Expression libre (public)

Ecriture thérapeutique

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Phelenix
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Ici juste un thread où j'écris tout ce qu'il me passe par la tête sans censure, toute la confusion, les doutes, les certitudes, et dont il ne restera plus que la part de vérité et de clarté raisonnablement d'ici quelques années. A la libération. Décantation. D'ici là, patience, résilience et travail en confiance. Ecriture.

[Besoin d'écriture automatique au kilomètre - Aujourd'hui c'était mon premier jour de reprise du travail à mi-temps, j'ai besoin de pleurer je crois et je n'y arrive pas, c'est ce qui sort]
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Je n'avais pas le droit de pleurer.
Je n'avais jamais le droit de pleurer.
Jamais.

Je devais sourire et je devais dire que ce n'était pas grave.
Je devais rire et faire la belle et dire que tout allait bien.
Je devais jouer seule et prétendre que j'aimais ça.
Je devais râler mais pas trop parce que sinon je me prenais une frappe.
Je devais prétendre que j'étais heureuse même si j'étais malheureuse.
Je devais toujours faire semblant alors je suis devenue une maîtresse de l'illusion.

Je crois que dans ma vie personne ne prend les masques comme moi, les masques de l'éclat, du superbe et qui cachent un petit personne gris et malheureux et triste qui voudrait juste ne plus avoir à faire semblant, juste pouvoir être heureux, juste dire je vous aime aux autres et puis voilà c'est facile.
J'ai tellement de peine et de douleur enfouies et puis je ne veux pas les faire sortir parce que quand ça sort sous forme de lui, c'est la frappe. Parce que quand ça sort sous forme de pluie, c'est la nuit. Fini les gentils parents, c'est l'avalanche de haine et de reproches de gifles, de colère, de violence.

Je suis un enfant et puis je grandis et je garde les automatismes et puis j'ai 30 ans et puis je veux plus et puis je sais plus faire autrement. Il faisait comment l'enfant avant tout ça? Il a tellement peu vécu, il a tellement été embringué dans tout ça rapidement, il est tellement devenu cet oiseau de nuit paradeur et ridicule qui sourit et pleure dedans, fait le service, le serviable et l'ami, et puis qui en lui veut juste mourir. Il fait comment l'oiseau de paradis pour juste arrêter son cirque et être normal, juste raccord avec ses émotions et juste normal, juste bien, juste honnête avec soi-même pour commencer?

Un jour j'ai dit à mon père que j'allais mourir et que je ne reviendrais pas et il m'a dit que tant mieux bon débarras. Et j'ai pas compris en fait je crois qu'il savait pas non plus ce qu'il racontait mais ce jour là je crois que je suis morte en moi, tout ce cirque j'ai d'autant plus voulu l'arrêter et puis voilà 10 ans plus tard, j'y suis encore trop. ça s'arrête quand?
ça s'arrêtera mais c'est si long. Vider cet esprit fatigué et brouillé par les âneries des parents, quel travail sans fin, quelle patience il faut. Papa Maman vous avez été d'absolus bourreaux vous êtes des abominations pour moi et des tragédies sur pattes. Je vous plains parce que vous n'avez toujours pas compris l'étendue des dégâts chez vous. Et bonne nouvelle, comprendre l'étendue des dégâts ce n'est que l'étape numéro 1 d'une longue série d'étapes sans fin pour aller mieux Je vous dis à dans 30 ans mais je ne suis pas certaine de revenir voir vos états de décrépitude avancée. Je n'ai pas beaucoup de patience ni d'amour pour vous ce soir et j'en ai bien le droit après ce que vous m'avez fait, après ce que vous n'avez pas protégé en moi, mon innocence, ma gentillesse, ma souffrance qui en a découlé des jours et des jours à pleurer en moi. Comment c'est possible de verser des larmes en soi? C'est quand les larmes on ne vous autorise pas à les sortir alors vous les pleurez dans vous parce qu'il faut bien qu'elles sortent, dans vous et elles brûlent et noient l'intérieur mais il faut qu'elles sortent, c'est les larmes de l'innocence brisée. Des fous de parents, des malades mentaux de parents d'une violence inouïe d'une méchanceté absolue et dire que ces crétins ont été un jour mes parents. Ben ça promet, j'espère ne jamais être aussi pourrie que vous à votre âge. Je vous aimais, on avait tout, on aurait pu s'aimer avoir une famille et puis rester ensemble une vie et puis vous avez tout foutu en l'air et mes larmes je les pleure toujours pas assez, si elles sortaient je vous oublierais tous et je pardonnerais mais elles ne sortent pas. Elles restent trop, on fait comment pour pleurer?
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Phelenix
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Publié le 30.07.2018 00:16
30 juillet 2018 - Je ne suis qu'une petite personne normale qui a mis 30 ans pour comprendre qu'elle souffre de "traumatisme", ni plus ni moins de "traumatisme".
Je ne suis ni folle, ni condamnée. Simplement malade et je soigne mon esprit désormais comme on peut avoir à se soigner de tumeurs du corps.


Longtemps j'ignorais ma dissociation parce que par définition la dissociation est un mécanisme de survie de l'esprit qui vous coupe de la partie souffrante qui serait sans cela trop difficile à supporter.


Longtemps ainsi je performais dans cette société. Je 'paraissais' fonctionnelle. Et à moi-même également. Je me pensais tout à fait normale. Tout à fait performante, équilibrée, bien intégrée socialement, d'ailleurs généralement appréciée dans les commentaires, marques d'affection et sourires des autres, et le monde professionnel dans lequel j'entrais de plein pied il y a quelques années ne fit que me confirmer ce que déjà mes professeurs me renvoyaient, et les personnes proches que j'avais le plus aimées dans ma vie privée.

Mais régulièrement j'avais des effondrements inexplicables.
Régulièrement ainsi pourtant performante, motivée, très investie, adorant les autres aussi bien dans mes études et mon emploi, dans l'absolue volonté de bien faire pour l'Autre et le bien commun, ne comptant ni mon énergie, ni mon temps, ni mes moyens personnels, je refusais de poursuivre mon travail et tout investissement aussi bien émotionnel qu'affectif du jour au lendemain. Je n'avais plus d'énergie, plus de force et l'envie de mourir ou disparaitre 6 pieds sous terre qui déferlait, se faisait non pas pressante, vital, une nécessité de survie absolue qui s'empare du tréfonds et ne peut connaître aucun délai de réponse. Là tout de suite, le faire, là sans attendre. Fuir, disparaitre avant d'être noyée.

De même pour mes relations proches, passionnée absolue par l'Autre je m'éprenais profondément à coeur de l'ami ou de l'amie que j'adorais, on passait de super moments, faisait les quatre cent coups. Et du jour au lendemain je fuyais dans un abîme de désespoir au point de devoir cesser d'écrire ou de voir la personne sans explication. Car je ne l'avais pas moi-même, un besoin de fuite irrépressible dans la mort, la noirceur.

Plusieurs fois j'ai failli prendre ma vie adolescente d'ailleurs. Adulte je me suis résolue à l'idée que j'aimerais ainsi toute ma vie passionnément mais que jamais je ne pourrais construire d'histoire d'amitié ou d'amour qui dure, ce serait mon lot, ma malédiction, une espèce de fatalité que je ne m'expliquais pas. ça me fait du bien ce soir d'expliquer que tout cela n'était que le plus gros symptôme de mon état de dissociation régulier car simplement à 30 ans, cela fait 25 ans que je suis malade de traumatisme. Et ce soir je pense que je ne l'ai jamais écrit de façon aussi simple et lisible en une année et demie d'intense travail pour apprendre justement à repérer tous mes symptômes de traumatisme et comprendre que j'en souffre. Bien entendue épaulée par des médecins, des professionnels de santé psychique ou de santé tout court, des membres d'associations de victimes, des personnes bienveillantes simples connaissances et pas la moindre des aides, mes proches de coeur qui pour les plus intimes savent pour mon état et avec lesquelles je fais le choix de désormais moins leur en dire et garder cela pour les médecins et les co-victimes dans la nécessité d'en parler. Tout comme je suppose il y a autre chose à mentionner que ses maladies dans la vie, il y a autre chose à mentionner que sa dissociation et ses traumatismes. Il y a aussi de la joie dans la vie malgré les maladies.

Car justement à 30 ans, je peux enfin le dire, je me répare des traumatismes. Je m'en répare comme on peut avoir à se faire opérer de tumeurs, va en convalescence et reste conscient qu'il en reste peut-être encore un peu et qu'une opération sera peut-être utile de nouveau. C'est mon cas, ma mémoire traumatique est une mémoire qui a survécu enkystée, la dissociation autrefois nécessaire pour me maintenir en vie, est devenue à l'âge adulte contreproductive puisqu'elle ne m'a pas permis avant 30 ans de comprendre que des souvenirs plein d'émotions destructrices étaient emprisonnés dans mon esprit. Cette mémoire émotionnelle m'a rongée de l'intérieur me donnant donc ce désespoir existentiel que je mentionnais ci-dessus et comme cette mémoire était cachée, ce désespoir ne semblait pas avoir de cause rationnelle bien établie. Je me disais ainsi être 'une mélancolique sans raison' mais il est évident et pas besoin d'être Matthieu Ricard pour le dire que personne n'aime souffrir et que la souffrance ne vient pas sans raison. Mais pas par choix attention car ça non, ma mélancolie je ne l'aimais pas, je n'en voulais pas, elle me colonisait et m'étouffait. Etouffait ma lumière et ma joie de vivre pourtant si puissantes certains jours.

Toute souffrance a une origine bien rationnelle. Et dans mon cas d'avoir pu mettre des mots tout d'abord sur ma souffrance existentielle puis en trouver la cause réelle fut un premier pas d'un incommensurable soulagement. Je ne suis pas folle. Je ne suis pas une mélancolique qui adore souffrir ou que sais-je que la croyance populaire qui n'a jamais ouvert un manuel de psychotraumatologie tient pour vrai, non je suis normale, je suis aussi une bonne personne qui veut bien faire, a bien plein de qualités et de bonté et d'envie de s'en sortir et qui simplement dit souffre de traumatisme suite à un viol dans l'enfance qu'elle avait refoulé. Car la dissociation à l'époque, la confusion et dit simplement l'absence de preuves physiques vite disparues après quelques jours de cicatrisation lui ont caché.
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Phelenix
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Publié le 30.07.2018 20:47
30 juillet 2018 - Besoin d'écrire, d'écrire l'amour et puis ma famille perdue. Le secret qui si longtemps m'a tenue écartée d'eux. Impossible de leur dire. 20 ans, plus de 20 ans.


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Une vraie discussion avec ma tante

Dans cette vie j'aurai eu une vraie discussion à coeur avec un des adultes que j'ai aimés le plus de mon enfance, ma tante. Ma tante qui est la première à avoir été là maintenant que je parle. Ma tante qui s'est précipité il y a quelques mois. Qui est toujours restée là en filigrane. Avec qui j'ai parfois été dure dans ma tête et je réalise ni plus ni moins qu'en fait je rejouais inconsciemment le scénario de l'époque mais maintenant c'est fini.

A l'époque je devais protéger mes adultes, mes adultes que j'aimais du secret. Je ne pouvais rien leur dire et pourtant combien de fois j'ai espéré que ma tante voie les choses à défaut que mon père percute. Même ma grand-mère. Il y a les sensitifs et les autres. Ma tante, mon père et ma grand-mère comprenaient avec le coeur. J'ai fait l'erreur de ne pas vouloir leur dire, la peur de les voir tués m'a muselée le reste du temps. J'ai essayé de les désaimer. Mais ça n'a jamais marché. On ne désaime pas, c'est beau, heureusement.

Aujourd'hui 20 ans après les faits, je me tenais seule dans la maison de mes grands-parents aujourd'hui déserte et désertée et j'ai dit à mon grand-père, à ma grand-père, ce qu'on m'avait fait. J'ai pleuré, j'ai vidé, j'ai souffert, j'ai revécu. J'ai tout lâché. Je leur ai dit avec l'image encore vive de nos repas de famille, nos beaux noël pour moi combien je les aimais tous, combien j'aurais voulu leur dire, combien j'avais si peur de leur dire, combien j'ai essayé de les désaimer mais que ce n'était pas possible, combien j'ai continué à les aimer derrière mes yeux là à ne pas pouvoir leur dire et les aimer et vouloir leur dire et avoir peur du danger pour eux parce que je pensais si naivement que le fait que je les aime justement les mettais à risque, que si je les avais pas aimés on ne leur aurait pas fait du mal. A tenter de couper le fil d'amour entre mon coeur et le leur. Là pendant une heure, j'ai pleuré, j'ai revécu, j'ai parlé 20 ans trop tard mais j'ai dit les choses.

Ma grand-mère est malade, son esprit qui part. J'aime ma tante et mon oncle, ils sont encore en vie. Mon père me manque. Ma mère ne m'a jamais aimée mais je sais que si elle avait su elle m'aurait protégée. Et j'ai engueulé mon grand-père que j'aimais pour moi il était bon mais parce que je ne sais pas ce qu'il a fait à ma mère mais je ne lui pardonne pas. 30 ans d'une Maman triste à cause du père, je ne pardonne pas la lâcheté de mon grand-père sur ce coup même si je l'aime. Mais il ne sait pas ce que c'est que d'aimer sa mère 30 ans et de la savoir malheureuse d'un père et coupée de sa famille à cause de ça.

J'ai dit à ma tante que je nous souhaite de belles années ensemble toutes les deux et je l'ai étreinte tendrement contre moi, elle m'a étreinte dans une tendresse qui me surprend encore de sa part. Je crois que parfois les mots ne sont pas assez et ma tante pour une fois les a vite abandonnés. Je la remercie pour son amour aujourd'hui et tous ces mois. Et puis voilà, je n'ose espérer que E.T va rentrer à la maison mais au moins E.T aura pu dire à sa famille qu'il l'aime. Et une partie de sa famille l'aura entendu.
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Phelenix
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Publié le 31.07.2018 19:18
31 juillet 2018 - Sur grandir un peu plus vers soi

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Est-ce qu'on va tous vers le même point? Enfin y aspire?

Je ne sais pas, une partie de moi le pense. Je pense qu'on souhaite tous au fond après les ultimes derniers combats trouver la paix. Tout être, je le pense.

Par contre, voilà on ne part pas tous du même point de départ.

Là où parfois j'assume que l'autre me suivra, et bien non, il ne le fera pas, ça ne fait pas sens dans son cas. Et j'ai mis longtemps à comprendre que ce qui est bon pour moi n'est pas toujours bon pour l'autre mais que ça n'empêche pas que lui et moi aspirons probablement en effet à la fin des fins à la même chose: la paix et le bien-être, le bonheur.

C'est quoi le bonheur? Je pense que c'est se trouver, j'en ai l'idée, que c'est pour moi trouver mon identité enfin raisonnablement assez. Pas non plus être un monolithe inchangé qui va ainsi perdurer d'ennui des décennies mais pas non plus un phénix toujours changeant qui jamais ne se fixe. Un entre-deux. De dynamisme et de figement.

Et tant que je ne me serai pas trouvée, j'apprendrai des phénix et de monolithes à ne céder à la tentation ni de l'un ni de l'autre. Et au prix de bien des larmes et de bien des erreurs mais pour le meilleur.

Un peu plus moi aujourd'hui et moins que demain, j'avance sans regrets mais avec la paix que j'ai essayé de mon mieux à chaque fois et que j'ai appris. J'ai appris.
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Phelenix
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Publié le 03.08.2018 01:26
3 août 2018 - Besoin d'écrire, de me repéter encore pour le dire un peu plus clairement ce que je comprends

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C'est une crypte mémorielle. Je détestais ce mot la première fois que je l'ai lu, un crypte, non ma mémoire ne contient pas une crypte. Un souvenir isolé des autres. J'avais envie de polisser les choses mais oui c'est une crypte car ce sont des souvenirs qui quand ils fuient laissent fuir des choses très sombres et très douloureuses. Mais pas une crypte qui n'est que noirceur parce que dans les souvenirs des traumas qui remontent il y a aussi de bonnes choses, c'est tout un fatras de mémoires et d'émotions, une conflagration isolée dans un petit caveau oublié là-bas longtemps dans un coeur de ma mémoire.

C'était dur de voir l'existence de ce petit caveau dans ma mémoire: comment chercher quelque chose en moi dont j'ignorais l'existence? Ce qui m'y a conduit c'est des signes extérieurs de dysfonctionnement. Un trouble alimentaire pour commencer qui se déclare du jour au lendemain, deux très bons spécialistes et des examens plus tard, le verdict tombe: entièrement psychologique. Je n'oublie toujours pas le regard que m'a lancé le dernier spécialiste après m'avoir poussé à déconditionner tout ça en hypnothérapie, un regard long et un silence et puis son 'bon courage' et moi je reste hébétée sur mon lit d'hôpital post-examen. Il y a deux ans.

Bon courage, euh, pourquoi? Ce fut ma première réaction. Ben du courage il allait m'en falloir en effet. Pour déjà parvenir à trouver quelque chose que je ne cherchais pas puisque j'en ignorais l'existence. Le paradoxe absolu de la mémoire traumatique.

J'ai du chagrin ce soir parce que je ne sais pas comment reconnecter à toute cette mémoire. Y a t il beaucoup de traumas oubliés? Ai-je enfin l'essentiel de chaque grand évènement traumatique de ma vie ou vais-je encore en découvrir de nouveaux? J'ai la quasi certitude que j'ai toute la trame générale et qu'il ne reste plus qu'aux détails (l'essentiel des détails) pour remonter. Mais j'ai aussi du chagrin, de la peur, de la confusion, de la solitude, du malheur, du désespoir de me dire qu'il y a peut-être encore plus d'enfoui que déjà les choses que j'ai déterrées. Je me console que je l'ai fait des dizaines de fois de rouvrir le musée des horreurs alors que bah s'il y a encore d'autres grands évènements à déterrer je le ferai.

Je me félicite aussi d'avoir courageusement décidé de mener à bien cette mission pour moi de découvrir ce que j'avais. 15 mois à jouer Sherlock Holmes. Et en fait quand j'y pense j'en suis même carrément à plus de 16 mois désormais. Bon maintenant je sens que c'est bon j'ai assez d'éléments alors je peux ben mettre sur pause les recherches de portée disparue et puis comme j'ai localisé l'endroit où la victime est retenue prisonnière, c'est bon j'ai plus qu'à organiser l'opération d'extraction. Concrètement, ça y est, je me réapproprie par grands pans et rapidement ma vie de femme, j'ai encore peur mais je sais aller demander l'aide des médecins. J'ai hâte de reprendre le travail et les heures bénévoles que je vais aller faire dès septembre vont me permettre de remettre un pied sur mon lieu de travail avant la vraie reprise d'ici raisonnablement un bon 10 mois. Je suis contente. Mais j'ai encore peur et je sens le petit caveau qui frémit quand j'ai peur.

J'ai peur de quoi? Ah en même temps si je suis lucide, j'ai toujours su me relever et je suis tombée de moins en moins durement à chaque grosse chute. J'ai de la résilience comme on me dit, oui. Et je suis pas différente de bien des petites personnes qui ont su se remonter de choses difficiles.

Je réalise ce soir que le monde de la dissociation, de l'amnésie mémorielle et des violences sur mineurs m'était encore inconnu consciemment il y a moins de 2 ans, que désormais c'est simplement une réalité que je connais déjà aux premières loges et puis que c'est une réalité sacrément courante tout court dans notre société. Je réalise que dans mon cas, quand j'ai découvert ma dissociation à mesure que je l'éprouvais et voyais en quoi elle consistait je perdais aussi cette peur de l'inconnu, cette peur associée aux mots trauma, traumatisme, même viol. Je l'ai vécu, c'est pas un gros mythe ce truc là que je m'imagine comme terrible, c'est terrible et je le sais car je l'ai vécu donc pas besoin de rajouter de la peur en plus à ces réalités qui sont déjà pour moi comme je les ai éprouvées dans ma chair et mon esprit bien assez terribles.

Donc je comprends enfin bien mieux aussi ce que c'est que 'viol', 'dissociation', et comme en tout cas je les ai subis. J'ai lu un article avec une interview de Fernande Amblard qui m'a beaucoup rassurée et d'autant plus que je commence à vivre ce qu'elle explique: que c'est possible après plusieurs étapes particulières de vivre enfin pleinement sa vie d'adulte malgré un abus sexuel dans l'enfance.

Je pense que j'en sais assez désormais, que la crypte (pour les émotions sombres) ou le petit caveau (pour les émotions douces) du passé je connais assez son existence. J'aimerais beaucoup ce soir pouvoir dire tout cela à mes proches les plus proches. Leur dire aussi simplement comme mon père. A qui je ne cesse de penser en espérant qu'un jour il comprendra que dans ces histoires, j'ai toujours été celle qui a subie et jamais celle qui a blessée.
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Phelenix
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Publié le 04.08.2018 17:53
04 juillet 2018 - Les raisons injustes données pour ne pas avoir à regarder ses erreurs

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Dans le milieu où on ne peut pas parler.

Dans le milieu où on ne peut pas parler, on parle de tout sauf de ce qui importe.

Justement on parle de tout et n'importe quoi pour se donner l'impression d'avancer et d'agir et bien cacher soigneusement tout ce qui importe sous le fatras de sujets autres, actions autres.

Quand on enchaîne 50 sujets, le vrai coeur du problème semble bien petit en nombre. Un.

Pour ne pas parler de ce qui importe il y a le silence et puis il y a aussi de parler de tout un tas de choses comme si de rien n'était, une forêt qui cache l'arbre, et comme cela: oh il ne reste plus de temps pour parler de ce qui importe. Dommage, il faudra revenir une autre fois en parler. Et puis les autres fois sont toutes très similaires à cette fois-là.

Ainsi les mois passent, les années, les souvenirs s'effacent et la douleur reste.

Et puis si poussé par cette douleur aiguillonnante on remet sur le tapis ce vieux sujet évacué depuis autant de mois et d'années répétitivement faute de temps (la bonne vieille excuse), arrive le fameux 'oh je ne sais plus c'était il y a longtemps'

Désormais le sujet évacué ne l'ai plus 'faute de temps' mais 'faute de mémoire' et vient un temps, il l'est 'parce qu'on est trop vieux'

Et voilà comment jamais justice n'est rendue. Jamais souffrance n'est vidée. Jamais amour n'est retrouvé.

Comment certaines familles ne peuvent pas se retrouver.

A mes parents
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Phelenix
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Publié le 04.08.2018 20:35
18 ans dans un corps de 30 ans

Je pense que c'est un de mes écrits les plus naifs mais je réalise aujourd'hui que ben en fait mon vécu dans l'amnésie ne change rien à déjà ce que toute personne doit expérimenter dans une vie normale. Sauf que ce que je réalise c'est que déjà les abus ça m'a pas mal foutue en l'air (certes je reste optimiste, de pouvoir construire un peu pas à pas) mais aussi bah déjà les abus quand ils restent 20 ans dans le silence comme pour moi c'est que ça dysfonctionne partout et donc bah voilà dit simplement là où je peux supposer qu'une personne normale aurait des petits tiraillements avec papa, maman; aurait des petits chagrins d'amour; aurait des petites hontes par rapport à sa sexualité et son corps; en aurait un peu marre de s'être moulé dans un boulot qui lui convient pas ou des codes de classe qui ne lui conviennent pas et tous les ras le bol normaux de vie je pense; ben voilà dans ma vie c'est des ras le bol puissance 10, des épuisements à chaque fois.

Je pose objectivement ce qui est pour moi et parce que objectivement aussi là où un chagrin d'amour autrefois m'a presque emmenée à me suicider littéralement des centaines de fois, ben désormais je relativise bien mieux. En cela je pense vraiment qu'à 30 ans dans ce monde j'ai la mâturité émotionnelle d'un jeune de 18 ans qui aurait cahin caha eu une famille plutôt stable et sécurisante et pas subi de gros trauma. J'ai 12 ans de retard lol Longtemps mon corps et mes comportements aussi sont restés figés dans la jeunesse de façade, à 27 ans j'en paraissais 22 aux regards extérieurs. J'aimerais avoir 30 ans dans ma tête dans un corps de femme de 30 ans, être en phase. Je table que je trouverai peut-être cette phase à mes 40 ans plutôt.
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Phelenix
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Publié le 05.08.2018 22:16
Humour noir

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C'est quoi la différence entre le bon gars et le mauvais gars?

Ben le bon gars il dit 's'cuse' tu sais tout de suite pour quelle erreur précise.
Le mauvais gars, tu sais pas si c'est pas plutôt pour l'erreur d'exister.
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Phelenix
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 06.08.2018 19:01
6 août 2018 - J'avais une technique pour garder le viol secret: me faire passer moi-même pour fausssement folle/méchante/dangeureuse/en somme pas digne d'aide ni d'amour et pour repousser l'autre qui s'approcherait trop près du secret

Je ne pouvais pas parler et il fallait absolument que personne ne sache alors j'ai utilisé la notion de folie et de vérité à mon avantage pour garder le secret: dans les moments où l'Autre s'approhait du secret, je me faisais passer pour berzingue. Qui ne doit pas être crue. Tout en pleurant de m'humilier ainsi, de me nier comme ça. Dans ce réflexe de survie, de devoir cacher le viol à tout prix et même le prix de ma dignité et de mon respect pour moi.

Par la suite j'ai continué cet automatisme toxique et stupide qui m'a beaucoup fait de mal adulte

Dans le milieu où on ne parle pas mais aussi où je ne pouvais pas parler, me faire passer pour folle ça permettait si mon père devenait suspicieux de l'aider à mettre ses soupçons sur le compte de "ma bêtise d'enfant menteur" J'en ai joué bien entendu. Mon estime me venait de voir que mine de rien j'avais un sacré talent pour me faire passer pour folle, garder le secret secret et pour autant ne pas trop perdre l'estime et l'amour de mes proches. C'était là le peu d'estime que je trouvais dans cette situation intenable que j'ai tenue mine de rien près de 25 années.

Quand la tentation de parler me reprenait trop fort pour la taire, que mes larmes ne parvenaient pas à rester à l'intérieur je prétendais que j'étais folle qu'il n'y avait pas de raison à mes larmes mes bruits mes mots que j'étais berzingue ça donnait le change mais aussi tristement malheureusement ça me condamnait à ne pas être crue facilement si un jour je voulais parler et dire la vérité, le viol.

J'ai fait ça plus tard aussi quand pour des petites choses toutes bêtes je suis tombée amoureuse d'un garçon mais qui ne m'aimait pas et que le comprenant j'ai raconté n'importe quoi pour paraître vraiment détestable à ses yeux et me convaincre ainsi que je ne le méritais en effet pas du tout.

J'ai fait ça régulièrement de m'enlaidir et de me faire passer pour folle ou pire que je n'étais. Pour dégoûter l'autre de moi et qu'il me fuit. C'était une façon désespérée parfois de fuir l'amour et la joie parce que le secret se tenait toujours en moi. Je dis que ce garçon ne m'aimait pas en fait je crois que c'était le contraire, que me rendant compte qu'il m'aimait bien justement j'ai aussi réalisé qu'hélas il y avait mon secret alors pour ne pas laisser durer plus longtemps la tristesse de croire que nous ne pourrions jamais être ensemble, à l'époque je me suis enlaidie et montrée sous mon plus horrible jour dans mes comportements également pour bien le dégoûter et m'assurer qu'il ne m'aimerait jamais.

J'ai fait pareil plus tard quand devenue plus jolie à 25 ans (je ne supportais plus de m'enlaidir depuis trop d'années) j'ai commencé à attirer les regards de trop d'hommes et qui pour certains - malheureusement pensais je alors - qui me plaisaient assez aussi.

J'ai continué encore et encore à dès que quelqu'un s'approchait trop de ma vérité me faire passer pour folle ou délirante ou exagérante bref tout ce qu'il était possible de balancer aussi vite que possible pour éloigner la personne. J'ai aussi jeté au feu ma carrière quand j'ai commencé à être trop estimée. A déguerpir aussi vite que j'étais venue.

Comme cacher une trappe sous le tapis sur lequel on se tient et là un ami, un amour, un parent aimant qui s'approche trop près de moi et je commence à simuler une affreuse maladie contagieuse ou la folie ou parfois j'essayais aussi de distraire l'autre en changeant de sujet abruptement (coq à l'âne) pour parler de chosse positives plus susceptibles de rattraper son attention là où je sentais qu'il appuyait sur mon besoin de tout livrer, de tout dire qui année après année devenait de plus en plus pressant, de moins en moins réprimable

A 30 ans j'ai encore ces automatismes de me comporter vraiment mal pour repousser l'autre, les proches encore comme pour les dégoûter mais l'avantage avec eux c'est qu'ils m'aiment vraiment alors ils restent et je peux leur dire ce que je fais et surtout désormais je réussis à redresser la barre, à rétablir la vérité sur moi lorsque j'ai un mot qui me fait passer pour pire que je ne suis, je n'accepte plus de m'enlaidir trop, de m'autohumilier trop pour dégouter, mais j'ai encore ce réflexe. Et avec les hommes aussi. Bien entendu, me faire passer pour dégoutante ou inaccessible, dangereuse alors que dans les faits ben justement je suis tout le contraire mais ça une personne me connaissant à peine ne peut le savoir.

D'ailleurs souvent on me disait qu'on me pensait froide et distante et que c'est dingue comme je suis tout le contraire "en vrai." On me disait souvent qu'on me pensait en fait "plutôt négativement quelque chose" avant de me fréquenter régulièrement et de se rendre compte que en fait je suis "pas du tout ça en fait mais plutôt positive"
Toujours un peu ce discours qui me revient des proches et des personnes que j'ai beaucoup fréquentées.
D'ailleurs souvent ce qu'il se passait dans l'automatisme c'est qu'entendant ce bon discours sur moi, je redevenais terrorisée que le pot aux roses en moi, le viol soit découvert puisque la personne n'avait plus peur de moi alors souvent il y avait une deuxième étape à la relation, celle de tenter de dégoûter pour de bon l'autre. Je m'arrangeais pour faire quelque chose de profondément blessant, avoir un comportement profondément blessant et faire croire à l'autre que et oui j'étais bien une mauvaise personne. En fait non, je ne pouvais juste pas le ou la laisser trop m'approcher intimement à cause du secret.

Désormais que je parle sur le viol, j'ai pu retrouver des amitiés et même à ce stade des histoires d'amour avec quelques proches qui me comprennent absolument. D'ailleurs désormais puisqu'ils savent, je n'ai pas besoin de leur en parler plus que ça, ça fait partie de notre relation et je les aime, je pense à deux personnes en particulier, car tous les deux savent et prennent toujours en compte avec ce grand respect de me dire 'avec ton passé, ...' ils me reconnaissent avec ce passé de viol. Et je les aime simplement. Je réalise que c'est ces personnes là dont j'ai besoin dans ma vie. Des personnes qui savent ce que j'ai vécu, le respectent comme une part de ma vie et puis ensemble on construit des choses et ils prennent en compte ma souffrance dans nos activités et nos échanges profonds.

Avec un tel secret, ce n'est pas possible de me lier puissamment à beaucoup de personnes, il faut que les personnes auxquelles je me lie aient cette capacité de prise en compte de mon vécu. De ma encore fragilité. Pour les amants, c'est pareil, je pense. Et pour l'homme avec qui je ferai un jour ma vie, c'est pareil, je sais qu'il me faudra compter sur un homme qui connaissant mon passé de viol voilà le prendra en compte lorsque corps contre corps, on construit à 4 mains. Et je n'ai aucun doute à voir que ces amis de coeur existent, qu'il y a pareillement des hommes de coeur qui existent et l'un dans ce monde avec qui bientôt je laisserai tomber toutes mes défenses parce qu'il me comprendra et saura accepter mon passé, en somme m'accepter suffisamment.
P
Phelenix
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 07.08.2018 15:25
7 août 2018 - Colère d'affirmation

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"Tu verras avec le temps ça ira mieux" ou "Tais-toi et pense à autre chose"


Non, non avec le temps ça n'ira pas mieux si les choses ne sont pas exprimées clairement.
25 ans presque pour l'affirmer. Que non non quand un type vous passe dessus à 7 ans non non ça n'ira pas mieux à penser à autre chose 'comme les jolies choses de la vie'

Parce que si je conçois que "pense à autre chose ça va passer" ça puisse oui marcher pour un bobo au genou, dans le cas d'un type adulte qui vous passe dessus fillette de 7 ans, on ne joue pas quand même au même niveau d'atteinte d'intégrité physique et psychologique.

Donc non non ça ira pas mieux après 25 ans si je dis pas que le monsieur il m'a violée à 7 ans. Et penser à de jolies choses et avoir une jolie carrière et une jolie robe fourreau et de jolis mets dans mon réfrigérateur et un joli chat et des jolis amis et un joli compagnon qui gagne joliment sa vie ben ça n'a jamais réussi à joliment me réparer. Hélas j'ai dû laidement envoyer tout cela paître quand la douleur du pourrissement de l'affaire qui m'a opposée il y a presque 25 ans à un adulte de deux fois ma taille m'est devenue absolument affreusement simplement insupportable au quotidien ne me permettant dans les jours les plus extrêmes même de respirer ou garder mes repas à certaines heures et tout cela alors sans 'apparente raison.'

"Non non tout va bien", la pensée magique des petits enfants justement ça ne devrait plus exister dans la bouche d'adultes matures conscients des réalités de ce monde et certainement pas dans le cas de personnes abusées qu'on essaie de rassurer fort maladroitement dans les cas les meilleurs, absolument criminellement dans les cas d'ignorance et de manque d'écoute les plus absolus.

Et "non non tu verras ça va aller avec le temps" ne marche pas non plus avec les cas d'hommes abusifs (et je pourrais dire femmes aussi car il y a des femmes abusives, moindre en nombre mais bien réelles en existence, ma génitrice ne fera pas démentir les statistiques)
"Non non tu verras ça va aller avec le temps" ne guérit pas non plus d'un homme qui vous insulte de p*te et de s*lope environ 300 fois en l'espace de 4 mois, il ne pourra pas plaider l'accident SINGULIER, l'erreur accidentelle avec 300 fois, ça fait un peu répété comme erreur donc un peu volontaire. Et ça ne marche pas non plus le 'tu verras ça passera avec le temps' quand à chaque rencontre avec le dit individu vous en ressortez étrangement couverte d'ecchymoses sur tout le corps et même de saignements à l'entrejambe. Et qu'en plus vous vous prenez que 'vous avez dit oui à ça'

Qui franchement dans cette société qui aurait un minimum de respect pour lui parce qu'il aurait appris à se respecter d'abord aurait envie de sortir couvert d'ecchymoses et de sang sans compter les bleus à l'âme après ce qui en bon langage français devrait relever de 'faire l'amour' avec le mot 'amour' contenu dans l'expression?

Couvrir d'ecchymoses, faire saigner et insulter répétitivement, ce n'est pas une sexualité, c'est de la violence sexuelle et verbale et répétée. Ni plus ni moins.

Quel homme pourrait encore se regarder dans le miroir le matin en sachant qu'à chaque fois qu'il voit sa compagne elle en ressort ainsi le corps couvert d'ecchymoses et de sang? Si j'étais cet homme je pense que je me poserais de graves et sérieuses questions quant à l'état de mon fonctionnement psychologique et que je n'attendrais pas aussi pour prendre me concernant les mesures qui s'imposent pour protéger les autres de moi. Si j'étais l'ami d'une amie qui subit ça, je pense que je l'alerterais sans plus tarder sur la gravité des faits quitte à me disputer mais pour m'assurer que les choses sont dites. Si j'étais la mère d'une fille qui subit ça, pareil je ne pourrais laisser passer cette violence et me sentirais dans mon devoir de protéger mon enfant et simplement un autre être humain. Sexualité ne rime pas avec violence mais avec tendresse et respect, écoute et patience.
P
Phelenix
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 08.08.2018 03:43
8 août 2018 - J'aurais voulu pouvoir lui dire merci

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Et puis tu tombes amoureuse.

C'est pas que tu le veuilles, c'est pas une volonté, c'est une évidence.

Dans ce lieu particulier. Tu le regardes évoluer, tu le ressens, il te touche, tu sais que tu l'aimes. Tu l'aimes pas pour l'avoir, tu n'y penses même pas, tu le réalises heureuse plus tard, tu comprends que c'est ça aimer. Tu es juste heureuse qu'il existe. Qu'il soit là. De le voir évoluer là devant tes yeux, tes yeux le regardent sans le voir par moment car c'est ton coeur qui le ressent, sa présence, alors tu comprends que tu es tombée amoureuse de lui. Tu comprends que cet homme te touche au plus profond de ton être et tu es juste heureuse qu'il existe pour lui. Tu ne penses même plus à toi, tu penses à lui, qu'il est humainement beau, qu'il te touche, qu'il te transporte.

Et l'amour se fait douleur, ta respiration se fait courte, tu peines à tenir debout, tu te sens t'effondrer sur le sol à genoux. Tes yeux ne parviennent plus à cacher les larmes qui montent. Tu suffoques. Soudain le moment de grâce se transforme en cauchemar. Tu comprends désormais très bien ce qu'il se passe. Des visions d'horreurs du passé soudain s'offrent à ta vue et la vision du présent faiblit, tes yeux ne voient plus le présent ils voient le passé. Tu as beau lutter, tu sais que tu ne peux pas réprimer ça, c'est une lame de fond qui te submerge. Tu voudrais être plus forte, tu te rassures que tu l'es déjà plus, tu résistes mieux, tu le sais avec l'expérience.

L'agonie monte soudain qui te suffoque, te submerge, t'envahit, te noie de l'intérieur et tu sens que tes yeux se consument comme brûlés par une lumière aveuglante. Vite tu caches ton regard sous des lunettes noires. Et soudain ce sont alors tes jambes qui se dérobent sous toi, tu as besoin alors de tomber sur le sol dur, à genoux pour vite cacher la faiblesse. Alors tu tombes à genoux là à prier que tout ça finisse vite. Tu te souhaites non pas qu'un jour ces lames de fond cessent car tu sais que ça va venir, tu te souhaites que ça vienne vite. Rapidement.

Les genoux ancrés durement sur le sol de pierre dur, tu lèves les yeux vers le ciel, tes yeux couverts par un voile sombre et tu pleures comme tu sais le faire sans un son, sans un mouvement, sans qu'une seule larme apparente ne coule. Tu as l'art de la censure et de la dissimulation. Tu comprends que ce n'est pas possible entre vous, tu comprends que tu te donneras encore une fois ce soir, tu pleures de ne pouvoir te donner entièrement et tu décides que tu partiras sans te retourner. Tu es encore beaucoup trop souffrante. Tu voudrais donner, tu voudrais être là, tu voudrais tout offrir, tu ne peux juste pas. Et tu aimes. Tu espères que lui ne t'aime pas autant. Tu te convaincs que non, tu ne prends pas la peine de demander car tu veux te dire que non. Tout en pleurant qu'un autre scénario où tu aurais été libre de ton passé vous aurait permis de vous aimer un peu plus fort, un peu mieux, tu aurais pu au moins lui dire justement que tu l'aimais et combien là peut-être blottie contre lui. Et puis surtout lui dire merci. Merci pour tout et les quelques erreurs tu t'en accommoderas. Vous raccommoderez au fil et à l'aiguille.

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