Expression libre (public)

Ecriture thérapeutique

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Phelenix
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Ici juste un thread où j'écris tout ce qu'il me passe par la tête sans censure, toute la confusion, les doutes, les certitudes, et dont il ne restera plus que la part de vérité et de clarté raisonnablement d'ici quelques années. A la libération. Décantation. D'ici là, patience, résilience et travail en confiance. Ecriture.

[Besoin d'écriture automatique au kilomètre - Aujourd'hui c'était mon premier jour de reprise du travail à mi-temps, j'ai besoin de pleurer je crois et je n'y arrive pas, c'est ce qui sort]
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Je n'avais pas le droit de pleurer.
Je n'avais jamais le droit de pleurer.
Jamais.

Je devais sourire et je devais dire que ce n'était pas grave.
Je devais rire et faire la belle et dire que tout allait bien.
Je devais jouer seule et prétendre que j'aimais ça.
Je devais râler mais pas trop parce que sinon je me prenais une frappe.
Je devais prétendre que j'étais heureuse même si j'étais malheureuse.
Je devais toujours faire semblant alors je suis devenue une maîtresse de l'illusion.

Je crois que dans ma vie personne ne prend les masques comme moi, les masques de l'éclat, du superbe et qui cachent un petit personne gris et malheureux et triste qui voudrait juste ne plus avoir à faire semblant, juste pouvoir être heureux, juste dire je vous aime aux autres et puis voilà c'est facile.
J'ai tellement de peine et de douleur enfouies et puis je ne veux pas les faire sortir parce que quand ça sort sous forme de lui, c'est la frappe. Parce que quand ça sort sous forme de pluie, c'est la nuit. Fini les gentils parents, c'est l'avalanche de haine et de reproches de gifles, de colère, de violence.

Je suis un enfant et puis je grandis et je garde les automatismes et puis j'ai 30 ans et puis je veux plus et puis je sais plus faire autrement. Il faisait comment l'enfant avant tout ça? Il a tellement peu vécu, il a tellement été embringué dans tout ça rapidement, il est tellement devenu cet oiseau de nuit paradeur et ridicule qui sourit et pleure dedans, fait le service, le serviable et l'ami, et puis qui en lui veut juste mourir. Il fait comment l'oiseau de paradis pour juste arrêter son cirque et être normal, juste raccord avec ses émotions et juste normal, juste bien, juste honnête avec soi-même pour commencer?

Un jour j'ai dit à mon père que j'allais mourir et que je ne reviendrais pas et il m'a dit que tant mieux bon débarras. Et j'ai pas compris en fait je crois qu'il savait pas non plus ce qu'il racontait mais ce jour là je crois que je suis morte en moi, tout ce cirque j'ai d'autant plus voulu l'arrêter et puis voilà 10 ans plus tard, j'y suis encore trop. ça s'arrête quand?
ça s'arrêtera mais c'est si long. Vider cet esprit fatigué et brouillé par les âneries des parents, quel travail sans fin, quelle patience il faut. Papa Maman vous avez été d'absolus bourreaux vous êtes des abominations pour moi et des tragédies sur pattes. Je vous plains parce que vous n'avez toujours pas compris l'étendue des dégâts chez vous. Et bonne nouvelle, comprendre l'étendue des dégâts ce n'est que l'étape numéro 1 d'une longue série d'étapes sans fin pour aller mieux Je vous dis à dans 30 ans mais je ne suis pas certaine de revenir voir vos états de décrépitude avancée. Je n'ai pas beaucoup de patience ni d'amour pour vous ce soir et j'en ai bien le droit après ce que vous m'avez fait, après ce que vous n'avez pas protégé en moi, mon innocence, ma gentillesse, ma souffrance qui en a découlé des jours et des jours à pleurer en moi. Comment c'est possible de verser des larmes en soi? C'est quand les larmes on ne vous autorise pas à les sortir alors vous les pleurez dans vous parce qu'il faut bien qu'elles sortent, dans vous et elles brûlent et noient l'intérieur mais il faut qu'elles sortent, c'est les larmes de l'innocence brisée. Des fous de parents, des malades mentaux de parents d'une violence inouïe d'une méchanceté absolue et dire que ces crétins ont été un jour mes parents. Ben ça promet, j'espère ne jamais être aussi pourrie que vous à votre âge. Je vous aimais, on avait tout, on aurait pu s'aimer avoir une famille et puis rester ensemble une vie et puis vous avez tout foutu en l'air et mes larmes je les pleure toujours pas assez, si elles sortaient je vous oublierais tous et je pardonnerais mais elles ne sortent pas. Elles restent trop, on fait comment pour pleurer?
105 messages
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Phelenix
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Publié le 16.08.2018 00:13
Oui. (émue) Toi aussi, sois bien, chère Moogli. (coeur)
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 17.08.2018 01:05
17 août 2018 - Mon père me manque rien à faire j'ai trop de chagrin

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Rien à faire j'ai trop de chagrin. Parce que tout n'est pas toujours traumatique et passé. Objectivement là c'est mon papa du présent dont je pleure le silence, pas celui du passé ou alors je n'en suis pas consciente. J'aimerais voir mon père, j'aimerais qu'il me parle. Je n'en peux plus de me buter à son mur de silence. Les écrits ne passent plus. Et au téléphone je n'obtiens que mises à mort verbales. Je ne peux pas souffrir de voir ses yeux me regarder avec cette haine meurtrière car trop souvent ils brillaient d'affection. ça fait trop mal à ce stade j'ai trop de chagrin de son silence pour avoir la force de le revoir, de pouvoir me prendre un regard plein de mort, la mort de son propre enfant. Sait-il combien je l'aime? J'en doute consciemment, s'il le savait, ça ferait longtemps qu'il serait venu me voir.
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 19.08.2018 17:03
L'esprit branché sur du 220 volts

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Esprit incapable à retenir.

Esprit incapable de se poser serein.

Esprit qui ne voit pas passer le moment présent toujours occupé à anticiper ce que demain sera.

Les journées ont 24 heures. Les nuits 8 heures.

Esprit qui calcule, qui optimise, qui perd son humanité.

Esprit mu par des influx nerveux répétés réguliers tout au long de la journée. Des influx souffrants.

Esprit sans jamais de repos. Toujours en besoin de nouveauté. Affamé. Epuisant. Pour lui d'abord, pour l'Autre ensuite.

Esprit créateur, novateur, qui produit mais qui tel le feu follet ne se suit pas. Il passe et il repasse et pof il est parti.

Esprit seul qui se condamne à la solitude. Burnout. Génie incompris.

Esprit torturé, coupable.

Esprit qui ressent son erreur. Sa bêtise. Se demande bien où se trouve l'erreur.

Influx nerveux qui soudain l'épuisent de souffrance.

Esprit qui refuse de se questionner. Trop douloureux.

Esprit aimé mais qui reste seul dans son génie, son altruisme, son égoisme.

Il fait pour l'Autre mais trop pour se soulager de ces éperons intérieurs, ces pulsions d'énergie qu'il faut investir.

Il lasse, il fatigue, probablement.
Mais l'Autre trop poli préfère ne pas lui dire et s'éclipser.

Pauvre chose, peut-être que c'est ce qu'on pense de lui. Qu'il est fou, qu'il est "dans son obsession", seul.

Que c'est déjà sa souffrance alors à quoi bon lui dire qu'il a perdu la mesure des choses, la mesure du temps, la mesure de sa simple et humble mais non moins belle humanité.

Esprit qui se fatigue, devient brumeux et s'isole, se recroqueville dans sa coquille, se plaint de l'ingratitude de l'Autre, d'être incompris, mal aimé.

Esprit qui s'effondre, perd la flamme. Et enfin se pose.

Certes dans la confusion et l'épuisement, la ruine de son monde d'éclats et de suragitation.

Mais qui enfin sur les ruines de ce beau monde si artificiel réalise un peu mieux ce qu'est la vie et ce que n'était pas la vie.
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 19.08.2018 22:32
Ce qui a fait le lit de mon agresseur c'est :

* mon silence toute ces années
* mon incapacité d'agir de fait
* mon incapacité à chercher de l'aide de fait

Ce qui me rapproche de lui, pas à pas, mètre après mètre pour que justice simplement soit rendue, vérité soit parlée, c'est d'avoir :

* brisé le silence sur ses actes, son identité, son existence
* agit pour le dire à autant de soutiens que possible
* savoir que désormais le retour dans le sommeil, le silence n'est plus possible.
* savoir quand j'ai peur que personne n'ira au front pour moi mais qu'ils sont nombreux derrière moi, que c'est mon combat

Je ne sais pas où il est, où il vit, j'ai juste besoin de lui dire la douleur. Parce que ce qu'il m'a fait il a d'abord pu le faire parce que j'ai pris son désespoir en pitié. Il m'a touchée à l'époque et je n'ai pas pu rester sourde à sa détresse même si jeune. Au départ entre lui et moi il y avait un lien d'humanité, de compassion. Un lien qu'il a sali et souillé, qu'il n'a jamais brisé parce que ce pourcent d'humanité vivra aussi longtemps qu'il respira. Dans mes heures les plus sombres, c'est la seule chose qui m'empêche de pouvoir souhaiter réellement son départ de cette vie; il répondra de ses actes et il le fera devant la justice parce que je ne me sens pas seule assez forte pour l'exiger de lui. Il répondra devant l'opinion publique représentée par ses magistrats, je ne reculerai devant rien pour que ça arrive avant prescription.

Pour moi-même mais pas uniquement. Pour les enfants qu'il a probablement bafoués comme moi. Pour les enfants encore à protéger de lui. Pour les enfants en danger. Pour les autres victimes qui voudraient parler contre leur bourreau. Pour rappeler à cette société qu'on est solidaire, que ces choses là existent et qu'elles sont répandues, courantes, peu dites parce que l'espace de liberté pour le dire justement n'est pas là, pas assez là. Je ne reculerai pas quand il faudra aller en justice, je veux m'en donner avant ça les moyens, j'ai besoin de le retrouver.

Que tout ça sorte de mon esprit une bonne fois pour toute, que les éperons cessent d'éperonner. Que le silence règne enfin, serein, apaisé. Pas son silence de mort à lui, un silence de vie. Un silence de paix.
M
moogli
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
Publié le 20.08.2018 00:30
OUI!
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 22.08.2018 00:27
22 août - Je ne veux pas les revoir, c'est trop tôt.

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Je ne veux pas les revoir, mes parents, je ne veux pas les revoir, c'est trop tôt.

J'ai besoin de temps pour moi, j'ai besoin de mon temps d'enquête, mon temps de reconstruction.

Devenir une femme loin de leurs regards, loin de leurs jugements et leurs vérités toutes prêtes assénées.

Bonne ou mauvaise intention peu importe. J'ai besoin de temps et de liberté.

Je n'ai pas envie d'entendre leurs opinions, leurs vérités erronées, leurs bêtises, aussi leurs craintes légitimes, leurs souffrances que je comprends.

J'ai besoin de temps pour moi, j'ai besoin de temps. J'ai besoin de liberté, j'ai besoin de faire mon enquête de mon côté.

Au royaume des aveugles et des aveuglés, des menteurs et des menteuses, des amnésiques et des coupables, j'ai besoin moi d'apprendre à faire la part des choses et le meilleur moyen c'est de me tenir éloignée d'eux le temps enfin d'avoir ma propre opinion, ma propre distance et qui résiste plus que le temps d'un feu de paille à l'épreuve de leurs opinions et vérités assénées.

Si tout le monde les fuit ou qu'ils fuient tout le monde ou les deux d'un mouvement conjoint, j'ignore la cause de leur solitude absolue, murés tous les deux dans leur maison là haut tout là haut dans leur tour d'ivoire. Mais en tout cas là aussi quelque chose cloche.

Et vivre dans une tour d'ivoire c'est justement tout ce que je refuse de faire désormais alors pour ça aussi j'ai besoin de les fuir le temps de devenir moi.

Je remercie la vie d'avoir mis sur ma route des petites personnes si belles que passer un temps long avec elles soit si beau et si revigorant. Tout le monde n'est pas comme mes parents qui n'ont jamais le temps mais que personne pourtant n'attend puisqu'ils vivent seuls avec eux-mêmes.

Alors j'ai besoin de temps pour moi loin d'eux, de temps avec ma vraie famille. Ma vraie famille disponible et qui m'entoure, qui me soutient dans l'épreuve. Que je ne voulais pas submerger tous ces mois mais qui n'a eu de cesse de rester là pourtant en sous main, un message par ci un 'je peux passer par là', un 'tiens moi au courant' de plus.

J'ai besoin de temps pour moi avec ma famille avant de retrouver mes parents, c'est trop tôt pour moi. Il me vaut mieux rester loin d'eux deux. J'ai de la gratitude pour ma tante et ma famille de coeur, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans eux tous ces mois, je me réveille et ils sont là et voilà la vie reprend un peu. Oui je porte les stigmates de mon passé, oui une partie de ma mémoire me résiste encore mais non cela ne rend pas impossible d'aimer et être aimée au long cours. Il y a des gens qui restent et qui sont là et ceux-là sont ce qu'on appelle une famille. 10 ans. 12 ans. 4 ans. D'amitié, d'amour, de joie, d'évolution ensemble. Des souvenirs à la pelle et de la solidarité dans nos épreuves à chacun, et nos portes toujours ouvertes la majorité du temps de ces années.

Non, toutes les familles ne sont pas incapables de soutenir. Non, tous les conjoints ne sont pas incapables d'épauler. Oui il y a des personnes qui savent comprendre la souffrance et avec qui c'est possible tout autant de rire et parler de belles choses. Oui il y a des conjoints qui font rire, et vibrer et qui savent aussi consoler.

Je ne me sens plus triste pour ceux qui n'ont pas su rester là pour moi. C'est laisser la place à ceux et celles qui le peuvent et le veulent.
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 23.08.2018 21:33
23 août 2018 - Y'a pas de mode d'emploi pour la Vie

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Où placer la limite?

N'y a t il pas un temps pour chaque chose, un temps pour le deuil, un temps pour l'amusement, un temps pour la construction?

Je pense que c'est mon temps de deuil. Mon temps de déni, de tristesse, de colère, de refus d'acceptation, d'acceptation et puis d'avancement, de dépassement.

Rien ne l'accélérera si ce n'est de continuer jour après jour. De toute façon si ça pouvait se faire mieux malheureusement on ne vient pas à la vie avec un mode d'emploi. Je réalise, c'est illusoire. C'est en vivant la vie que je me sens pas à pas le réaliser. Y'a des guides, des gestes de bon sens mais y'a pas de mode d'emploi.
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 23.08.2018 23:50
Le pouvoir et la limite de la fiction - 23 août 2018

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Longtemps j'ai eu peur de mentir sans le faire exprès. Est-ce que ça a même un sens? Non, ça ne s'appelle pas mentir, ça s'appelle se tromper. Longtemps j'avais un truc pour ne pas trop souffrir mais quand même me rappeler des choses moches, je les transposais à un monde de fiction. ça soulageait. Je ne mentais pas, j'exprimais des douleurs et des horreurs en les transposant dans des mondes de fiction.

L'excessive emprise psychologique et l'envahissement de mon esprit et de mon corps par les besoins étouffants de ma mère, je les symbolisais par mon personnage féminin et jeune qui se battait contre un horrible empereur vieillissant ni masculin ni féminin, une forme hideuse et prédatrice, sombre et que mon naif personnage écoutait et prenait en pitié et en amour humaniste car cet hideux personnage lui avait menti en lui disant être son parent. Je représentais comme je pouvais dans mon esprit par la fiction le conflit bien réel pour le coup avec ma mère. Sa nudité envahissante quotidienne. Son corps qui me répugnait et qu'elle m'imposait bien que parfois j'ai trouvé la force de lui demander de quitter MA pièce. Celle où je me trouvais avant elle et où elle venait ainsi s'exhiber sans le moindre respect pour moi, en me niant totalement, entièrement dans mon être.

Et de même j'avais des fictions bien plus sombres encore avec ce jeune homme sombre aux yeux très noirs, noirs comme la mort. Un beau jeune homme que mon personnage rencontrait et avec qui il y avait une tension amoureuse mais une tension malsaine et terrorisante. Mon personnage qui se retrouvait toujours assaillie par les élans sexuels de ce jeune homme aux yeux noirs perçants, tuants. Mais même dans ma fiction je refusais d'aller plus loin. Je refusais qu'ils couchent ensemble et là mon esprit faisait comme une marche arrière, là où je voyais le personnage sombre basculer mon personnage naif, soudain je les faisais se relever en rembobinant le film et finalement mon personnage, moi, naive disait de façon plus affirmée 'non je ne t'aime pas, j'en aime un autre.' Et plus généralement elle partait. Elle quittait ce sinistre personnage, la raison souvent en effet était qu'elle en aimait un autre qui était gentil mais à qui je ne donnais pas trop de personalité car ce qui comptait c'est que mon personnage féminin se refusait à ce personnage sombre. Elle lui disait non et il ne se passait rien entre eux, surtout rien de douloureux, la vie reprenait son cours et mon personnage féminin connaissait le bonheur.

J'ai toujours mal dans l'utérus 15 ans après les premières fictions que je m'inventais je me souviens sur le chemin à pied quand j'allais au lycée. Ou que j'en revenais. Le lycée où je cherchais à éviter les princes sombres mais me sentait trop laide ( trop sale ) pour les 'princes' lumineux.

La fiction m'aidait tellement. Elle me privait des gentils garçons, me protégeait des monstres (je ne pouvais pas être tentée par eux non plus et une fois de plus subir et cette fois dans la réalité Encore ce soir mes doigts tremblent et mes joues perlent de terreur à l'écrire 'dans la réalité, dans la réalité' la réalité où il m'a bien approchée enfant et où au contraire de ma fiction je n'ai pas pu rembobiner le film pour dire non et tout éviter.
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 26.08.2018 00:27
La famille bienveillante et rassurante, ça existe - 26 août 2018

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Je repense au milieu dont je suis issue.

Et je me demande: mais si c'est comme ça dans toutes les familles, ce manque d'affection, ce manque d'écoute, ces agressions maternelles, ces abus de langage et ces menaces physiques paternelles, est-ce que pour autant c'est acceptable? Devrait être toléré plus longtemps? Est-ce que pour autant c'est obligatoire d'en passer par ces endroits là enfant? Ma réponse est un triple non.

Autrefois il était normal de maltraiter les personnes dont la couleur de peau était jugée trop foncée.
Autrefois en Afrique du Sud il y avait des panneaux "white only"
Autrefois une femme en France ne pouvait pas ouvrir de compte en banque sans l'accord d'un homme.
Autrefois on donnait des coups de règles sur les doigts des enfants en classe.
Autrefois on opérait les enfants sans anesthésie au prétexte erroné qu'ils ne pouvaient pas ressentir la douleur.

Et tout le monde où presque faisait comme "on" faisait par 'habitude' Et puis les conséquences terribles de ces habitudes sont arrivées, bien lourdes, bien impossibles à plus cacher. Qui ont commencé à avoir des voix qui portaient haut et fort. Et là on a réalisé que ces 'habitudes' étaient en réalité des façons de faire PROBLEMATIQUES. Aux conséquences terribles pour un trop grand nombre. Qui emmenaient nos sociétés et des millions de personnes dans le fond de l'abysse.

Si les 'habitudes' sont des habitudes de destruction: de maltraitances, de déni existentiel, de violence générale, dire qu'on n'est pas d'accord avec ça, c'est proposer aussi un sursaut de la Vie.

Il y a des familles où les parents sont calmes, sécurisants, bienveillants, à l'écoute, rassurants, enveloppants, gentils simplement. Des foyers sécures affectivement, sécures matériellement, sécures et stables tout court. Rassurants. ça existe. Ces familles là sont compassionnelles et profondément et simplement humaines, respectueuses, apaisantes, structurantes. Et je ne vois pas pourquoi il devrait être jugé acceptable aujourd'hui que la société fonctionne globalement sur autre chose que ce modèle rassurant, bienveillant et structurant.

Dans nos écoles dont je suis aux premières loges bien placée pour parler, on pratique encore le modèle de punition-récompense, de non-écoute de l'ado, de non-respect de ses affects, de non soutien trop souvent trop fortement. On pratique encore l'intolérance, toute idée novatrice est souvent considérée comme gênante venant de l'ado, trop souvent évacuée. On pratique aussi encore trop la répétition, le martèlement de toujours ces fameux savoirs et restitution, et cela par des profs souvent premièrement dans ces logiques de martèlement et de répétition et de "s'en tenir à ce qu'on connait et on voit pas où est le problème".

En cela je retrouve le fonctionnement de ma famille qui était tout à fait comme cela. Et je me dis que tout comme j'aspire à un modèle familial de bienveillance, d'écoute, de compassion, j'ai aussi l'espoir que demain les écoles, les entreprises et les lieux publics pourront ainsi fonctionner aussi plus sur ce modèle de plus de bienveillance, de plus d'écoute, de plus de compassion, de plus de respect, de plus de réassurance, de plus de solidarité, de plus de simplicité, de plus de sécurité affective, psychologique et matérielle.

Ce qu'on aura bien appris dans son foyer familial qui est nourrissant et affectivement sécurisant, qui fait du bien profondément en soi, on aura qu'une envie, le reproduire à l'échelle de toute une société sur ce modèle.
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 30.08.2018 14:28
30 août 2018 - Avancer avancer

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Avancer avancer. Entre deux phases de saignements de l'âme.
Il faut bien reprendre des forces et puis hop la machine se remet en route.
Toujours la peine de savoir que l'effondrement reviendra à un moment de vie.
Mais la certitude qu'il sera moins fort à chaque fois.
La consolation.
Et puis que après les saignements et l'épuisement vient le temps de la remise en forme et de l'avancée.

Et puis soudain l'espoir qui renaît. La vie qui devient plus lisible.
Pour tout.
Pour le travail. Pour les amitiés. Pour les amours.
Ainsi cahin caha je serai votre amie, votre amour, votre collègue, votre nièce, votre connaissance ou votre soeur de misère.
Et puis viendra un temps où je m'étiolerai soudain très fort et puis voilà l'ami, l'amour, la tante seront déjà au courant.
Et puis le collègue, l'employeur, la connaissance de passage, le frère ou la soeur de douleur j'espère que de nouveau je trouverai de leur soutien dans ce temps difficile.

Mes joues amaigries ont repris des couleurs.
La tempête et la nuit font plus régulièrement place au calme et au jour.
Paradoxe puisque c'est l'automne des saisons qui vient pourtant.

Je ne guérirai pas.
Comme beaucoup, je ne crois pas que ce soit possible.
J'irai mieux. Je cicatriserai des morceaux entiers de la blessure.
Je ne guérirai pas. J'irai mieux. Je rechuterai moins lourdement.
Une part de moi espère se tromper.
L'autre part la rassure qu'on fera tout pour réparer si c'est possible.
Qu'on ne renoncera pas à chaque réparation possible.
Qu'on continuera vaillamment comme depuis plus de 20 ans.

Mes joues ont repris des couleurs.
Ma boîte aux lettres est pleine de lettres d'amitiés éprouvées par une décennie.
Déjà. Joyeusement déjà. Une famille.
Mon coeur bat de nouveau. Plus serein plus régulier.

Je ne guérirai pas mais j'ai saigné assez du passé.
J'ai raccommodé assez du passé.
J'ai abandonné assez du passé.
Je ne guérirai pas mais pour cette fois j'ai assez pleuré du passé.
J'ai assez exprimé de ce passé.
J'ai assez trié, jeté et gardé de ce passé.
Pour cette fois, c'est assez.

Mes joues ont repris des couleurs.
Il est temps de retrouver les rires des amours et d'accompagner les plus petits êtres vers leur destinée.
De prêter l'écoute et le bras aux plus affaiblis.
De semer la vie haute et verte, féconde et pleine d'espoir qui s'élève.
Comble les espaces gris. Les espaces tristes.
Il est temps de prendre la route et au tournant le plus joli d'y installer enfin la maison.
Il est temps de ne pas me refuser ce qu'une femme de 30 ans peut se permettre.

Oui à la Vie.

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