Expression libre (public)

Ecriture thérapeutique

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Phelenix
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Ici juste un thread où j'écris tout ce qu'il me passe par la tête sans censure, toute la confusion, les doutes, les certitudes, et dont il ne restera plus que la part de vérité et de clarté raisonnablement d'ici quelques années. A la libération. Décantation. D'ici là, patience, résilience et travail en confiance. Ecriture.

[Besoin d'écriture automatique au kilomètre - Aujourd'hui c'était mon premier jour de reprise du travail à mi-temps, j'ai besoin de pleurer je crois et je n'y arrive pas, c'est ce qui sort]
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Je n'avais pas le droit de pleurer.
Je n'avais jamais le droit de pleurer.
Jamais.

Je devais sourire et je devais dire que ce n'était pas grave.
Je devais rire et faire la belle et dire que tout allait bien.
Je devais jouer seule et prétendre que j'aimais ça.
Je devais râler mais pas trop parce que sinon je me prenais une frappe.
Je devais prétendre que j'étais heureuse même si j'étais malheureuse.
Je devais toujours faire semblant alors je suis devenue une maîtresse de l'illusion.

Je crois que dans ma vie personne ne prend les masques comme moi, les masques de l'éclat, du superbe et qui cachent un petit personne gris et malheureux et triste qui voudrait juste ne plus avoir à faire semblant, juste pouvoir être heureux, juste dire je vous aime aux autres et puis voilà c'est facile.
J'ai tellement de peine et de douleur enfouies et puis je ne veux pas les faire sortir parce que quand ça sort sous forme de lui, c'est la frappe. Parce que quand ça sort sous forme de pluie, c'est la nuit. Fini les gentils parents, c'est l'avalanche de haine et de reproches de gifles, de colère, de violence.

Je suis un enfant et puis je grandis et je garde les automatismes et puis j'ai 30 ans et puis je veux plus et puis je sais plus faire autrement. Il faisait comment l'enfant avant tout ça? Il a tellement peu vécu, il a tellement été embringué dans tout ça rapidement, il est tellement devenu cet oiseau de nuit paradeur et ridicule qui sourit et pleure dedans, fait le service, le serviable et l'ami, et puis qui en lui veut juste mourir. Il fait comment l'oiseau de paradis pour juste arrêter son cirque et être normal, juste raccord avec ses émotions et juste normal, juste bien, juste honnête avec soi-même pour commencer?

Un jour j'ai dit à mon père que j'allais mourir et que je ne reviendrais pas et il m'a dit que tant mieux bon débarras. Et j'ai pas compris en fait je crois qu'il savait pas non plus ce qu'il racontait mais ce jour là je crois que je suis morte en moi, tout ce cirque j'ai d'autant plus voulu l'arrêter et puis voilà 10 ans plus tard, j'y suis encore trop. ça s'arrête quand?
ça s'arrêtera mais c'est si long. Vider cet esprit fatigué et brouillé par les âneries des parents, quel travail sans fin, quelle patience il faut. Papa Maman vous avez été d'absolus bourreaux vous êtes des abominations pour moi et des tragédies sur pattes. Je vous plains parce que vous n'avez toujours pas compris l'étendue des dégâts chez vous. Et bonne nouvelle, comprendre l'étendue des dégâts ce n'est que l'étape numéro 1 d'une longue série d'étapes sans fin pour aller mieux Je vous dis à dans 30 ans mais je ne suis pas certaine de revenir voir vos états de décrépitude avancée. Je n'ai pas beaucoup de patience ni d'amour pour vous ce soir et j'en ai bien le droit après ce que vous m'avez fait, après ce que vous n'avez pas protégé en moi, mon innocence, ma gentillesse, ma souffrance qui en a découlé des jours et des jours à pleurer en moi. Comment c'est possible de verser des larmes en soi? C'est quand les larmes on ne vous autorise pas à les sortir alors vous les pleurez dans vous parce qu'il faut bien qu'elles sortent, dans vous et elles brûlent et noient l'intérieur mais il faut qu'elles sortent, c'est les larmes de l'innocence brisée. Des fous de parents, des malades mentaux de parents d'une violence inouïe d'une méchanceté absolue et dire que ces crétins ont été un jour mes parents. Ben ça promet, j'espère ne jamais être aussi pourrie que vous à votre âge. Je vous aimais, on avait tout, on aurait pu s'aimer avoir une famille et puis rester ensemble une vie et puis vous avez tout foutu en l'air et mes larmes je les pleure toujours pas assez, si elles sortaient je vous oublierais tous et je pardonnerais mais elles ne sortent pas. Elles restent trop, on fait comment pour pleurer?
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Phelenix
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Publié le 08.08.2018 17:16
8 août 2018 - Si on m'avait dit il y a 3 ans ...

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Si on m'avait dit il y a 3 ans, imagine un endroit où tu peux dire "j'ai mal" et personne ne te dit que c'est "pas vrai" ou "pas aussi fort que ça"

Que ça n'existe pas d'avoir mal pour ça.

Que pareil pour la colère, c'est pas normal d'être en colère pour ça.

Si on m'avait dit il y a 3 ans, qu'il y a des lieux et des personnes qui quand tu dis que tu as mal ou que tu es en colère t'écoutent et puis c'est tout, t'écoutent. J'aurais pas cru que c'était possible.

Si on m'avait dit il y a 3 ans que quand je dis non à certaines choses, il y a des gens qui ne font pas, je n'aurais jamais cru que c'était possible.

Si on m'avait dit il y a 3 ans que quand je demande à parler de quelque chose il y a des gens qui répondent qu'ils vont venir en discuter, je n'aurais jamais cru que c'était possible.

Dans le milieu d'où je viens on ne fait pas ces choses là, on claque les portes, on assène les fins de discussion et qu'on ne reviendra pas dessus, on nie et ridiculise la souffrance, la colère et le désespoir. On juge et on bafoue, on nie existentiellement.

Si on m'avait dit il y a 3 ans qu'il existe des lieux et des personnes qui vous reconnaissent dans votre existence, je ne l'aurais pas cru et peut-être d'abord parce que je n'avais pas conscience d'être absolument niée existentiellement.
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 08.08.2018 23:24
Des petites phrases que j'aurais voulu souvent dire à ces proches. (Et cette valeur qui m'est chère)

* Si je devais attendre pour que tu me protèges quand je vois déjà comment tu n'es déjà pas capable de protéger ta propre personne, j'aurais du temps d'attente. (respect de soi)

* Tu parles bien, tu parles fort, tu parles vrai et dis-moi, quand dans ta vie vas-tu enfin globalement commencer à sérieusement appliquer tout ce bon sens? (cohérence)

* Comment veux tu que j'aie confiance en toi quand je vois que tu ne lies pas tes paroles pleine de sagesse et tes actions? (cohérence)

* C'est parce que tu es bloqué dans le mythe qu'un jour on cesser d'évoluer que tu n'évolues pas depuis 30 ans. Te rends-tu compte que tu t'ôtes les clés de ta propre liberté? (évolution)

* Le tout ce n'est pas de faire une erreur ou de faire mal, c'est de savoir l'entendre déjà. (humilité

* Je ne te demande pas des objets, des cadeaux, des surprises, des excuses ou de la réparation, je te demande de l'écoute. (écoute)

* Je ne te demande pas de me donner ce que tu crois qui est bon pour moi, je te demande d'écouter ce que je te demande que je sais être bon pour moi. (respect de l'autre)

* Crois tu que tu n'as pas d'amis parce que 'tout le monde est un problème' ou parce que tu as un problème qui fait que tu crois que tout le monde est un problème? (justesse)
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 09.08.2018 16:14
9 août 2018 - Un jour tu te réveilles,

Un jour tu te réveilles et tu réalises qu'il n'est pas 'juste désagréable'
Tu réalises que 'désagréable' c'est quand on fait UNE erreur et puis voilà on s'EXCUSE, on RECONNAIT SON erreur.

Non là, tu réalises que des erreurs il y en a de sa part des centaines, tu réalises que ça s'étale noir sur blanc dans ta vie, tu te réveilles.

Tu réalises aussi que là où la douleur de "désagréable" sera passée sitôt la discussion terminée, là la douleur ne passe pas, des semaines, des mois, rien n'y fait. Et tu réalises qu'avec lui au contraire de tes amis, il n'y a pas ... de discussion. Justement il fuit. Tout ce qu'il peut il le fait pour ne pas avoir à entendre ce que tu as à dire et te faire comprendre que TU es le problème de TA propre souffrance. A t'en rendre confuse parfois et assez longtemps pour hélas ne pas tenter de mener la discussion jusqu'au bout quand tu pourrais en avoir l'occasion.

Tu réalises qu'il n'est pas "juste désagréable" ou "juste égoiste" parce que tu réalises que un homme "juste égoiste", il y en a un modèle dans ta vie depuis quelque temps qui t'aide à comparer. Que tu en as connu d'autres et que tu l'as été aussi toi.

Tu réalises que ce type de ton passé il n'était pas égoiste, il était VIOLENT.

Tu réalises parce que la douleur ne part pas malgré les mois qui passent, parce que les images de bleus au corps et à l'âme te sautent aux yeux tous les jours, parce qu'enfin aussi tu as une base de comparaison supplémentaire avec un autre homme, une autre femme.

Tu fais 1+1, tu réalises que sa violence il la dissimule sous un visage lisse, que là où tu pensais qu'il avait besoin de son intimité pour faire ses affaires, en fait il compartimente et cloisonne sa vie pour s'arranger afin que les personnes autour de lui ne se rencontrent pas et n'échangent pas probablement d'informations sur lui entre elles; tu réalises que là où tu pensais qu'il t'avait insulté 5 ou 6 fois quand dans les faits tu relis ses écrits, c'est arrivé ... 300 fois; tu te demandes comment tu as naivement pu laisser passer ça et d'autres choses bien plus graves sur ton corps cette fois.

Tu réalises aussi une autre chose avec lui que plus les mois ont passé plus ton coeur, ton instinct t'a poussé à quitter la relation sans se l'avouer (coupablement), plus les mois ont passé plus lui en tout cas s'est défilé. Tu réalises qu'avec cet autre homme et les amis qui partagent ta vie, c'est l'inverse, plus les mois ont passé plus tu as eu envie de rester dans leur vie et leur faire une place dans la tienne, une juste place mais une place.

Tu réalises qu'avec lui tout est inversé. Le ratio de compliments et de gentillesses c'est 1 fois sur 10. La présence positive est rare. Tu réalises que par contre les insultes, les coups, les moqueries et les critiques sont bien présentes 9 fois sur 10 et puis les absences aussi pour aucune raison. Tu réalises que là où d'autres connaissent tes goûts, lui ne sais quasiment rien sur ce qui te rend heureuse. Tu réalises que 9 fois sur 10 quand il y a objectivement un problème avec lui la discussion se termine sur le fait que TU as tort, que TU as laissé faire ta propre agression, ta propre humiliation. Tu réalises qu'avec lui 9 fois sur 10 tu étais dans la confusion. Tu réalises au contraire qu'avec tes amis, 9 fois sur 10, c'est peut-être pas amusant mais que quand il y a problème chacun avoue sa limite personnelle et qu'il y a au fond soulagement que tout se fasse ainsi dans la lumière. Là encore estomaquée tu compares son fonctionnement au fonctionnement de tes proches et ton fonctionnement et tu réalises que c'est presque des opposés.

Tu réalises que tes amis ont des amis, tout comme toi alors que lui n'en a pas. Tu réalises qu'il te l'a dit qu'il n'a pas d'amis. Tu réalises que tu assumais qu'il est comme toi, s'il n'a pas d'amis, c'est plus exactement qu'il a mis en pause ses relations pour mieux les reprendre bientôt. Et se contente en attendant de dizaines de messages avec eux tous les jours. Au sortir de la relation, tu réalises que non, il n'a pas du tout mis ses relations en pause pour se ressourcer, il n'est pas comme toi en fait, lui n'a réellement pas d'amis. Tu réalises que quand il te dit 'j'ai pas d'amis', c'est pas une exagération, c'est une vérité. Il n'y a pas de numéro d'ami dans son répertoire.

Tu réalises qu'ainsi pour plein de choses négatives de sa vie, il est littéral. Tu réalises que quand il te dit que sa vie est le résultat de son manque de vouloir faire pour lui, ça doit être tout aussi vrai.

Tu réalises que psychologiquement lui et toi avait un fonctionnement presque inversé 9 fois sur 10. Et que ton erreur fut trop souvent d'interpréter ses mots à lui comme s'il fonctionnait comme toi. De réaliser que tu t'es fait brutaliser, humilier, agresser, insulter des centaines de fois parce que tout ce temps tu as cru malgré la souffrance que 'il était comme toi', que c'était 'pour rire' car tu ne te verrais pas dire un petit gros mot autrement que dans un contexte de rire. Et encore tu n'aimes pas ça. Tu réalises que lui des insultes il en utilise pas une petite mais les plus violentes, les plus chargées d'humiliations. Des centaines aussi et sur un temps très court. Pareil pour ses coups. Et que s'il rit c'est bien plus comme "le méchant dans les films" que comme la petite fée délicate du dessin animé. Pas de joie mais d'une émotion que rétrospectivement tu qualifierais de 'haine' et son regard est alors sur toi.

Tu réalises qu'il est sexuellement violent et pas du tout passionné. Tu réalises que tu as subi là aussi. Tu ne sais même pas encore mettre de mots sur les flashs visuels qui te remontent en bouffées de souffrance. Tu réalises qu'il ne jouait pas avec toi, qu'il t'agressait et que là encore tu n'as rien compris;

Tu te félicites de ne pas avoir laissé le calvaire continuer bien plus longtemps. Tu t'en veux encore de l'avoir un jour laissé commencer tout court, tu n'ignores pas ton passé d'abusé, tu réalises là devant tes yeux effarés que tu aurais pu d'autant moins éviter sa violence que tu ne mettais pas encore le mot violence dessus et que la violence c'est tout ce que tu as connu, qu'il t'a justement fallu voir un autre monde que la violence pour réaliser que ce qu'il est c'est violent. Que tu n'es pas juste 'mal', tu es 'absolument mal.' Que tu n'as pas 'juste un peu peur de lui', tu es 'terrorisée par lui.' Que tu n'es pas juste un peu déconnectée de tes émotions, tu es dans un tel état de confusion émotionnelle et de terreurs avec toutes tes alarmes qui sonnent que tu ne sais plus si la terreur que tu ressens est là tienne ou la sienne; Et qu'il te faudra ainsi des semaines sans sa présence pour différencier ce qui est à lui et ce qui est à toi. La haine et la violence étaient donc siennes, et la terreur et la souffrance tiennes.

Tu réalises que c'est parce que un jour tu as pu voir autre chose que le ghetto mental d'où tu viens que tu as compris qu'il y a un autre monde que le ghetto et que donc ton ghetto tu peux le quitter. Oui, oui, là où ta vie tu l'as passée à penser que y'a que le ghetto et rien d'autre, tu réalises que non non y'a autre chose que le ghetto et là ENFIN tu parles, ENFIN tu lâches tout: tu oses enfin dire que le ghetto tu le supportes pas depuis toujours, que tu te taisais car tu croyais qu'il n'y avait que ça dans ce monde où vivre. TU hurles l'horreur de cet endroit, tu hurles sa violence, tu hurles sa noirceur, tu hurles comment il te nie existentiellement. Et tu le fais en hurlant d'un rire libérateur parce que tu réalises que voilà tu n'es plus obligé de te le taper, tu peux partir. Alors tu te gênes pas, tu balances tout, tu fais tes valises et tu pars.
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 09.08.2018 21:19
9 août 2018 - Besoin de tout sortir: sur le devoir moral de protéger l'Autre

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J'ai parfois plus souffert au fond dans mon histoire enfant de demander une protection à mon père qui avait tout pouvoir statutaire, physique et matériel pour cela et qu'il ne me donne pas cette protection, simplement qu'il ne me protège pas. Que de certains coups de mes agresseurs.

Non épaulée et laissée dans la détresse qui me rongeait jusqu'à la moëlle j'ai aussi mis longtemps pour avoir la chance de goûter la 'confiance en l'Autre' et son goût je m'y habitue mais ne le reconnais pas encore toujours immédiatement.

Adulte, en détresse, je me suis beaucoup tue auprès de mes amis sur les abus que je subissais parfois pendant nos amitiés et pour ne pas resubir l'absolue déchirure de ne pas être épaulée, écoutée, secourue ou aidée par un proche. Ce faisant hélas j'ai aussi raté la chance qu'ils m'aident. Je suis heureuse désormais à 30 ans de pouvoir compter sur quelques proches qui savent l'essentiel des abus de ces 30 dernières années et n'ont de cesse de répéter trois petits mots qui font toute la différence: je reste là (pour toi). Tu n'es pas seule.

Si, cependant, je ne peux pas en vouloir à des pairs autrefois de n'avoir pour certain(e)s pas eu les épaules, ils sont une déception pour moi et cette société mais avant tout souvent des victimes incapables déjà de se protéger elles-mêmes. Comme je fus une victime absolument incapable de me protéger déjà moi-même. Comme j'apprends à me défendre avec le temps et les coups que je pourrais prendre au présent désormais.

Par contre la souffrance que le manque absolu de protection paternelle m'a causée je la porte encore à 30 ans, plus de 25 ans après les baffes et les maltraitances de ma mère dès qu'il avait le dos tourné; 20 ans presque après un viol dont il ignorait tout et d'autant plus qu'il n'écoutait pas car assénait-il 'il savait déjà ce que j'allais dire.'
Il faut du calme et de l'écoute pour que les choses qui peinent puissent se décider à sortir. Beaucoup de calme. Beaucoup d'écoute. Beaucoup d'amour et de compassion.
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 11.08.2018 18:58
"La seule chose qui permet au Mal de triompher, c'est l'inaction des hommes de bien."

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J'avais besoin de me confronter à cette phrase qui prend tout son sens dans mon histoire.
Ironiquement mon père adorait la prononcer. A-t-il jamais réalisé qu'il était cet homme de bien qui n'agissait pas et dont l'inaction a permis à son épouse abusive à la fois de l'humilier lui jusqu'à la moëlle devant ses gosses et aussi sitôt qu'il avait le dos tourné de faire la même chose à ses filles?

A-t-il même jamais compris que ce qu'il subissait s'appelle de la violence psychologique?

Je me demande si lui aussi est en plein réveil ou s'il reste à dormir et croire que "non non le problème ce n'est pas sa femme ou sa situation mais tous les autres et le monde entier"

Un monde qu'il n'a jamais vraiment exploré relationnellement en dehors des 4 murs de sa maison et donc l'impossibilité pour lui de se rendre compte du caractère aberrant du traitement de sa femme et simplement du caractère de réclusion entre 4 murs de sa vie (qui dans 20 ans aura été à perpétuité pour lui).

La Caverne de Platon, faites grandir un enfant, puis un homme dans un schéma avec toujours la même violence, faites lui croire que toutes les relations sont ainsi et même pires ailleurs. Faites lui ainsi bien peur. Découragez le répétitivement d'aller voir ailleurs et même surtout d'essayer. Et vous obtenez un esclave ignorant qui croit sérieusement que les relations ne sont faites que de ces humiliations quotidiennes, de cette haine, de ces dévalorisations neutrement appelées 'remarques'. Un homme maintenu dans l'ignorance presque totale de ce monde qui ainsi gardera auprès de lui longtemps sa petite fille de même en lui répétant ces paroles et pour un destin trop longtemps similaire.

Une petite fille devenue femme qui malgré cette erreur ne peut s'empêcher encore d'avoir le coeur étreint de chagrin à repenser à la souffrance de son père. Ne se résigne pas à l'abandonner à ce sort. Cherche encore parfois comment l'atteindre dans sa nuit.
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 15.08.2018 18:21
Quelle est cette blessure - Ecriture qui guérit

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C'est celle du rejet. Celle de l'abandon par une femme dont on te dit qu'elle est ta mère et que tu dois l'aimer. Alors tu l'aimes. Tu vas vers elle pleine de soleil dans le coeur, tu essaies de la distraire, l'égayer. Tu penses tout le temps à elle, le coeur lourd parce que tu ne sais plus du tout à force que faire, qu'essayer pour mettre un sourire sur son visage. Car cette femme qu'on appelle 'ta mère', que tu appelles 'Maman', dont on te dit que tu dois rester avec dans le même endroit appelé 'maison', elle ne rit jamais. Ne sourit jamais. Le mot désespoir est faible pour exprimer ce que tu ressens.

On te demande de rester dans un endroit appelé 'maison' avec une femme appelée 'Maman' qui ne rit et ne sourit jamais. Qui n'est jamais gentille. Qui ne fait jamais rien pour toi qui soit doux et agréable. Et on te demande de faire ça alors que d'autres enfants ont des 'Maman' qui rient et sourient et des maisons où tu appelles ça 'il fait bon vivre', où tu sens qu'il y a de l'air, où on 'respire.'

On te demande de faire ça, de rester avec elle, de l'aimer, tu essaies, tu essaies, tu essaies, de toutes tes petites forces, tu veux l'aimer, tu veux, tu veux. Tu serres tes petits poings de volonté. Tu veux aimer ces yeux verts affûtés. Cette bouche vorace. Ce regard méchant. Ce visage coléreux tout le temps. Ce corps tordu qui fonce sur toi et hurle 'si tu te tais pas, tu vas l'avoir celle-là', tu veux tu veux tu veux tu veux croire que cette main que tu sens sur ta joue et le feu sur ta peau et les larmes dans tes yeux et ton cou qui se tord et fait mal, c'est normal, c'est que tu l'as mérité. Tu veux tu veux tu veux. Quand ta volonté de fer faiblit, tu te rappelles ce mot 'Maman', c'est 'Maman', c'est 'Maman' et tu pleures, tu pleures, tu es à bout, tu as 4 ans, 5 ans, 6 ans, 8 ans, tu es à bout, tu es malgré ton petit masque de force en vérité au bord de l'effondrement là à genoux sur le sol mais tu tiens, tu dis 'Maman', tu penses 'aimer', tu veux le faire, tu espères que ça va changer, qu'elle va changer, qu'elle va arrêter. Tu te forces, tu te forces, tu te forces, tu prends des baffes et des crachats au visage, des mots qui te ruinent le coeur, tu tiens bon, Maman, Maman, tu l'appelles la nuit, Maman. Tu la rêves, bientôt il le faut, bientôt elle passe grise et coléreuse à côté de toi sa main veinée de bleu, cette main que tu crains car elle fait si mal, tu la rêves différente, tu lui inventes des raisons pour être ça, quoi? Un bourreau d'enfant.

Tu lui inventes une histoire plus triste que ce qu'elle a vécue, peut-être, tu ne sais pas, de toute façon elle refuse de parler d'elle. Tu ne sais rien d'elle. Tu t'inventes une elle, torturée par la solitude et les méchants autres dont elle parle tout le temps et tu t'inventes que toi tu n'es pas ces méchants autres, toi tu l'aimes. Tu t'inventes que quand tu lui donnes un cadeau, il ne finit pas plein de poussière et jauni mais encadré et protégé. Que parfois elle le regarde en secret. Tu t'inventes que très timide, elle pense à toi en secret qu'elle t'aime et que voilà vous êtes deux timides que toi tu lui dis je t'aime et elle elle te le dit derrière la porte de sa chambre fermée. Que toi tu n'oses pas ouvrir la porte pour lui dire je t'aime aussi.

Tu t'imagines de jolie chose sur une mère monstrueuse qui ne t'aime pas parce que tu as 4 ans, 7 ans, 10 ans, un père faible incapable de comprendre ce que tu subis et que ton seul espoir pour survivre dans cet enfer c'est d'imaginer que ta mère n'est pas si tuante après tout.

Systématiquement pour chaque bourreau de ta vie par la suite, tu procèdes de même. Et puis tu te réveilles, et tu te demandes pourquoi continuer? 30 ans, dépendante uniquement de toi-même, plus besoin de ça.

Anna, ma mère, elle disait: moi tout ce que je veux c'est que ma fille soit indépendante.
Lena, sa fille, tout ce qu'elle dit c'est qu'elle aurait pu devenir indépendante et puis ça n'empêchait pas qu'Anna et Lena auraient pu s'aimer. L'un ET l'autre.
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Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 15.08.2018 21:28
15 août 2018 - Au plus fort de la dissociation 'Tiens prends mon corps, moi je pars ailleurs'

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Je ne sais pas ce qu'il se passe mais je tranche. Tiens je te donne mon corps, prends, moi je ne le ressens plus, j'en veux plus, je te le laisse, je veux m'échapper, partir, voilà lui laisser mon corps, cette partie de moi et puis sauver les meubles, moi, partir. Mais ça ne marche pas. Je reste figée, immobile, incapable de m'échapper. Figée. Figée. Figée. Aspirant à partir, bouger, m'échapper mais rien ne bouge, rien ne vient, mon corps est immobile, je n'en veux pas, je voudrais partir sans mon corps, la douleur se fait intolérable insupportable, je convulse, je ne peux plus supporter ça et puis je ne sais plus ça se passe si vite je ne sais plus j'oublie clac. J'oublie. J'oublie. J'oublie. J'oublie. Je me répète que j'oublie. J'oublie. J'oublie. ça tourne. J'oublie. Je me répète des mots qui ne changent rien à ce qu'il se passe. J'oublie mais non je n'oublie pas puisque je répète j'oublie c'est que je n'oublie pas. Je reste figée dans le paradoxe. Appeler le changement en restant figée sans rien faire. Fuir sans bouger. Le paradoxe du paroxysme de la douleur quand mon corps ne répond plus qu'il est tout seul et je voudrais le sauver mais je ne peux pas, je le regarde se faire je ne trouve pas le mot se faire - silence mots qui manquent - et puis je n'en veux plus. C'est simple. Comme il a été ainsi fait des choses je n'en veux plus. J'en veux plus. C'est plus à moi. C'est plus à moi. J'en veux plus. J'en veux plus. Débarrassez moi de ça. Voilà, prenez ça, prenez le j'en veux pas, c'est pas à moi, c'est sale, c'est pas à moi, vous comprenez? Je n'en veux plus, je n'en veux plus, c'est sale, c'est sali, pour toujours, à jamais, j'en veux pas, j'en veux pas, j'en veux pas.

Quand c'est sale, je jette. Je jette. Je transige pas, je jette, je mets à la poubelle. Mais son corps on peut pas le mettre à la poubelle. Paradoxe du violé mort-vivant. Je me souviens de tout, j'ai 30 ans, je trouve beaucoup de beauté à mon corps depuis des mois. Pas tout, mais y'a des choses que j'aime. Tu sais, la vie reprend pas à pas ses droits. As-tu déjà vu un endroit stérile et mort et les années passent et un arbre et des fleurs et tout reverdit et les papillons s'invitent et les feuilles tombent qui forment l'humus nourricier et la vie reprend. Et puis c'est fini, la mort est finie.
M
moogli
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
Publié le 15.08.2018 23:48
MA dieue Phelenix, j’ai tant de peine pour la petite Léna
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 15.08.2018 23:49
Aaaww c'est ce que probablement ta petite a subi aussi alors.

Amie, tu n'es pas seule non plus. Deux petites filles et deux femmes qui ont survécu
M
moogli
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
Publié le 15.08.2018 23:53
Oui, c’est réconfortant de trouver ces connexions ici.
Sois bien.

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