Echanges avec les non survivants

faut il cacher l’inceste au reste de la famille ?

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Hoa
Inscrit il y a 8 ans / Débutant / Membre
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Bonjour,
Premier post pour moi après de longues années d'hésitation.

Je voudrais savoir ce que vous pensiez du fait de parler ou non de l'inceste dans l’entourage proche ?

Pour ma part je pense que le fait de dire à la famille ce qu’il s’est passé, est libérateur car soulage d’un poids. Cela permet aussi à l’entourage de comprendre les changements de comportement qu’on a pu avoir et ne plus avoir honte de son passé et l’assumer pleinement.

Ma mère me contraint à cacher à tout le monde ce qu’il s’est passé dans ma famille. Elle pense que ça permet d’avancer de ne pas dire. Or ne pas dire (à l’entourage proche) ça me fait du mal je me sens incomprise et honteuse. La personne responsable de cette situation quand à elle n’a aucune honte lors des repas de famille.

Quel est votre point de vue ?
50 messages
H
Hoa
Inscrit il y a 8 ans / Débutant / Membre
Publié le 10.05.2018 20:00
Je vais regarder ce film alors.

Le tout c’est à le faire en finesse au bon momént et avec de l’assurance donc.

Aujourd’hui je pense être trop fragile pour le faire de cette manière. Je suis assez jeune et j’ai pas vraiment de quoi être prise au sérieux.

Plus tard je serais peut être apte.
H
Hoa
Inscrit il y a 8 ans / Débutant / Membre
Publié le 10.05.2018 20:11
Et bien j’ai aussi fais des passages en cliniques sauf qu’on m’a poussé à porter plainte. Sans me dire qu’à cause de cela j’allais être placée et bani de ma maison. J’étais pas prête pour ça.

Je regrette car le procès ne m’a pas vraiment libérée, la preuve j’ai besoin de faire exploser cette fausse image de famille parfaite qui me fait tellement de mal.

Quand on parle de moi on dit : elle a eu une période difficile à 17ans. Personne ne demande pourquoi c’est drôle que les gens ne se fasse pas de soucis quand on leur dit ça d’une adolescente.
C’est marrant de dire ça quand tu sais que pourtant à la même période des peines correctionnelles sont tombés sur ces mêmes personnes qui ose dire qu’ils ne sont pas impliqués.

T’inquiètes pas l’image de la famille parfaite qui a réussie et qui n’a jamais fait d’erreur, je dois également la supporter .
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 10.05.2018 20:18
Je t'envoie plein de courage et de force pour faire tomber cette façade.

Et oui, c'est drôle qu'à 17 ans ils ne se soient pas inquiétés. Dans mon cas ce fut la même chose et à l'époque la 'crise d'adolescence' a eu bon dos, elle a pris en charge l'inceste et l'interdiction de quitter le milieu familial.

Et puis ma ''crise d'ado'', j'aimerais le dire à mes parents avec colère ce soir: ça fait quand même long 13 années de crise d'ado, non? ^^
H
Hoa
Inscrit il y a 8 ans / Débutant / Membre
Publié le 10.05.2018 20:25
Oh oui ... la crise d adolescence a bon dos ! Elle fait petit délir anorexique pour ressembler aux mannequins pensait mon médecin. Non j’ai juste pas faim, parce que je souffre, que je mange la nuit ça m’occupait pour rester éveiller et éviter l’agression.

Merci et bon courage à toi aussi pour supporter ta famille.
M
Morefil
Inscrit il y a 6 ans / Actif / Membre
Publié le 10.05.2018 22:05
Bon Dieu Phelenix, j'ai visionné 10 fois ce condensé de "Festen".
C'est ma vie, et celle de mon frère, décédé il y a 2 ans.
Merci.
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 10.05.2018 23:19
Je t'ai lu. Alors, que les idées et les révélations circulent!
D
dattée
Inscrit il y a 5 ans / Nouveau / Membre
Publié le 14.05.2018 12:56
Bonjour Hoa,

Pour ma part, le jour où j'ai dit aux yeux de tous, par un "concours de circonstances" (#balancetonporc) que j'ai été victime d'agressions sexuelles (par mon père), cela m'a libérée. Vraiment. Ca m'a libérée parce que contre toute attente, j'ai reçu beaucoup de soutiens, notamment sur ma page professionnelle (facebook, je suis sophrologue). Et paradoxalement, aucun soutien de ma propre famille. Et c'est là que j'ai compris. J'ai compris, depuis les quelques années où j'avais révélé à ma famille que mon père avait abusé sexuellement de moi quand j'étais enfant, (j'ai fait l'objet d'amnésie traumatique) que tout le monde préférait ne pas réagir. Et j'ai compris que je m'étais "faite avoir" à leur propre déni. Le jour où je me suis exposée, c'est là que j'ai ressenti pour la première fois ne plus être une victime. Et ne plus être seule.
C'est aussi à ce moment que je me suis sentie portée. J'ai dit stop à ma famille originelle, car en fait, elle me pourrit. J'ai dit stop pour protéger mon propre foyer (mon mari et mes deux enfants) et moi-même. J'avais déjà définitivement coupé les ponts avec mon père, cette fois-là j'ai coupé avec ma mère et dis aurevoir à mon frère et ma soeur (je suis l'ainée). Et ce que jamais je n'aurais imaginé, c'est de me rendre compte à quel point je suis libre aujourd'hui.Sans eux. Allégée.
Deuxième point positif: aujourd'hui, je m'engage en faveur des survivants d'inceste en tant que professionnelle par le biais de la sophrologie dynamique. Je n'ai jamais été autant soutenue que dans cette démarche, en tant que survivante moi même et professionnelle. Une fois de plus, aucune réaction de ma famille originelle mais l'exposition ayant été plus large et relayée, cette fois ma famille élargie en a eu connaissance. C'est cette famille élargie qui me soutient aujourd'hui. Aujourd'hui peu importe pour moi ce que ma famille originelle peut faire et penser, ca ne m'appartient plus et donc ca ne me touche plus. Je suis crue, comprise et entendue par d'autres, c'est selon moi ce qui fait que j'ai cessé d'être une victime et qu'aujourd'hui je peux aider d'autres personnes qui ont traversé le même enfer que moi. Parler, dénoncer, il faut le faire pour cesser de nourrir cet engrenage pervers que les différents agresseurs et complices ont instauré. Parce qu'en fin de compte, ils n'attendent que ca qu'on se taise et qu'on reste dans notre position de victime, de rejet et de déni.
Voilà mon point de vue Hoa.
Je t'envoie plein de force et de courage et au plaisir d'échanger avec toi,
Fanny
N
nemosansnom
Inscrit il y a 6 ans / Nouveau / Membre
Publié le 14.05.2018 14:06
Bonjour,

Concernant les films sur le sujet, il y a aussi « elle ne pleure,pas, elle chante » et dans une certaine mesure « mère-fille mode d’emploi ».

Je suis conjointe de victime alors je parlerai en tant que tel.

Dans l’idéal, tout dire à toute la famille permet de « donner un grand coup de pied dans la fourmilière », de remettre chacun à sa place : bourreaux, complices et surtout la victime. C’est aussi important si le bourreau est toujours en vie : cela peut servir de mise en garde pour les autres enfants de la famille par exemple, s’il y a un danger qui subsiste. Le dire c’est aussi se débarrasser d’un fardeau.

Le problème c’est que c’est caché pour maintenir la cohésion familiale. La famille peut se retourner contre la victime, l’exclure car c’est elle qui « brise la cohésion familiale ». Je ne veux pas dire pour autant qu’aucun soutien n’est possible, mais ce scénario est malheureusement aussi un scénario possible. Il faut donc y être préparé.

Ma petite-amie commence à y songer, je me,rends bien compte dans ce qu’elle peut me dire que c’est quelque chose de compliqué que de le dire, surtout après tant de temps passé sous silence.
P
Phelenix
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 14.05.2018 20:13
J'avais une trouille bleue d'écrire la lettre à ma tante il y a quelques mois où je lui disais pour l'inceste de ma mère (sa soeur qu'elle n'avait pas vue depuis plus de 15 ans) et puis le double viol que j'ai subi enfant.

Je me vois encore écrire 4 pages puis me dire que non c'est trop de détails. Je mettais tous les détails en espérant faire comprendre à ma tante la réalité des chose parce que je me disais 'si je lui donne pas les détails elle me comprendra pas. Alors que si elle a les détails elle concevra la situation et se dira que tout est logique. Tout se tient.' Et puis relire et me dire que c'est tellement choquant alors m'en tenir à du plus concis en une page.

Comment dire à ma tante que je n'avais pas vraiment vu en 15 ans que j'avais été abusée par sa soeur et aussi par deux adultes du temps où elle était encore ma tante que je voyais tous les samedis. En somme aussi un peu sous sa protection d'adulte. J'avais si peur et si mal et tellement besoin de lui dire. Je l'ai fait, je n'ai pas regretté. Pareil quand je lui ai demandé si elle se souvenait de l'âge de ma dépression infantile. Elle a été si simple dans sa réponse pour ce dernier point. La trivialité de ce '1999', entre 1 an et demi et 2 ans' m'a juste apaisée et fait comprendre que les abus je les porte seule pour l'essentiel mais que je peux grappiller ici et là des mains tendues.

L'abus je le porte seul car les abus ils ont eu tous lieu quand j'étais seule avec le bourreau. Les maltraitances je les porte encore fortement seule car elles ont eu lieu devant mon père mais qui lors de notre dernier échange il y a plusieurs mois ne les comprenait pas comme 'maltraitance.'

Je ne les ai pas portées entièrement seule cependant. Il y a 5 ans environ j'ai revu ma grand-mère qui m'a dit 'oui ta mère était dure avec toi, plusieurs fois ton grand-père lui a dit d'arrêter de te frapper.' Et je bénis ma grand-mère pour son soutien. Parce que ça et le soutien de ma tante, c'est grosso modo le seul peu de soutien que j'ai reçu de ma famille et parfois quelques mots de mon père contre ma mère 'fiche lui la paix' qu'il lui disait quand elle me maltraitait (on appelait ça 'embêtait' dans le foyer en vase clos comme dans ce vase clos, l'inceste est 'un jeu' et la maltraitance 'une punition' Comme le disait l'hypno, les règles du foyer violent incestueux se substituent aux règles de la société, qu'il a bien parlé ce jour-là. Tout à fait. Et je pense que dans vos foyers il devait y avoir beaucoup d'exemples de ces substitutions de règles, non?)
H
Hoa
Inscrit il y a 8 ans / Débutant / Membre
Publié le 16.05.2018 10:18
Bizarrement depuis que le #balancetonporc est sortir je rêve parfois la nuit de le poster sur mon Facebook. Cependant j’ai beaucoup trop honte d’avoir subit des choses pareilles que je ne le fais pas. D’autant plus que d’un point de vue juridique ce # permet une forme de justice privée violente sur l’an place publique. Et puis bizarrement depuis que le # existe, toute ma famille et mes amis trouve que cette pratique est inacceptable. Pour eux les gens qui font ça sont coupable de régler leur problème d’une maniere honteuse, et sont limites plus coupable que les agresseurs.

Ton témoignage me fait beaucoup réfléchir, je t’envie énormément d’avoir réussit à dire stop à ta famille. Seulement tu avais déjà construit une famille à toi, hors je suis plutôt très jeune et je n’ai rien construit encore et si je le fais maintenant en tout cas, je risque de m’en retrouver isolée.

Cette nuit j’ai rêvé que je faisais une révélation à Noël, et que tout le monde me tournait le dos. Je pense que ces rêves c’est un peu mon inconscient qui prépare le jour où ça arrivera vraiment.

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