour m'aider à me délivrer le plus facilement et le plus vite possible du poids de la souffrance que ses comportements parfois agresseurs, parfois d'erreur m'ont infligée

Dans mon histoire c'est encore son absence d'amour là que je vis terriblement à l'heure actuelle, certains jours ça va, certains ça tire comme ce soir où j'ai aussi besoin de vous en parler

Je ne peux que vous souhaiter du courage et de la force dans vos épreuves et puis peut-être aussi de vous souvenir de vous 10 ans en arrière, est-ce que vous ne vous trouvez pas au fond du fond un peu plus fort(e) aujourd'hui? Je sais que dans mon histoire cette façon de penser marche, je me trouve plus forte aujourd'hui qu'il y a même 3 ans, assurément qu'il y a 10 ans en arrière
A
ashengoulit
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 13.12.2018 01:47
J'ai juste donné mon avis, chacun a le droit d'avoir le sien. Je ne juge pas. Ensuite quant à mon "changement" d'avis, il n'y en a pas.
Je n'ai pas changé d'avis, j'ai du mal m'exprimer.
J'ai juste dit que si la seule affection que m'apportait mon père était ce genre de geste que personnellement je trouve déplacé mais que tu as le droit de ne pas trouver déplacé, j'irai dans son lit, puisque ce serait la seule façon que j'aurais d'avoir de l'affection de sa part. Mais cela ne veut pas dire que je cautionne ces choses.
Ce qui me choque en réalité c'est qu'il n'est pas question de juste aller dans le lit de ses parents, mais d'y aller pour y faire des choses que je ne cautionne pas entre un père et une fille. Encore une fois, c'est juste mon avis, je ne juge pas et peut-être que ça me choque (même si choque est un bien grand mot, car en réalité pas grand chose me choque) parce que moi je n'ai connu aucune affection de la part de mon père.
Loin de moi l'idée de te blesser ou autre. Je voulais juste t'aider à y voir plus clair dans ton questionnement par rapport à l'art thérapie.
M
Melina
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 13.12.2018 13:29
je percute juste sur ce que tu dis : comme quoi ta soeur a 12ans allait dormir avec ton père quand tu étais à l'hosto. si ça c'est pas de l'incestuel peut être ? de loin on dirait un climat incestuel mais toi seule peut savoir et pour autant ça ne veut pas dire que ton père t'as incesté puisque tu es sûre que tu t'es trompée, que c'était ton oncle. courage ce n'est pas facile d'y voir clair dans nos familles.
A
ashengoulit
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 13.12.2018 16:11
Cette phrase me choque, et là choque est bien utilisé :
Des lors que cest pas ladulte qui force y a pas de mal.

Dans mon vécu, mon agresseur ne forçait rien, j'allais moi-même le voir. Pourtant je peux te dire qu'il y a du mal!!!
A
ashengoulit
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 13.12.2018 18:26
Pas de soucis, mais comme on est sur un forum et qu'on s'exprime qu'à l'écrit, il vaut mieux faire attention aux mots utilisés.

Après je pense que je ne comprends pas bien ce que tu essaies de dire ou de comprendre. Après on ne dit pas que ton père est un agresseur ou un pervers. On disait juste qu'on trouvait cela un peu étrange. Mais tu as raison de te sentir jugée car c'est peut-être un jugement.

Donc quelle est ta question au juste?
A
ashengoulit
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 13.12.2018 19:17
Ben je pense que peut-être comme nous, elle n'avait pas bien compris, ou alors elle a des doutes car comme nous elle doit penser que votre comportement était un peu étrange.
Mais c'est sûr que tu n'as pas l'air d'apprécier ce que tu fais avec elle, et ça n'a pas l'air de marcher car tu n'a pas l'air de te sentir en confiance.
Je pense que tu devrais essayer de lui parler de ce que tu ressens et lui expliquer qu'elle se trompe pour ton père et que tu en es sûre. Ou alors, tu ne lui dit rien et tu changes. Tu n'as pas à te justifier.
M
Melina
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 14.12.2018 11:43
On a pas dit que ton pere est un pervers mais que certains comportements, que ton père laisse faire, ce ne sont pas de bonnes bases pour les enfants et de t'interroger sur un possible climat incestuel.
on trouve bizarre oui d'aller voir son père et que ce n'était pas l'heure de dormir si j'ai bien compris, et de se faire masser à tour de role dans le lit conjugal à un âge avancé.
ton dernier post montre bien que tes parents ont leur part de responsabilités. et rien n'est de ta faute même si tu y retournai volontairement, tu étais trop petite pour comprendre ce qu'il se passe, c uniquement de sa faute à lui qui t'a manipulé et si desfois tu tentait de provoquer, c'est a lui de mettre de suite le hola, on en touche pas à un enfant, c'est facile d'en profiter !

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