En octobre 2023, après #MeToo et #MeTooInceste (2021), nous avons à nouveau interrogé les Français sur l’inceste (4e sondage)
En 2009, selon notre sondage téléphonique Ipsos, 2 millions de Français déclaraient être victime d’inceste. En 2015, nous renouvelions le même sondage par internet avec Harris Interactive. 4 millions de Français révélaient avoir subi l’inceste. Nous savions que ce chiffre était encore sous-estimé. En décembre 2020, notre sondage IPSOS nous apprenait que 10% de Français étaient victimes d’inceste, soit l’équivalent de 3 enfants par classe.
En octobre 2023, après #MeToo et #MeTooInceste (2021), nous avons à nouveau interrogé les Français sur l’inceste.
Pour ce quatrième sondage, nous avons employé la même méthodologie qu’en 2020 à savoir un sondage internet, administré par IPSOS, facilitant l’expression des personnes interrogées. Dans un premier temps, nous cherchons à savoir combien de Français connaissent une victime de l’inceste. Puis nous interrogeons sur le lien qu’elles ont avec ces victimes.
11 % de Français victimes d’inceste dont 1/3 d’hommes et 2/3 de femmes
En 2023, 11 % de Français ont déjà été victimes de situations incestueuses, soit 7,4 millions de personnes. 65 % des victimes sont des femmes et 35 % sont des hommes. En 2020, 10 % des Français déclarent avoir été victimes d’inceste, soit 6,7 millions de personnes dont 78 % de femmes et 22 % d’hommes. Comme nous pouvons le constater la part des Français victimes a augmenté et répartition la entre hommes et femmes victimes a également évolué laissant penser que les hommes révèlent désormais plus l’inceste.
Qui sont les auteurs d’inceste ? 77 % d’hommes et 16 % de femmes
Outre les ascendants et les ascendantes, les frères, les sœurs, les cousins et les cousines représentent 42 % des auteurs d’inceste. La part des femmes, à l’origine des agissements est également conséquente, dont la mère (6 %), la sœur (5 %) et la tante (5 %). Ces données corroborent notre enquête « Parent complice, parent protecteur » et soulignent la nécessité d’intervenir au plus tôt lorsque l’inceste sévit dans la fratrie et/ou entre mineurs. Ces violences sexuelles commises précocement au sein des familles constituent un autre enjeu de santé publique, dans la mesure où la prise en charge précoce de ces jeunes auteurs de violences sexuelles permet d’éviter la répétition de tels actes.
L’inceste, un secret partagé et une parole toujours minimisée
Pour 76 % des victimes l’inceste était connu par un ou plusieurs membres de la famille. Lorsque l’on parle de l’inceste, c’est très majoritairement et presque toujours « en famille » : moins d’1 personne sur 3 déclare que des autorités judiciaires, éducatives ou médicales en ont été informées. Dans près de 3 cas sur 5, la parole de la victime a été minimisée : son témoignage a été remis en doute ou on lui a conseillé de garder le silence. C’est encore plus le cas lorsque les victimes ont subi un ou des viols.
Des victimes peu ou pas protégées
Moins d’une personne sur 2 déclare que la victime a été éloignée (49 %), protégée (45 %) ou aidée afin de porter plainte (37 %) une fois ces situations révélées. Et le dépôt de plainte n’a lieu que dans 3 cas sur 10.
Quelle attitude pour protéger les victimes ? Le réflexe d’alerter immédiatement les services de police et de protection de l’enfance n’est pas encore majoritaire
Près de 3 Français sur 5 déclarent qu’ils sauraient comment réagir si un mineur leur confiait être victime d’inceste mais seulement 1 personne sur 7 estime « tout à fait » savoir ce qu’il faut faire. Si les Français devaient prévenir quelqu’un de la situation incestueuse, de serait d’abord la police ou la justice (41 %) mais près d’1 Français sur 3 irait d’abord voir la famille ou l’entourage de la victime (32 %). Mais mis en situation, si la première réaction des Français était le plus souvent de prévenir les services de police et de protection de l’enfance (43 %), près d’1 sur 3 en parlerait d’abord à la famille (31 %) et plus d’1 sur 4 temporiserait ou ne ferait rien (26 %).
Des Français favorables à la protection de l’enfant dès la révélation des faits
Une large majorité de Français se déclare favorable à la mise en place de mesures préventives dès la révélation des faits d’inceste : l’éloignement immédiat de l’enfant de l’agresseur mais aussi l’obtention de la garde exclusive pour le 2ème parent dès les révélations de l’enfant.Pour 7 Français sur 10, il faudrait prononcer des mesures d’éloignement de l’enfant dès la dénonciation des faits.
Protéger l’enfant dès que possible : une nécessité pour les Français !
Pour lutter contre l’inceste et protéger les enfants, Face à l’inceste a lancé « Derrière la porte ». Une campagne de communication (presse, web, télévision, influence), qui montre la violence de la situation vécue par une petite fille victime d’inceste, et la souffrance de sa mère obligée de continuer à la confier à son bourreau. L’objectif du dispositif est d’inviter les Français à signer une pétition pour changer la loi et protéger les enfants.